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07/03/2012

Les affabulations rebelles

L’âne, la tortue et le chien


L’engeance humaine aux caprices est sujette.
Toujours, obstinément, elle souhaite
Qu’à sa volonté l’on soit favorable,
Ce que nous allons voir dans cette fable.

Certains bourgeois, comme loisir ayant,
La compagnie des bêtes, passe-temps
Louable mais de grand labeur, s’offraient
Parfois l’oisiveté de profiter
Agréablement de leurs protégés.
Leur domaine fort vaste consistait
En maintes pâtures, vergers, jardins,
Terres propices à l’observation
Animale, aux promenades sans fin.
Surprenante est l’humaine décision :
On projeta un jour d’aller chercher
Le baudet. Pour, disait-on, le mêler
A une tendre ballade champêtre.
Mais l’animal, paraît-il, n’est pas l’être
Le plus accommodant ; il décida
De ne point déroger à ce cliché;
Et pas le moindre sabot ne bougea.
« Soit, dit à sa femme le fermier,
Trouvons amitié chez d’autres compères ».
L’indolente tortue fut approchée.
Cette dame pouvait bien se complaire
A être sous tous les angles étudiée.
On jugea fort bien de la carapace :
La doyenne ne daigna se mouvoir.
Pis, restant cloîtrée dans son dortoir,
Elle n’offrit point, animal tenace,
Son cou ridé aux regards patients.

Offensés d’un tel accueil, nos deux braves
S’en retournèrent, chassant leur courroux
En songeant à l’ami fidèle et doux
Qui les attendait et qui, sans entrave,
Les accompagnerait docilement
Pour une paisible marche en sous-bois.
Le ciel fit que le temps se gâta.
Et Médor leur dit, par quelques abois,
Qu’à cette sortie il n’inclinait pas.
D’humeur maussade ou non, il faut admettre
Qu’il fait parfois un temps à ne pas mettre,
Même fidèle, un canidé dehors.

 

Copyright Benoît Pinaud