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26/02/2011

Demande à la poussière.

"Je descends à reculons."

Imaginez-les errant, chemise hawaïenne au vent et lunettes à verres fumés. Des vagabonds en tenue de baigneur. On ne sait pas trop ce qui se passe dans les fonds de pension.

Les agences immobilières s'effondrent comme des châteaux de carte. Papy dort dans une cahute de bain. Yasmine Bleth fait du porte à porte pour vendre des crèmes de jour. "Je touche le fond de la piscine dans mon pull bleu marine, tout élimé". Marguerita, 72 ans saute de joie, elle vient de décrocher un emploi dans un tex-mex. Elle branche le juke-box et choisit un disque de Louis Prima, avant que le patron ne l'oriente poliment vers le dernier Amy Winehouse.

No country for old man.

La résidence Sunshine de Palm Springs s'est vidée depuis la crise des subprimes. Au bord de la piscine la femme du banquier est seule à faire des clapotis et des clapotas. En France, il y a plein de futurs retraités qui veulent racheter les appartements en faillitte. Arturo Bandini promène son détecteur de métaux et balaie les plages de Pacific Palissades. Il reste fier. Pacific Palissades, c'est le nom d'un film français, paraît-il, avec Sophie Marceau et Jean Hugues Anglade. Avec les gourmettes qu'il retrouvera, Arturo pourra offrir un tea-punch à une pépée claudicante. Il sait y faire Arturo Bandini. Zeus et Apollon aboient à la mort ils ont de l'arthrose.

Petite mise au point

En 2026, l'âge à partir duquel l'américain moyen pourra profiter de 100% de sa pension sera de 67 ans. Le système semble préservé mais tout n'est que poussière et retournera à la poussière. Le fonds de Social Security censé les financer n'est qu'une fiction comptable, et le gouvernement américain s'en sert pour payer ses dépenses courantes. Si ta maman te donne 5 francs -ça ne nous rajeunit pas- pour acheter des bonbons, et que tu achètes le journal, elle n'aura pas de bonbons. Ta maman aura faim, mais tu liras le journal, et dans le journal on te conseillera de travailler plus longtemps pour acheter des bonbons.

 Pulveris

Les pensions sont pulvérisées,  les arrière-petits-enfants devront rembourser les maisons de vacances. Samuel est chargé de l'entretien d'une résidence. "C'est plein de chlore au fond de la piscine, j'ai bu la tasse tchin-tchin.'

 

15/02/2011

Le Malabaratha ou la formidable Histoire de la gomme à mâcher


Verset 1, à l'aube des temps anciens :

à la préhistoire les hommes désoeuvrés mâchaient de la sève de conifère. "C'est con mais y a rien à faire". Aussi pour chasser l'ennui dessinaient-ils des cochons d'Inde sur les grottes de Lascaux et à Malabar, puis vinrent les "itistes" qui chiquent. Un "itiste" tient le mur. C'est plus chic que le chewing-gum.

Verset 2, les mayas et les sacrifices humains :

il y a 5000 ans, les indiens mâchaient de la sève de sapotier, le "chiclé" sorte de latex. Cela faisait mal aux dents d'où l'expression : "c'est pas du chiclé". Puis ils recouvraient le soleil avec des chewing-gum usagés pour pouvoir sacrifier Tintin et Milou tranquilles, à la cool.


Verset 3, le sapotier et le sabotier :

le "chiclé" est utilisé dans des chaussures chinoises bas de gamme, qui nous piègent les pieds dans la colle, et c'est pas Rabbi Jacob qui nous dira le contraire.

Verset 4, le moyen âge :

l'âge obscur du "chiclé", on ne sait que peu de choses sur son utilisation à l'époque. Aucune trace de la résine en question exceptée dans la bosse en silicone de Quasimodo. Il la changeait souvent, d'où la fameuse danse d'Esmeralda, la "Bossa Nova".

Verset 5, le chiclé se marie à la gélatine, ou au sirop :
 
de cette union naît le Chewing-gum, inventé par un certain Thomas Adams, de la famille du même nom et dont les dents vertes pleines de chicos avaient mauvaise réputation. Fort de son succès personnel, dans le village et auprès des filles, il le commercialise en 1872.

Une version non comestible est proposée sous le nom de Patafix.

Verset 6, 1872, une avalanche de succès :

la reine Victoria est mise dans la confidence de son secret de fabrication, on tente de l'assassiner en février. Fort de cette tentative d'espionnage industriel, le succès est au rendez-vous. Les gens se pressent devant les bureaux de tabac, en collent sous les bureaux, et s'affrontent pour des paquets. Le 9 novembre, c'est l'incendie de Boston.

Verset 7, la controverse :

souvent aromatisé à la menthe, le chewing-gum est l'accessoire indispensable des rendez-vous amoureux et des discours fins et pleins de délicatesse de Nicolas Sarkozy.  "Il ne mâche pas ses mots" s'étonne une malheureuse habitante réveillée en pleine nuit par les cris du Président.  

Verset 8, le débarquement du Chewing gum :

en France, en 1944, les Gi's en lancent aux françaises dans les bals populaires, puis les embrassent.

Verset 9, le grand mixe et le petit ne se mélange pas :

les ingrédients sont malaxés pendant deux heures dans un pétrin, à 95 degrés; il faut veiller à ce qu'il soit propre.  Après utilisation, devenu insipide, l'accessoire sera collé sous une table où il durcira comme un stalactite.

Verset 10, Chewing gum et art de vivre :

Souvent vulgaire dans la bouche de Madonna ou Britney spears, il n'est jamais synonyme d'élégance. Il vaut mieux manger une pomme avec sa main.

04/02/2011

Whisky à gogo à Chicago

 

Chicago est surtout connue pour ses usines et ses gogos danseuses, mais bien peu de gens savent que ce fut la patrie d’Al Capone. Ainsi avant d’aller faire des claquettes au Cotton Club, l’auteur compte conter la modeste saga de cette ville sobre, loin des images d’opinel. Et y’aura des girls.

 

La morale bourgeoise contre la bavaroise.

 

En janvier 1920, la prohibition est établie par le vote du 18ème amendement de la constitution américaine. Comme toutes les mauvaises idées, cette décision est soutenue par les pasteurs protestants qui souhaitent moraliser la vie des plus pauvres et qui, sans doute imbibés des lectures naturalistes de Zola et du philosophe Botul, sont persuadés qu’il faut ôter  aux pauvres leur ultime source de joie, afin que tous les mélancoliques anonymes se tournent vers la méditation Luthérienne.

 

Du jour au lendemain, Margot n’a plus que sa Tourtel pour pleurer.

 

Il faut savoir que nombre de brasseries sont alors tenues par des allemands et la Première guerre mondiale n’a pas mis la mousse à la bouche des Américains. L’image de marque de Maître Kanther est ternie, et la bière évoque surtout les tranchées, où l’on mange des topinambours dans les casques à pointe.

 

 Pour les Américains, l’Europe, c’est loin et il y a des communistes.

 

La musique, ha la musique !

 

L’alcool est interdit sauf pour le vin de messe.

Des jeunes, pauvres et en manque ont les mains qui tremblent. Ils tapotent sur leurs saxos et piétinent nerveusement du pied. Le jazz est né.  Les Andrews Sisters leur font les yeux doux en décroisant les jambes et en sirotant leur diabolo.

 

La médecine, seule pinte de salut.

 

Le nombre de visites non conventionnées explose, car l’on peut se procurer chez le médecin des ordonnances d’alcool médical.  Les apothicaires prévoient des Tuc. Tous les pharmaciens sont de gardes et il n’est pas rare d’y faire un saut entre deux bars clandestins. Pour que vous ayez une idée du goût de ces obscures boissons médicales, songez à la prune que vous offre votre voisin palier à Noël et qui tourne, pardon, qui vieillit au fond de votre meuble apéritif.

 

Mangez en Pologne, buvez en Hongrie, dormez en Allemagne et faites l'amour en Italie.

(proverbe maggyar à deux sous)

 

Pendant ce temps-là à Naples, les alambics fument, et les Guggino, Laudato, Terranova, Caposselo, Matsa, Catania, Saccarino, Capone s’apprêtent à arroser le marché canadien ; des produits maisons sont conservés dans des barriques, par de vieilles siciliennes en deuil. Elles les surveillent sur le pas de la porte. Toute la famille met en bouteilles du whisky écossais, même les récalcitrantes. « Oh Lazarella de mon cœur, tu voudrais faire du cinéma, tu ferais mieux d’aider tes sœurs et faire la soupe à ta mama ! ». À la veillée funèbre, tandis que le produit est distillé, des voisins, les I Muvrini, la main sur l’oreille, braillent le chant des bateliers. Le Limoncello ne traversera jamais l’Atlantique, pour ne pas salir la réputation des contrebandiers. Mais coffre trop bourré brise sa serrure. Les navires sont remplis de faux Irlandais qui finiront une balle dans le ventre à Little Italy.

 

La prime à la caisse.

 

Au petit matin, la brume du Lac Michigan et la fumée d’éthanol masquent à peine le ballet des Ford T. Alphonse Gabriel Capone, une petite frappe issue « des Brooklyn Rippers », les éventreurs de Brooklyn, bourre les coffres de bouteilles un Béretta à la main. L’homme a dix-huit ans et s’exerce comme videur, « Qui vous invite ? », lorsqu’un client mécontent lui fait malencontreusement une balafre au rasoir, qui lui vaudra son surnom de Scarface, immortalisé par Howard Hawks dans le film susnommé. Al Capone assiste à l’avant première de Scarface, le réalisateur blêmit lorsque le mafieux tousse. Finalement sain et sauf, Hawks pourra réaliser Le Grand Sommeil. Pendant ce temps, dénoncé par un trader de HSBC, Capone se fait épingler pour fraude fiscale. On l’envoie à Alcatraz où il aura tout le temps d’écouter Louis Prima. Entre deux plats de pâtes.

 

En entrant au Cotton Club, les saxophonistes vous donnent des fourmis dans les jambes.

 

La « Prohibition » est morte, vive « Les Années folles ».