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27/04/2013

Les grands Entretiens - Stéphanie MACKENZIE, photographe

Stéphanie Mackenzie a exposé successivement à New York, au Canada, à Londres et au Marché d'Art Contemporain de Paris. Issue d'une famille d'artistes, balayée par le vent de l'histoire yougoslave, elle a fait ses premiers pas auprès de son grand-père.

Dans la lignée du Pop art, ses photos mettent en scène des modèles égarées dans un arc-en-ciel de collages numériques. Cependant les clichés qu'elle assemble ne puisent que dans le réel. Découverte d'une discrète voleuse de couleurs.

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Stéphanie, parlez-nous de la photo qui a déterminé votre vocation ?

Une photo de Mona Lisa, un projet d'université, c'est à ce moment-là que j'ai trouvé mon style. Je dessine depuis l'âge de cinq ans. A l'université, je photographiais, réalisais des peintures et des sculptures , en cours d'art fondamental. J'ai fait un choix. Mon professeur m'a affirmé que la photo était un bon axe.

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                                                              Mona Lisa

Je qualifierais vos oeuvres de "collages photographiques extravagants", est-ce que ce terme vous convient?

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                                                            Kiss me blue

Oui, au départ je crée un dessin, un schéma, un canevas précis, choisis le thème, ensuite je recherche un modèle qui peut convenir. J'adjoins plusieurs de mes clichés. J'effectue des collages numériques. Kiss me blue, le modèle, ne travaillait pas en agence, je trouve cela plus intéressant. J'utilise des éléments disparates de la réalité, des clichés d'Elis island et autres. Parfois je fais appel à la location de studio mais nombre de mes photos sont prises en extérieur.


Vos séries mettent souvent en scène des modèles très sexy, pouvons-nous les qualifier de pin up?

Oui, tu peux les qualifier de Pin Up sous l'influence notamment d'Helmut Newton.


Vous aimez particulièrement Alice au pays des merveilles ?

Oui. Ce thème me plaît. J'ai créé à Londres un solo show de peinture en 3D sur des clichés photographiques imprimés. Je cherche une galerie pour être résidente.

(NDLR : Stéphanie Mackenzie a déjà exposé en France au Marché d'art contemporain de la Halle Freyssinet.)

Nous pensons immédiatement au Pop Art, est-ce votre principale inspiration?

Mes références sont Andy Warhol, Dali, Roy Lichtenstein, il y a beaucoup de couleur, tous trois sont "outside the box", ils dépassent les marges, depuis petite j'aime avoir un monde différent, m'exprimer différemment.À 15 ans le livre de Lichtenstein, a été un choc.

Mon grand père était peintre et il créait le design d'objets en cuir.il les fabriquait, il peignait dans le style de Renoir, nous dessinions ensemble.il a connu mes photos. Mon arrière-grand- père avait également cette sensibilité artistique.

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Vous refusez, semble-t-il, l'abstraction?

J'aime tous les types d'art comme source d'inspiration.

Les clichés sont saturés de couleur, et c'est ce qui fait leur force, pouvez-vous nous faire rentrer dans le secret de fabrication d'une de vos photos?

Le choix de couleur est naturel, mais compliqué par ordinateur. Avec une base, c'est plus aisé, mon canevas est très précis, au crayon, après je le peins, puis il sert de fondement à mon collage photo.

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N'avez-vous jamais songé à prendre des photos documentaire?

J'ai arrêté car ma mère est inquiète! Mais je donne un pourcentage de mes clichés pour des œuvres caritatives. Je prends quelques photos non retouchées. Des bédouins, un peu triste, des enfants sans nourriture. Nous ne nous rendons pas compte de notre chance. En Colombie, les gens refusent qu'on les prenne en photos.

Les photographes que vous admirez définitivement?

Helmut Newton mais aussi Richard Avedon pour le fond blanc, la tessiture ancienne, ils sont "edgy" a bit crazy.

(NDLR : l'une des traductions de edgy  est "énervé" au sens large)

Merci Stéphanie. Retrouvez les clichés sur le site officiel :

http://www.dekafoto.com/Site/WELCOME.html










17/04/2013

21h11 Paris s'éveille. Film court "A trip to remember"

Spéciale dédicace aux nightclubbers helvètes, et au baroudeur vieillissant.

12/04/2013

Stone et Rolling

La trotinette filait à la vitesse de l'éclair, tournoyait entre les passants, frôlait les panneaux signalétique. Tous deux nous chorégraphiions nos déplacements aux millimètres comme des danseurs étoiles, des virtuoses de la glisse urbaine, car à l'air libre, notre entente atteignait son apogée, tandis que nous profitions de l'espace confiné de l'appartement pour nous mettre sur la gueule. Des héros de la voltige. La réalité des trottoirs s'évanouissait sous nos planches. Le grand attendait le petit, le petit attendait le grand et nous n'attendions personne. Papa courait derrière nous dans l'espoir que nous le guettassions dans un sursaut étonnant de reconnaissance filiale. Mais tel était le prix de notre complicité, et lorsque pris d' un désir héroïque, je soulevais la jambe droite en arc de cercle, mon cadet faisait de même, râpait les murs, ouvrait haut la bouche, roulait des yeux, poussait un cri, et se ramassait, pour remonter dans la seconde tel un cowboy, sur son destrier, afin qu'il ne soit pas dit que l'enthousiasme fût éteint, la flamme retombée.

J'ai toujours eu l'oreille musicale. Les chansons que je fredonnais avaient pour mérite une mélomanie que les passants qui se décalaient se retrouvaient contraints d'apprécier, tandis que mon cadet beuglait comme un veau des refrains méconnaissables. Nous aimions nous frôler tels deux pilotes de meeting aérien, conscients des risques, maîtres des technique, au fait de leurs effets. Dans la dernière descente, Papa au comble du ridicule, nous prenait en photo, l'espace d'un cliché, nous devenions la septième merveille de la rue, les Paul et Pierre qui roulent.

Nous tenions à prouver que la sécurité nous importait. Néanmoins maîtrisant mal notre distance de freinage, nous nous arrêtions au milieu de la voie, plutôt qu'en amont, croyant prendre garde aux dangers, espérant lire dans les yeux de notre père de la fierté, malgré ses dénégations et sa promptitude à nous reposer sur le trottoir.

Puis je filais et tu refilais, non sans me lancer au vol des insultes fraternelles avant de piler net dans devant le cabinet d'ophtalmologie, but ultime de notre voyage. Je sonnais à la porte. Nous retirions nos casques. Papa pliait les trotinettes. Et nous prenions place sagement dans la file d'attente, soudain rendus à nous-mêmes et privés de nos tapis volants.