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22/12/2011

A la recherche des « sans passé »


Un homme sans passé à la dérive sur les flots de la mer du nord, un pianiste virtuose en smoking sur une plage anglaise, un travesti qui passe et repasse à bicyclette dans un petit village…
Bohèmes en errance dans un film d’Ari Kaurismäki ? Ou fantômes surprenants mais bien réels qui traversent nos sociétés ordonnées ? Ces drôles ont bel et bien été vus, par les yeux médusés de quelques policiers, journalistes et autres badauds. Vus, photographiés, interrogés, commentés, surnommés (« l’homme au radeau », « pianoman »…).
Qu’ils sortent de l’ombre, ces sans passé, ces sans papiers, et courons après eux. Courons après les hurluberlus, les traverseurs de désert, les mythomanes et les yétis. Des cosmonautes en perdition dans la voie lactée, des barons perchés, des hommes des forêts, des voyageurs sans bagage, doivent bien exister quelque part, en dehors des écrans ou des livres. Courons après eux et rions avec eux, ces fous qui ne nous font que sourire, ils doivent en avoir de belles à nous raconter. Ils nous décriraient bien des fantaisies et de belles illuminations.
Car, dans les régions arides d’Abyssinie, en d’autres temps, certains avaient déjà perdu leur passé …
A la recherche des sans passé, on peut courir encore et encore, car ils auront toujours une longueur d’avance.

 

Copyright Benoît Pinaud


14/12/2011

Carnage

L'adaptation de Yasmina Reza est un petit bonheur, même si cette pièce ne relève pas du chef-d'oeuvre.

Roman Polanski enferme tout le monde dans 30 mètres carrés et c'est parti mon kiki ! Le plaisir naît du traitement des acteurs sur un pied d'égalité : Jodie Foster laisse ses trois comparses donner la pleine mesure de leur talent.

L'énergie croissante des personnages, qui semblent se brancher ponctuellement sur le secteur avant de retomber dans l'abattement le plus complet, comme des hamsters Duracell, titille les zygomatiques. Jusqu'au générique de fin. Plus malicieux qu'il n'y paraît.

Roman ne serait-il pas un grand cinéaste optimiste?

 

10/12/2011

Coupé au montage

J'ai toujours rêvé d'un film qui serait basé sur le regard d'une tondeuse à gazon qui coupe la pelouse. Une sorte de road-movie rase-moquette où l'on verrait les tubes de pissenlits voler dans les airs, la trombine appeurée des mouches, les sauterelles qui se planquent sous les feuilles et les mottes de de terre qui dissipent sous les tirs comme à Waterloo.

Une façon de vide sidéral de la création cinématographique. Sans la 3D ! je ne veux pas que la paille ressemble à des troncs d'arbres !

La poussière d'herbe encrasse le cadre. Le rythme devient mélancolique, interrompu seulement par une panne d'essence. On fait une pause.

Enfin on entend les glouglous du réservoir. La balade reprend. La caméra posée sur l'épaule du moteur.

Je suis l'Orson Welles de la tonte de pelouse, le Kusturica des taupinières. Un petit bonhomme qui marche dans la forêt vierge des fourmis, au milieu des mirabelles tombées de l'arbre; des bouts de bois qui se désintègrent en plein vent.

Avec cette impression lancinante qu'à chaque instant une planète peut s'écraser dans le cadre. C'est Mélancholia au ras des pâquerettes. L'odeur des graminées ennivre les spectatrices et les pistils chatouillent le nez du spectateur.  

Tondre la pelouse, c'est un peu la cérémonie du thé.

 

 

28/04/2011

Rosetta

 

Une jeune femme court. Une jeune femme a un entretien d'embauche. Une jeune femme vit dans un camping. Une jeune femme a des bottes crottées. Une jeune femme n'a rien sur son cv. Une jeune femme cherche du travail. C'est bourré de fautes d'orthographe. Y a de la détermination dans le regard. Pas de larmes. Une jeune femme est en guerre. Elle est un personnage de fiction. Elle n'est plus un  personnage de fiction. Une métaphore. Un être de chair et c'est la guerre.

La misère c'est la guerre. Pas de pitié à avoir. Y 'a des mains à mordre. Elle n'est pas belle. Elle est remontée comme une pendule. Elle sortira de la rivière. Elle est en guerre contre le reste de l'humanité. Pas de pitié. On peut mentir. On peut tricher. Tous les coups sont permis. Elle vit dans une caravane. Un terrain vague. C'est du cinéma. Ce n'est plus du cinéma. Un emploi à trouver. Il faut sortir de la misère. Elle s'écorche les jambes. Elle fait partie du spectateur. On ne l'oubliera pas. On peut lui mettre une tarte à Rosetta, ça ne sert à rien. Dégueulasses ses bottes. Elle nous a remué les tripes. Et on n'est pas prêt de l'oublier. Une guerre.

Rosetta, c'est l'hiver 54 à elle toute seule.

On sait qu'elle s'en sortira. Elle fracasse le cinéma contre le mur du réel. On ne brise pas une telle volonté comme une fenêtre de camping car.

03/01/2011

Des Hommes et des Dieux

C'est plus cher que la messe.