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06/01/2019

Meilleurs voeux

 

 


 

 

L’année 2018 s’achève, dans une aspiration comme jamais à l’égalité sociale. Et je vous présente par avance mes excuses de céder aux sirènes de la chose publique, en y allant de mon coup de feu dans les pétarades du Nouvel an.

« La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n’est pas possible de refuser son attention.

Nous allons parler de fort vilaines choses, et que, pour plus d’une raison, nous voudrions taire ; mais nous sommes forcés d’en venir à des événements qui sont de notre domaine, puisqu’ils ont pour théâtre le cœur des personnages.

— Mais, grand Dieu ! comment est mort ce grand prince ? dit la duchesse à Bruno.

— Il était à la chasse des oiseaux de passage, dans les marais, le long du Pô, à deux lieues de Sacca. Il est tombé dans un trou caché par une touffe d’herbe ... »

Stendhal in La Chartreuse de Parme

Mon année 2018 a été mon Waterloo, j’ai été au feu toutes l’année, n’ai vu voler que des mottes de terre et des chevaux qui se débattaient dans leurs propres entrailles.L’année 2018 m’a exténué, j’ai vu le feu, j’ai vu le feu ! pourrais-je jeter avec enthousiasme, le visage plein de boue et le cœur en lambeaux. Et comme une lame de fond n’arrive jamais seule, il y eut aussi ce fils ubuesque de l’époque, ce Président, dont le cynisme balaie tes espoirs quand tu te lèves, et dont la première année fut comme une interminable éternité. 

« PERE UBU : - Je viens donc de te dire, t'ordonner et te signifier que tu aies à produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras massacré. 

Allons, messeigneurs les salopins de finance, voiturez ici le voiturin à phynances. (On apporte le voiturin.) 

STANISLAS : - Sire, nous ne sommes inscrits sur le registre que pour cent cinquante-deux rixdales que nous avons déjà payées, il y aura tantôt six semaines à la Saint-Mathieu.

PERE UBU : - C'est fort possible, mais j'ai changé le gouvernement et j'ai fait mettre dans le journal qu'on paierait deux fois tous les impôts et trois fois ceux qui pourront être désignés ultérieurement. Avec ce système, j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai. »

Mais le vent se lève, parfois brun, assurément. Mais cela fait chaud au cœur.

Et puis il y a des enfants qui font de la philosophie au petit matin. Des enfants pour qui le monde n’est pas celui que nous leur laissons. 

Des cendres qui se réveillent. 

Des voyages dans l’intimité dont la douceur nous bercent. Tu acceptes ce moi dégueulasse parce qu’il s’offre enfin aux autres. 

Des malades qui conservent une folle autonomie.

Il y a cette fille qui danse et cet enfant qui lit.

Des sourires qui a eux-seuls égaient ta journée, des conseils inopinés qui te sauvent. 

 

« Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets. 

 

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit :

C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit, »

Gérard de Nerval

Je fus aussi ému cette année par cet écrivain qui refuse d’accepter la laideur du monde, même quand des murs délabrés de Naples menacent de s’effondrer sur lui. Le bruit de la mer, le ressac, tout donne à la baie ce charme vénéneux qui fait que Roberto Saviano ne renoncera jamais à se battre. Il y eut aussi ces appels fous, mais qui exigent un engagement complet, que je rejoindrai un jour, à prendre ma part de la misère du monde. À accueillir ces enfants qui s’échouent sur nos plages. 

C’est un dur métier que de vivre, alors remettons-nous vite à l’ouvrage en 2019. Meilleurs vœux les amis.