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06/12/2012

La troisième partie de la première séance

La blondeur de Bérénice était radicale, elle m'a pris la main, j'étais aux anges. Nous sommes rentrés dans la salle. Elle était organisée en gradins étroits, sans siège. recouverts de coussins. En fait, nous participions à une pyjama partie. Seuls. Voilà ma Bérénice sur des courtepointes, j'ai fait de grands yeux, elle s'est mise à me lancer des poufs,  j'ai refait de grands yeux et j'ai saisi un édredon, me suis levé et l'ai lancé en poussant des cris comme un ours. Bérénice, c'était mon pot de miel et elle s'est cachée derrière un boîtier d'extincteur, je ne voyais plus que ses jambes. Les gambettes du pot de miel. 

Puis j'ai reçu des plumes sur la tête. Sur l'écran passait une pub d'assurances. Moi on  ne dirait pas mais je suis calé en Kusturica, chez lui les ours, ils mangent les bretzels et ouvrent les portes en les arrachant. Et je crois qu'ils prennent des bains de pommes.  Je sais que le rêve secret de Bérénice c'est de prendre des bains de pommes avec moi, ou de se métamorphoser en pot de miel, mais elle ne le sait pas encore. C'est le problème avec les filles, à force de ne rien leur dire elle ne nous disent rien, mais pour nous lancer des polochons, y a du monde.

 Je me suis livré à corps perdu dans cette pyjama partie, car j'avais l'intuition qu'au regard de mon histoire elle se transformait en moment magique. Et que le temps figeait les plumes en poussières de bonheur, notre bataille en éternelle dispute adolescente. Le moment serait gravé dans notre petite tête de moineau.

Le cinéma ne serait jamais au delà de ça, du plaisir d'une salle exclusive et de l'amitié débordante. Elle m'a tendu son paquet de mini carambars que j'ai accepté. Puis d'autres spectateurs ont eu l' idée incongrue de s'installer dans la salle.

Le nom du film "La Nuit juste avant les tisanes" s'est reflèté sur le décolleté de Bérénice.

21/11/2012

La deuxième partie de la première séance (suite)

Bérénice préférait voir "La nuit juste avant les tisanes", l'histoire d'une cultivatrice kirghize qui accouche seule, dans son champ.Bérénice des idées baroques. Elle aime se balader à Bruxelles et lit Cioran. Cioran, ça a l'air tellement triste, que quand je vois Bérénice qui le lit, je pleure, rien qu'a l'idée qu'elle le lise, je ne veux pas que Cioran fasse du mal à Bérénice, je lui aurais bien dit mes quatre vérités, mais il est mort..le crétin.

Nous sommes donc entrés dans le cinéma si-indépendant-qu'il-est- marginal, moi, je me laissais guider je regardais Bérénice, mon écran noir à moi, Bérénice a un bonnet de laine, des cheveux blonds, qui descendent en torsades, sous le couvre-chef et juste ça  c'est le générique de début de Bérénice parce que après, sa taille ravissante ressemble à une liane , et son short, indicible, un short indicible. Berenice s'est retournée et m'a souri.

Elle n'est pas très bavarde, elle s'est fixé une règle, jamais plus de trois mots! Je la connais parce que je suis malin. La règle du mystère. Trois mots. Miss, terre, rieuse. Même si on lui chatouille les pieds avec des chamallows, elle ne parlera pas, car il y va de sa capacité de séduction, et la capacité de séduction chez une fille, c'est sacré, comme le soleil chez les Mayas ou la planche de surf au Pays Basque. Les campeurs mangent dessus. 

À maline, malin et demi. Du coup ce jour-là je ne parlais plus, je la suivais, j'étais muet, j'étais mutique, j'étais mythique, et pour couronner le tout,cerise sur le générique, elle avait des talons hauts qui claquaient sur le parquet du café, au milieu des photos d'exploitation. Vous vous dites que je me fais des idées, que je fanfaronne, je ne vous mens pas mais je vais être honnête, Bérénice n'est pas ma petite amie, c'est une copine, mais je la verrais bien comme ma petite amie qui parlerait italien couramment et qui serait hyper cultivée en cinéma, tellement cultivée, genre silence ça pousse. 

J'étais décidé à passer à la vitesse supérieure, mais avec ce film Kirghize sur les tisanes, et ma stratégie du mutisme cela  ne facilitait pas le contact!  Ha oui, j'ai oublié de vous le dire mais je suis brun. Ainsi nous avions à nous deux trois mots de vocabulaire pour nourrir la conversation. Silence ça pousse. 

16/11/2012

La première séance

J’ai eu de la chance. Je n’ai même pas eu à l’inviter, Bérénice m’a trainé voir un film d’art et d’essai, (soupirs trois fois) c’est sûr qu’avec un nom comme ça elle allait pas me proposer de voler des bagnoles. Ni une, ni deux, je mets ma plus belle chemise, avec des surpiqures qui brillent, façon Brodeback montain, sans le cheval, mais avec Bérénice et nous voilà dans une ruelle étroite, ringarde à côté d’un magasin de pelotes de laine. En face du cinéma indépendant, mais je dois vous faire une confidence, il était pas indépendant, il était pire. Il était tellement indépendant qu’il était marginal. Il était tellement noir qu’au début j’ai cru que c’était un magasin de téléphonie pour appeler en Syrie avec des cartes prépayées, mais j’ai levé les yeux et avec Béré on a vu les affiches.


Deux films. Deux chefs d’œuvre.

Un film grec « La laitière ne passera pas trois fois »
Dessous y avait des extraits de journaux pour nous donner envie de le voir.
Télérama, « On rit, on pleure, on boit du petit lait »

Oui je sais, j’ai trouvé que c’était un peu limite comme jeu de mots, c’est pas mon genre. Moi j’aime l’humour fin, l’humour qui fait réfléchir.

Technikart, vous savez, c’est un gros magazine avec que des mots nouveaux dedans comme "métrosexuelle", "drum and bass", "cougar"
Donc Technikart ils avaient mis « Un film grec tellement intelligent qu’il fait tourner le yaourt » Et ils concluaient Vous allez être brassé »

Bérénice de toute façon, elle avait choisi avant de venir.