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04/02/2011

Whisky à gogo à Chicago

 

Chicago est surtout connue pour ses usines et ses gogos danseuses, mais bien peu de gens savent que ce fut la patrie d’Al Capone. Ainsi avant d’aller faire des claquettes au Cotton Club, l’auteur compte conter la modeste saga de cette ville sobre, loin des images d’opinel. Et y’aura des girls.

 

La morale bourgeoise contre la bavaroise.

 

En janvier 1920, la prohibition est établie par le vote du 18ème amendement de la constitution américaine. Comme toutes les mauvaises idées, cette décision est soutenue par les pasteurs protestants qui souhaitent moraliser la vie des plus pauvres et qui, sans doute imbibés des lectures naturalistes de Zola et du philosophe Botul, sont persuadés qu’il faut ôter  aux pauvres leur ultime source de joie, afin que tous les mélancoliques anonymes se tournent vers la méditation Luthérienne.

 

Du jour au lendemain, Margot n’a plus que sa Tourtel pour pleurer.

 

Il faut savoir que nombre de brasseries sont alors tenues par des allemands et la Première guerre mondiale n’a pas mis la mousse à la bouche des Américains. L’image de marque de Maître Kanther est ternie, et la bière évoque surtout les tranchées, où l’on mange des topinambours dans les casques à pointe.

 

 Pour les Américains, l’Europe, c’est loin et il y a des communistes.

 

La musique, ha la musique !

 

L’alcool est interdit sauf pour le vin de messe.

Des jeunes, pauvres et en manque ont les mains qui tremblent. Ils tapotent sur leurs saxos et piétinent nerveusement du pied. Le jazz est né.  Les Andrews Sisters leur font les yeux doux en décroisant les jambes et en sirotant leur diabolo.

 

La médecine, seule pinte de salut.

 

Le nombre de visites non conventionnées explose, car l’on peut se procurer chez le médecin des ordonnances d’alcool médical.  Les apothicaires prévoient des Tuc. Tous les pharmaciens sont de gardes et il n’est pas rare d’y faire un saut entre deux bars clandestins. Pour que vous ayez une idée du goût de ces obscures boissons médicales, songez à la prune que vous offre votre voisin palier à Noël et qui tourne, pardon, qui vieillit au fond de votre meuble apéritif.

 

Mangez en Pologne, buvez en Hongrie, dormez en Allemagne et faites l'amour en Italie.

(proverbe maggyar à deux sous)

 

Pendant ce temps-là à Naples, les alambics fument, et les Guggino, Laudato, Terranova, Caposselo, Matsa, Catania, Saccarino, Capone s’apprêtent à arroser le marché canadien ; des produits maisons sont conservés dans des barriques, par de vieilles siciliennes en deuil. Elles les surveillent sur le pas de la porte. Toute la famille met en bouteilles du whisky écossais, même les récalcitrantes. « Oh Lazarella de mon cœur, tu voudrais faire du cinéma, tu ferais mieux d’aider tes sœurs et faire la soupe à ta mama ! ». À la veillée funèbre, tandis que le produit est distillé, des voisins, les I Muvrini, la main sur l’oreille, braillent le chant des bateliers. Le Limoncello ne traversera jamais l’Atlantique, pour ne pas salir la réputation des contrebandiers. Mais coffre trop bourré brise sa serrure. Les navires sont remplis de faux Irlandais qui finiront une balle dans le ventre à Little Italy.

 

La prime à la caisse.

 

Au petit matin, la brume du Lac Michigan et la fumée d’éthanol masquent à peine le ballet des Ford T. Alphonse Gabriel Capone, une petite frappe issue « des Brooklyn Rippers », les éventreurs de Brooklyn, bourre les coffres de bouteilles un Béretta à la main. L’homme a dix-huit ans et s’exerce comme videur, « Qui vous invite ? », lorsqu’un client mécontent lui fait malencontreusement une balafre au rasoir, qui lui vaudra son surnom de Scarface, immortalisé par Howard Hawks dans le film susnommé. Al Capone assiste à l’avant première de Scarface, le réalisateur blêmit lorsque le mafieux tousse. Finalement sain et sauf, Hawks pourra réaliser Le Grand Sommeil. Pendant ce temps, dénoncé par un trader de HSBC, Capone se fait épingler pour fraude fiscale. On l’envoie à Alcatraz où il aura tout le temps d’écouter Louis Prima. Entre deux plats de pâtes.

 

En entrant au Cotton Club, les saxophonistes vous donnent des fourmis dans les jambes.

 

La « Prohibition » est morte, vive « Les Années folles ».

Commentaires

Un air de déjà lu, me disais-je puis "Caposselo" m'a rafraîchi la mémoire. :-)

Bravissimo, comme dirait Al.

Écrit par : Caroline | 05/02/2011

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