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01/04/2018

Théorie du Complot, l'affaire du collier de Pouchkine

Et si Alexandre Pouchkine n'était pas vraiment mort en duel ?

Pouchkine a mis en scène sa propre mort, après quoi il est allé à Paris, pour devenir le célèbre Alexandre Dumas. Cela semble absurde, mais les auteurs de cette incroyable hypothèse, inédite en France, conduisent des arguments assez convaincants. Pouchkine et Dumas ont presque le même âge: le premier est né en 1799, le second en 1802. Alexander et Alexandre sont très semblables en apparence et intérieurement.

Ces deux écrivains ont des racines africaines. Indigène de la monarchie russe à sa manière, Pouchkine a un arrière grand père noir. Ex-esclave, il devient un proche du Tsar Pierre le Grand, il s'appelle Gannibal.

 

                       La petite fille de Pouchkine                       (@ Fenoweb)

 

Dumas est l’auteur de Voyages en Russie si dépaysants qu’on ne les imagine guère écrits que par un autochtone et la blessure de Pouchkine à l’issue du duel n'est pas grave, aussi guérirait-il facilement. Les dernières années de la vie d’Alexander sont liées à d'énormes dettes, une disparition opportune le soulagerait, de là à ce qu’il mette en scène son propre décès, il y a un pas qu’en tant qu’exégète, je franchis bravement.

Après sa mort le Tsar Nicolas Ier lui pardonne tout. Pouchkine ne supporterait pas de voir sa gloire littéraire sacrifiée sur l’autel des intérêts d’argent. Les observateurs russes voient dans les styles respectifs des deux écrivains des similitudes frappantes. Ont-ils raison ? Est-ce possible qu’Alexander Pouchkine soit Alexandre Dumas ?

Une incroyable série de coïncidences, une théorie nationaliste fumeuse au service de l’expansionnisme de Poutine, ou encore l’incroyable talent d’un seul écrivain mis au service de deux nations ? Je vous laisse trancher, amie lectrice et amusant lecteur.

03/02/2014

Rouge Pimpon

 

Else n’avait jamais  eu l’esprit pratique et son étourderie marqua profondément ses camarades de classe, quand, à sa demande, ils cherchèrent partout les lunettes qui reposaient tranquillement  sur son nez. Un archipel. Ses boucles blondes tombaient en papillotes sur son visage poupin. Elle pouvait rester des heures le nez collé à la vitre dans l’automne délavé par la Baltique. Joues rondes de trompettiste et  grands yeux rêveurs. Elle était  devenue une mère de famille magnifique.

Sa vie bascula le jour où elle poussa la porte du grand magasin norvégien Elvestedt. La spécialité de la Norvège était le design d’intérieur, et seule une Norvégienne sur quatre n’était pas décoratrice. Else, qui n’avait jamais été intéressée par les objets, s’était persuadée que visiter Elvestedt était comme une obligation culturelle. Le musée du Louvre. Jan avait refusé  de l’y mener, mais les bus affrétés par l’enseigne passaient chaque jour devant la maison. Elle prit son fils de trois ans sous le bras et monta.  

Les Fribyter, famille à laquelle elle était fière d’appartenir, avaient toujours refusé les tentations du monde : le grand-père vivait désormais reclus sur une île caillouteuse. Else passait ses journées plongée dans des livres. Dans sa tête, Jean Valjean se promenait main dans la main avec d’Artagnan, Raskolnikov dormait sous des ponts avec Esmeralda. Son esprit virevoltait comme une lanterne magique.

Else ne voulait pas mourir idiote. Même la Reine de Norvège s’intéressait aux cuisines en plaqué bouleau Elvestedt,  ne manquant pas une occasion de citer l’enseigne dans les interviews où elle traitait de sujets graves, le terrorisme, la marche du monde, le Prix Nobel de Chimie, le rayonnement de la Norvège. 

Descente de lit enfant au motif forestier. Prix promotionnel de huit euros.

Le bus était tout rouge aux couleurs du magasin, car la créatrice d’Elvestedt portait une robe vermeille le jour où  elle ouvrit son premier entrepôt de petite maroquinerie. Imaginez une jeune fille de seize ans qui vend des sacs et des portefeuilles, et qui ne sait pas encore qu’elle va révolutionner le monde. Dans le bus, pour que les clients ne s’impatientent pas, des spots publicitaires passaient en boucle pour éclairer leur choix. Ils arrivèrent enfin au milieu de nulle part sur un parking immense, devant un extraordinaire hangar rouge pimpon. Son fils ne savait pas où donner de la tête. Des clients, pour la plupart retraités, patientaient devant l’immense porte en acier trempée du magasin. Il n’était pas tout-à-fait neuf heures. «  Jamais je n’ai vu pareille entrée. » lança-t-elle à Swen. Des airs de coffre-fort. Les clients trépignaient, s’élançant puis reculant brusquement, acceptant aimablement les consignes des vigiles. Les battants s’écartèrent comme un rideau de théâtre. Les clients possesseurs de la carte « les amis d’Elvestedt » s’engouffrèrent dans le magasin. Else était une visiteuse lambda.

Chers clients, chers amis, prenez un petit déjeuner pour faire vos achats les idées claires et le ventre plein. Notre restaurant norvégien  vous propose jusqu’à dix heures un brunch complet au prix de 1 euro.

Sitôt dit, sitôt fait. Swen, des cookies plein la bouche, marmonnait des propos inintelligibles, tandis qu’Else feuilletait le magazine officiel Elvestedt. Les tasses étaient rouge pimpon, le thé était rouge pimpon, les cuillères étaient rouge pimpon, l’emballage du sucre était tout rouge pimpon. Déjà 10 heures du matin. Son acuité visuelle était altérée avec les néons artificiels. Else avait du mal à lire. « Allons faire des achats » s’écria-t-elle gaiement.

La table Goran trépied 49,90 euros. Idéal pour les soirées poker. Complétez-la par le coffret Texas Holdem, jetons en bois, et cartes dessinées par Ingvar Donsen, 15 euros 99.

Notre espace de restauration est ouvert. Boulettes de rennes à 8 euros. Menu exceptionnel, crevettes de la Baltique, sur réservation, le jeudi soir. Tourte de boulettes de pain nordique.

Elle commença par l’espace enfant. Swen ne voulait plus le quitter. Au milieu des jouets en bois, son fils ressemblait à un troll hirsute. La fatigue pointait. La visite fléchée débutait à peine. Elle lui acheta un renne à bascule, qu’elle déposa dans son caddie.  Bjork en fond sonore. Les cds étaient en vente à l’entrée. Else qui était nouvelle suivait consciencieusement les flèches et avait collé une étiquette Swen Frebyter sur le pull de son fils pour ne pas le perdre, sur les conseils de l’hôtesse d’accueil. Swen se roulait par terre et la déambulation ne faisait que commencer. Elle décida de le laisser à la nurserie où les enfants s’occupaient à monter des armoires. Les sociétés scandinaves et la place de choix qu’elles laissent aux plus petits donnaient à Else un sentiment de fierté. Elle ne voyait dans cette halte-garderie d’Elvestedt que le relais des préoccupations sociales de la Norvège. La progéniture hilare poussait des caddies et vissait des portes.

Prenez du temps pour vous. Vos enfants sont entre de bonnes mains à la nurserie Elvestedt. La halte-garderie est ouverte de 8 heures à 22 heures.

Else, revigorée, put enfin se consacrer à ses achats. Elle emprunta un crayon en bois, à disposition des clients pour faire des listes. Sa maison était dotée de tout le confort scandinave. Elle dut donc se chercher des besoins. Ce fut chose facile au rayon cuisine. Elle commanda un plan de travail et trois gigantesques tabourets de bar. Elle envisagea avec la vendeuse l’éventualité de l’achat d’une hotte. Un placard. Des idées rangement.

Le numéro et les références des pièces, qu’elle devait récupérer au terme de la visite, tournoyaient dans sa tête. Des lettres et des chiffres, des rangées et des cases, des points d’interrogation, c’était n’importe quoi. La chaleur l’étreignait. Elle notait tout comme une épileptique, rageusement, comme si elle eût découvert la théorie de la relativité. Au bout d’une heure, la vendeuse, Christina devint sa meilleure amie. Else se heurta cependant à un refus poli lorsqu’elle lui offrit de prendre un café.

Personnalisez votre descente de lit et dites bonjour à vos proches. Graphismes personnalisés, photo de votre petit neveu, mot d’amour. Paillasson multicolore. 22 euros.

Elle s’assit sur un tabouret. Le temps s’écoula tandis qu’elle rêvassait. 16 heures ne sonnèrent pas. Les visiteurs d’Elvestedt évoluaient dans un monde d’objets purs, vidé de tout ancrage temporel, sous une lumière d’entrepôt. C’était peut-être cela le secret propre aux objets, leur résistance au temps et leur mort incertaine. Le talisman du désir consumériste. Christina lui conseilla  de visiter l’espace chambre à coucher.

Promotion 14 mètres de plan de travail au prix  de 10.

Cuisinez dans les grandes largeurs. Offrez la machine à sushis designée par Hans Coburg à votre mère pour les fêtes.

Else découvrit qu’il était possible de dormir sur place, dans la résidence hôtelière Elvestedt. Elle réserva une chambre en tout point identique au mobilier témoin de l’espace chambre à coucher. « Quel bonheur de dormir dans un catalogue pensa-t-elle !»

Après un repas frugal de crevettes de la Baltique dans des assiettes à vendre et l’achat d’une solution anti-migraines, c’est la tête pleine de références de parquets flottants qu’elle monta dans sa chambre, d’une transparence d’hôpital.

Deux Doliprane plus  tard, après le lavage de dents, elle poussa un cri. Elle avait oublié son fils. Elle courut à l’accueil du magasin, près de la nurserie. Il pleurait. Les employés pressés de partir, peut-être lassés de vendre des pieds de tabourets,  l’avait laissé dans la piscine à balles.

21:42 Publié dans Lettres | Commentaires (0) | Tags : magasin, nouvelles, consommation, ikea | | Digg! Digg |  Facebook |

04/11/2012

Missive hivernale

Ma Chère Solange, ma toute bonne, ma chère soeur,

Je m'aperçois que je vous écris l'hiver lorsque les champs sont en jachère, quand les tâches quotidiennes se raréfient, et que le soleil se retire du monde comme pour faire écho à notre voeu. Nous avons reçu cette semaine cinq séminaristes. Je leur ai fait du coq au vin. Nous avons longuement disserté sur le rôle que Saint-Jean attribue à cet animal dans le Nouveau Testament, puis nous l'avons mangé et nous nous sommes régalés, les jeunes aussi. Ils sont pleins de fougue et ont le souci de leur voeu. J'ai vu à son regard que le Père supérieur ne restait pas insensible à leur piété.

Nous sommes coupés du monde, oh ma Solange et vous le savez mieux que moi, mais un autre petit évènement a eu lieu : un cinéaste, Xavier Beauvois est venu projeter dans la chapelle un long-métrage sur les moines de Tibérine, nous avons tous chanté durant les scènes de messe, les scènes de messe sont mes préférées. Le cinéaste pleurait et le Père supérieur ne restait pas insensible à son talent. Ma toute bonne, je continue à lutter contre mes mauvaises pensées. "C'est une bien étrange chose que de se retirer du monde pour adorer quelqu'un qui n'existe pas", m'a dit la boulangère. Combien de temps devront nous subir les réflexions des mécréants? Cependant ses miches sont délicieuses et elles nous ont permis de saucer le coq au vin. Nous nous résignons à ne pas tancer son opinion quand elle passe dans l'Abbaye avec sa fourgonnette, ou nous apporte ses baguettes en robe légère, se penche pour nous donner ses cagettes. La méditation m'aide.

Je préfère la voie escarpée que nous avons suivie. Nos plaisirs sont simples  : l'adoration du Seigneur, l'adoration du Seigneur et l'adoration du Seigneur. Et je serais de bien mauvaise foi ma Solange, si je vous soutenais que nous nous ennuyons.

Je vous remercie encore pour vos lettres et vous recommande à LUI.

                                                                        Votre dévoué Père François

 

13/05/2012

Contre les oiseaux

 

 

A-t-on déjà vu créature plus  inutile ? Le cri des mouettes, les gazouillements du moineau, le chant du rossignol, les jacasseries du perroquet, le pépiement des oiselets. Le sifflement de la buse, le hululement de la chouette, le cri du cormoran, les froissements d’ailes des turquoisines…

 

Bon sang !arrêtez de passer votre journée à chanter ! Ramenez du travail. Tourterelle, Tourterelle, tu t’envoles à travers ciel. Les battements d’aile d’une hirondelle blessée. Les oiseaux de Braque et les amputations. Quittez. Il n’y a plus de place pour vous dans la grand-ville. Ce ne sont pas des perchoirs. Regardez : des caméras de surveillance. Quel manque de clairvoyance, Madame la Mésange !

 

Même les Albatros se son envolés. Alors jolie mouette, alors  pigeon voltigeur, alors faucons, restez à Malte, là ou il y a encore quelques rocs non mazoutés pour vous poser.

 

Il n’y a plus de péninsules. Elles sont démarrées. Plus d’île de Pâques. On ne fête plus que Noël. Et vos défenseurs sont des hurluberlus qui prônent le droit des animaux avec des mitraillettes. Dégagez.

 

Alice connaît un pays où vous pourrez vous poser.

 

 

                                                                       Jim Mimipinson (prononcez à l’anglaise)

22:40 Publié dans Lettres | Commentaires (0) | Tags : lettre, oiseau, rimbaud, ile de pâques | | Digg! Digg |  Facebook |

06/04/2012

Contre les empêcheurs de danser en rond

 

J’ai rangé ma trompette pour faire des pirouettes.

 

Je me fais le porte-parole des robes de soirées pour me plaindre de vos agissements. Vous aimez la techno impersonnelle ou les groupes allemands. Je le sais : c'est vous qui découragez les jupes légères, avec vos gros tee-shirts en lettres gothiques. Et qui changez de morceau pendant Marcia Baila. Baahh ! Vous êtes repoussants !

 

Ou alors ne serait-ce pas vous ! Oui vous ! ...Vous qui pourrissez la boum en discutant de politique ! Jusqu'à que le moral des troupes flanche et qu'elles s'extasient sur des chanteurs caverneux. Dégagez pompeux !

 

Parfois vous êtes plus sémillants : vous préférez passer la soirée à boire du champagne dans le carré VIP avec votre portefeuille sur la table.

 

On me l’a dit ! Je le sais : Vous prenez en photos des derviches tourneurs pour vous moquer après, bande de pieds plats ! Laissez-nous : rejoignez votre confrérie d'enquiquineurs qui se plaignent qu'on casse vos assiettes.

 

Loin de vous, au pays d'Esther Williams, de Fred Astaire, Ginger Rogers, Gene Kelly et Cyd Charisse, les parapluies circonfèrent, les décolletés tournicotent, les canapés se retournent comme des crêpes, les claquettes claquent et les soeurs jumelles errent dans les ruelles, en quête de beaux jumeaux latins pour danser dans les bouges  de Buenos Aires.

 

These boots are made for jumping.

 

                                                                                                              Signé Pardie

13/03/2012

Contre les brunes

 

Madame,

 

Nul ne doute que vous ne fassiez partie de la confrérie des femmes en noir, et que dans vos ténèbres Belzébuth ne trouve une alliée sûre. C’est que votre noirceur d’âme est telle que vous la portez sur vos cheveux.

 

J’imagine ce que vous susurrez, dans vos incantations.

« Et la Joconde ?... c’est quand même bien une brune ! » Sachez, Chère Ange, que le Louvre est bien seul à tenir à la Joconde comme à la prunelle de ses yeux.

 

Le chemin habituel des brunes dans les salons est de répondre aux pépiages incessants des blondes par un mutisme absolu. Il n’y a rien d’enchanteur dans cet obscurantisme qui consiste à feindre la mouette devant un parterre de pies. Et je regrette, bel oiseau, que vous ne sortiez quelquefois de votre placard à balai, pour vous engager dans quelque missive. Votre silence apparaît tel que vous n’aimez pas à noircir des cahiers, et prêtez plus d’amitié à la page blanche qu’au stylo noir - au mépris de toute solidarité.

 

Parfois néanmoins le soleil sombre de la mélancolie illumine votre teint. J’aime alors à songer que, revêtue d’un crêpe, Loreley brune, portant le deuil de votre dernier amour, vous entraînez immanquablement les éclusiers à leur perte, dans les fonds d’or des nuits Rhénanes.

 

Cependant, Madame, l’histoire de la Littérature est blonde.

 

Et cet ersatz de chant demeure bien peu de choses face au charme lumineux des princesses bouclées d’or de romans de Chevalerie, car je ne me souviens pas que Perceval se fût un jour battu pour une brune.

 

Aussi souffrez qu’autant que vos cheveux ne seront poudrés, je ne sois, Melle la ténébreuse,

 

 

 

Votre humble et obéissant serviteur.

 

            Cyrano

22:06 Publié dans Lettres | Commentaires (0) | | Digg! Digg |  Facebook |

12/03/2012

Contre les Marionnettistes

 

Messieurs les Tireurs de ficelles,

 

Coupez!

Avant que des légions de Pinocchio ne vous écrasent de leurs petits sabots de bois,

avant que les Guignol lyonnais ne voient en vous de vils Gnaffron à bastonner,

avant que les timides ne passent votre orgueil au grille-pain,

avant que les télétubbies ne vous prennent en sandwich.

 

Car vous savez, marionnettistes, la révolte gronde.

 

Il est un soir où les Fair Lady piétineront les Pygmalion,

et où les Sganarelle vous voleront du tabac.

 

Je vous aurai prévenu.

 

Signé Scapin

 

10/03/2012

Rousses redux

Contre les rousses

 

    Les bûches rougeoient, mais ce sont vos cheveux qui crépitent, dans le foyer incandescent. N'approchez pas, lectrice orange, à moins que vous ne vouliez embrasser le sort des mécréantes rousses dans cet autodafé ! 

 

    Parfois, au coeur de l'âtre, quelques mèches enlacées palpitent comme des sarments de vignes oubliés dans quelque feu de joie. Embrasez-vous diablesses, en ânonnant vos incantations obsolètes, vos salmigondis rigolos ! Le ciel frémit. Le grand inquisiteur a mal fait sa besogne. Je vous disperse ! Sous le gui, à la lune, au chocolat, à Moscou, les poupées ! Dans la file d'attente, de la gare de Nantes, avec aux lèvres cette ...mousse...au chocolat !

 

    Sale tignasse ! Fribouille mal attifée ! Frimousse mal débarbouillée ! Gourmande que vous êtes, châtaigne hirsute, vous méritez de finir en crème de marron ! Comme dessert d'après-midi d'automne quand on s'embrasse en canotier...

 

 Si le feu s'endort, les pierres restent levées dans la clairière bretonne. Quelques feuilles mortes voltigent sur le sentier.

 

L'hiver approche... où, dieu merci, vos cheveux seront blancs !

 

Je vous laisse. Promettez-moi de ranger au grenier vos feux de Bengale. Ils n'amusent que les enfants.

 

Bien sans vous.

Poil de Carotte

 

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Merci à Bernard P. Photographe. La photo est protégée par un copyright.

http://floredesenlisse.hautetfort.com/

 

 

 

 

05/03/2012

Retour définitif et durable des lettres aimées

Contre les blondes 

Madame,

Depuis Jacques Brel, je sais que les Frida deviennent des Margot. 

 

Ne dégrafez pas votre corsage, joli épi de blé !

L'été vous cuirait ! Cachez vous sous la charmille, car votre chevelure cendrée ne sera vite que feu de paille. Passez les moissons à l'ombre et arrêtez de vous vanter d'être parente du grand astre d'or.

 

Plutôt que dorer votre toison, il eût mieux valu qu'il éclaire votre ampoule!

 

J'aime à songer à un monde sans blondes, délesté de Coca Cola Light, de Princesse Tam Tam, et de Feux de l'amour. Mais vous êtes là et je dois bien me résoudre à aimer la lingerie, les jeans taille basse, et les autobronzants.

 

Je déteste vos boucles blondes : elles me rappellent les ondulations des vagues, et j'aime trop à naviguer sur votre chevelure.

 

Sans le mal de mer, veuillez croire Madame qu'il se pourrait

 

que je vous écrive

à nouveau.

 

Zadig sans Voltaire

 

14/12/2011

Ma très chère Soeur

Ma très chère Soeur,

Les jours ont passé. L'époque des fenaisons est révolue. Lorsque j'ouvre les fenêtres de ma cellule, je n'entrevois que des arbres vidés de leur substance. Paysage désolé et appelé à renaître dans les vignes de Notre Seigneur. "Voici venue la longue nuit des origines." L'hiver est la naissance du monde. Les journées se font mornes sans les travaux des champs. Si longues, lorsque nous nous levons aux matines. Je suis parfois sur le point de renoncer à mes voeux. Pourtant les heures passent rythmées par l'adoration, les chapelets, les mots fléchés et les offices.

Le petit chat est mort. Et un livre impie a été trouvé dans la crypte : "Comment draguer la Catholique sur les chemins de Compostelle?" Oserais-je vous dire que je ne l'ai pas donné immédiatement au Père supérieur ? et que les mauvaises pensées m'ont bouleversé l'âme. Quel charivari dans mon coeur tout entier voué à Notre Seigneur ! Quel bouleversement dans tout mon petit être moral !

Vous, Solange, luttez-vous aussi contre de mauvaises pensées ? Ou conservez-vous la force, dans la crypte, de garder votre genou à terre pour lui témoigner votre affection?

Donnez-moi vite de vos nouvelles.

Que Dieu protège et sauvergarde les Diaconesses.

Père François

31/03/2011

Contre les brasseurs de courants d'air (les dames n'en brassent pas)

                          

Monsieur,

 

Je vous vois vous agiter et faire mouvement sur mouvement. Vous êtes  pin parasol courbé, tordu par le vent comme pour ramasser les pignons dispersés. Plus bas le ressac de la mer vous ramène à son éternité.

Choisissez mieux vos distractions, Monsieur, car il se pourrait qu’elles cessent plus vite que vous ne le supposez. Soyez saule pleureur qui profite de la brise légère,  pour tremper ses rameaux dans l’eau. Votre temps sera mieux utilisé les pieds dans l’eau, que la tête baissée à courtiser un banquier.

 

Aussi longtemps que vous ne suivrez ces conseils, je ne saurais être, M. L’entortilleur,

 

Votre très obéissant

Cyranas de Bergeroc

 

15/01/2011

Les Quatre cents Coups de fil

 

 

    J'ai vu ta jolie nuque au téléphone, penchée tout contre le combiné. Il y a des téléphones rouges, des téléphones bleus, des numéros verts,  et des téléphones roses. Mais toi c'était un téléphone gris, car tu n'es pas multicolore.

 

    Il pleut, réfugie toi dans la cabine, de baignade, de pilotage, de douche, spatiale et écris-moi. Tes pas s'effacent sur le sable. Arrête de me chanter ta chanson, je n'entends-rien, j'ai pas de réseau, pas d'ami, pas d'amour que des funambules. Sur ta ligne, tu n'as rien calligraphié, rien dessiné, rien n'esquissé, rien chanté, rien dit, rien rédigé. Elles sont noires tes lignes, je les couvre au blanco comme ça tu peux la dessiner cette cabine anglaise que tu regrettes tant. Il pleut toujours à Londres? Surtout ne prends pas froid. Ecris-moi de temps en temps. Pense à son anniversaire.

 

Tu sais j'ai des prospectus et des astuces. Passe-la moi. Loto à qui le tour ?  Extrait de concentré.  Attends je te rends le combiné. Comment, j'ai pas de conversation? Tu as les yeux baissés quand tu parles, dans le clair-obscur. Des moineaux se posent sur ta ligne, confie-leur tes secrets. Ils babillent comme toi. Les langues se confondent -des interférences. N'oublie pas le pain. Tu as des enveloppes et des postcards ? Je préfère. Et tes amours ? Raconte-moi leur histoire. Repasses-tu quand j'appelle ? Où est la valise ma fille ? Des rochers et des cris.  Votre correspondant est déjà en ligne. Envie de décrocher. Non ce n'est pas le dixième appel, on ne compte pas les mots d'amour. Il est parti vivre sa vie à Angoulême, sa mère est inquiète. Je vendrai des bijoux, il tiendra une station essence. Nous aurons de beaux enfants. Oui, celui en argent avec une perle. Tes pupilles et l'air de jazz. Adieu Clémentine. Ciao. Bye-bye. See you soon. Au revoir. Hasta luego. Até amanhia. Tu es toujours au bout du fil ? Non ça bat de l'aile. Ils s'envolent, et tourbillonnent. Je te bâtirai un gîte avec des poteaux téléphoniques. Tu leur confieras tes messages. Désolé Monsieur, écrivez-nous. Nous ne prenons pas les réclamations au téléphone. 

 

Elle joue la fille de l'air.

 

Ils n'ont que des dresseurs de fauves, des trapézistes, des acrobates, des contorsionnistes, des éléphants du Bengale, des cracheurs de feu et des lanceurs de couteaux. Le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement.

 

 

N'est-ce pas un de ses cheveux sur la dune ?