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14/12/2011

Benoît Pinaud - Le fabuleux fabuliste

La Congrégation des crapules et des fantasques accueille en son sein Benoît Pinaud, auteur discret qui remet au goût du jour un genre littéraire oublié : la Fable. Et à l'heure où l'on publie des SMS, il est grand temps de redécouvrir les choses simples.

Il accepte pour la première fois de rendre public un des textes, où les ballons dessinent des arabesques.

Merci à toi, ô Benoît Pinaud !

Le ballon et l’enfant


Sitôt le pied posé
Sur le sable doré,
L’enfant blond divagua.
En ce matin tout neuf, dans un si bel endroit,
L’air fusait tendrement et offrit au bambin
De soulever un brin
Son ballon éclatant.
De ce hasard content,
Il confia sa course
A sa baudruche rouge et au doux vent marin,
Disant adieu à tous
D’un rire cristallin.
Il allait, batifolant et dodelinant,
Sautillant, zigzagant,
Dessinant au sol les courbes les plus plaisantes.
Et rien, à cette heure, pour troubler la séance.
Quand, soudain, au hasard
D’une brise plus faible,
Vinrent à son oreille
Les cris de désespoir
Des parents alarmés
D’une telle conduite, menant au danger.
Le sujet fut hélé
Et sommé de rejoindre,
Ordre vociféré,
La prudente engeance toujours prompte à se plaindre.
L’enfant fut de retour
En gardant le sourire :
Le guidant à rebours,
Son ballon, d’un soupir,
Vint danser follement
Au-dessus des parents.

Tout laisser aller n’est pas un vilain défaut.
C’est une liberté
A ne pas oublier
Que d’aller où nous mène la vie, sans repos.

© Benoît Pinaud