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21/10/2014

Les deux livres de l'automne

"Observer les faiblesses humaines, la physiologie du pouvoir, la fragilité des relations, l'inconsistance des liens, la force colossale de l'argent et de la férocité. L'impuissance absolue de tous les enseignements mettant en valeur la beauté et la justice, ceux dont je me suis nourri."

Roberto Saviano - Extra pure - Éditions Gallimard

"Et surtout, comprenez que mon cœur est déjà pris. Il l’est depuis fort longtemps maintenant. Pris par la mer. Pris par le port vieux comme moi qui m’attache. Par le ciel bleu flamboyant dont la Vierge culminante me garde. Pris par les hommes, les femmes, les enfants, qui s’arc-boutent dans mes criques et sur ma basilique."

Caroline Capossela - Les Amuse-gueules - Editions Lilo



15/12/2011

Discours officiel de Benoît Pinaud pour son entrée dans la Congrégation

Chers compagnons de littérature fantasque, c’est avec un enthousiasme survolté que le soussigné Benoît Pinaud en rejoint la congrégation. Qu’hommage soit d’abord rendu à son initiateur, Stephan Pardie, ainsi qu’à Félix Libris, dignes représentants de l’amour des Lettres.


Notre patronyme éveillera sans doute chez quelques bienheureux lecteurs le souvenir de pages désopilantes, nées d’une plume hors du commun, d’un maître de la loufoquerie, inventeur d’un langage coloré de noms d‘oiseaux (d‘une variété inégalée), d’intrigues saugrenues (et néanmoins intrigantes), j’ai nommé bien sûr le grand Frédéric Dard, alias San Antonio. Frédéric Dard ? Un grand écrivain ? se piqueront certains. Allons bon ! Et pourquoi pas Jean Roucas, alors ! Titre toujours contesté à celui qui avouait « en baver » pour composer les aventures du commissaire San Antonio, flanqué de ses deux collègues, Bérurier et Pinaud. Et pourtant, l’Académie française lui fut suggérée, à lui qui eut la sagesse de la refuser.*

San Antonio, de la grande littérature ? Nous sommes certains à le penser. Et la relecture de Bérurier au sérail, aux Editions Fleuve noir, enfonce le clou. De la grande littérature qui valse (à coups de pied dans les valseuses souvent), de la littérature qui tangue, à l’image du bateau sur lequel est embarqué le célèbre trio au début du roman. De la littérature où le bon Rabelais n’est pas loin quand Béru déguste sur ce bateau en liesse une bonne saucisse épicée, alors que tous sont pris de vomissures imminentes et cherchent les uniques « caguoinsses du vaisseau » déjà occupées par Pinaud !

De la grande littérature, eh oui, parce que Béru nous éclate, quand il s’affaire à monter sur un dromadaire, après cette traversée maritime de folie. Faisant d’abord le tour du véhicule (« Les pneus sont bons , fait-il en soulevant une patte du ruminant »), puis, enjambant la monture, et se retrouvant évidemment par terre : « M’est avis qu’il a voulu me jouer un tour de vache, ce chameau-là! déclara-t-il, je vous dis que c’est un vicelard ». Et que dire de la partie de catch que le pauvre aura ensuite à honorer à la fin du roman !


Amis des mots, tous aux néologismes de San Antonio et à ses pages farcesques qui dilatent la rate, comme dit l’Autre (L’Autre, si souvent cité dans les romans du sus-nommé), n’en déplaisent à ceux qu’il a pu choquer et aux défenseurs d’une littérature morale ! Et peut-être aurez-vous parfois, dans cet espace congrégatif, quelques nouvelles fantaisistes du cher Béru…

*San antonio a été contacté pour être candidat à l'Académie, mais à refusé de l'être.