22/12/2013
Ode à la neige
Un tableau de Van Gogh sans le jaune.
Serait-ce encore « l’enfance retrouvée à volonté » ?
La blancheur du Plateau des Glières, linceul éblouissant où moururent les maquisards.
Un champ à vaches où des luges tentent d’éviter les fils barbelés.
Un champ vert de pommes.
Car elle en fait à sa tête la neige.
Elle ne veut pas tomber.
Elle ne se laisse pas faire, la neige.
Elle fait la pouf la peuf !
Les escaliers d’un couvent au bord d’un lac.
La neige, serait-ce Elvire qui prend le voile ?
Le vent des optimistes.
Le froid tangible.
Le temps des clémentines.
Une piste dans la forêt, et freiner inlassablement devant le barrage électrique.
Le lac du Mont-Cenis ressemble à Ushuaïa.
La Terre devient Terre de feu.
La fille aux cheveux blancs des amants Spoutnik.
Tout s’estampe.
Blanc, blanc, blanc, et blanc, petite pâte à blanc.
Même ton amour.
Des cristaux de pommes.
Des roses.
Et le cœur congelé de mon inspiration.
21:29 Publié dans Poèmes | Commentaires (3) | |
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06/12/2012
Barbara
C’est une dame brune
Avec des songes brisés
Qui s’envolent dans des airs
Sa besace est pleine
de roses de Gottigen
Et de regrets amers
Elle a des bleus à l’âme
Des regards de grande dame
Et des cils relevés
Ses paupières papillonnent
Comme les battements d’aile
D’une hirondelle blessée
Elle rêve à un aigle noir
Qui se poserait un soir
Sur son épaule
Son sourire mutin
Reparaît au matin
Quand les rêves s’envolent
Barbara te rappelles-tu ?
La pluie sur Nantes et ton père qui t’appelle
Il t’a quittée sans dire je t’aime
T’a laissée seule et souveraine
Dans ton château de Marienbad
A Bruxelles
Dans ton café concert
Tes airs étaient amers
Comme les verres de bière
Tes sourires tristes
D’actrice
De cinéma triste
Emportaient tous les garçons
Dans le sillage de tes chansons.
C’est une dame brune
Avec des songes brisés
Qui s’envolent dans des airs
Elle préfère
Les criminels un brin canailles
Aux jeunes premiers bien arrangés
Les bords du Rhin dans les osiers
Aux décors mièvres de carte postale
Quand elle se lève
matins pluvieux
perlent les yeux
Percluse de rêve
Elle a des bleus à l’âme
Des regards de grande dame
Et des cils relevés
Ses paupières papillonnent
Comme les battements d’aile
D’une hirondelle blessée
27/11/2011
Sous la couette, avec ma lampe de poche
Nous cachons nos rêves d'enfants sous un tas de cendres.
Et sommes parfois étonnés qu'au petit matin des braises nous brûlent le front.
Je préfère un jour la trace noire, si elle me rappelle l'enfant que j'ai été et l'adulte que je voulais être.
Le rêve prend la forme d'un visage.
Le rêve prend la forme d'un sourire.
Le rêve prend la forme d'un amour.
14:34 Publié dans Poèmes | Commentaires (0) | Tags : rêve, enfance, sagan, songe, enfant, âge adulte | |
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10/05/2011
Ode au gorgonzola
Non ce n’est pas pour vous les filles !
C’est pas pour les gonzesses !
C’est bon, c’est gore,
On le mange avec les doigts.
Et toi ?
C’est quoi ?
Non ce n’est pas à la vanille.
Ta pâte persille.
Allez persistes !
T’en as plein les papilles
Gustatives.
Et même
Crois-moi si tu m’aimes,
Sur la rotative !
Oh !
Ce n’est pas malin,
Je n’ai pas de Sopalin…
Palin !
Dans ma gondole,
Sous le pont des soupirs,
Ne fais pas l’âne,
Allez mets-en,
Je t’en prie
Sur mon pain Poilâne.
J’vais lui demander à
Peppone,
De retirer de ma pizza,
Tout le peperonne
Et d’ajouter tout le gratin
Des fromages italiens.
Même servi,
Par un pizzaiollo acrobate
Par un italien d’opérette
Dans une gargote
Freestyle
De la rue des Martyrs.
Ou pire.
Je t’étale.
Tu m’emportes,
75 pour cent
C’est grave ?
mais grâce au gras
Au vrai
Un vrai délice.
Oh quel coup de sang !
Le supplice
De Tantale.
Non ce n’est pas pour vous les filles !
On le mange avec les doigts.
C’est le Gorgonzola.
22:19 Publié dans Inclassable, Poèmes | Commentaires (1) | Tags : gorgonzola, mascarpone, pizza, parmeggiano | |
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27/03/2011
Course d'orientation
La pluie des signes, l’île des cygnes, le désert des tartares, la forêt de symboles, la nuit des temps, la cabale. Déchiffre-moi ! Aie ! Pif ! Le fond de ma pensée, les valses hésitations, les je ne sais quoi, les je ne sais qui, les bègues, les Mystères de Paris.
Je rêve du mur séché au soleil de tes silences.
La muette, les portes, l’île de Ré, les sourires, les yeux, le regard, le Pont des amours, les stalactites, les peintures rupestres, les grains de beauté, les traveling arrière, les trous de souris, les poignées de portes, les correspondances, les mortaises têtières, le bricolage. J’ai glissé sous une peau de mandarine le secret des amours mortes, et sous un rosier fané le songe de tes pommettes. Saurais-je un jour pourquoi les filles sont patientes et font plusieurs choses à la fois ?
Une clef à mollette ouvrira le tiroir de ta commode. Et je n’aurai pas avancé d’un iota. Tu sais la vie, j’y comprends rien, j’y comprends rien.
12:36 Publié dans Inclassable, Poèmes | Commentaires (0) | Tags : mystères de paris, annecy, pont des amours, buzatti, commode, bricolage, mortaises têtiaires, bricorama, serrurerie | |
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11/03/2011
Ode à l'olivier
j'aimerais
tailler une rame
de papier
pour dire tout le charme
des rameaux de l'olivier
à Jerusalem ou en Toscane ?
s'interroge-t-elle en pressant l'huile
des olives
à la provençale
mais n'étiez-vous pas plutôt dans le quartier latin
comme il est de bien entendu
vu ou lu
pour un arbre italien
si d'aventure
l'olive plaît
que ce ne soit pas
s'il vous plaît
un calvaire
pour me mettre
sous presse
sur un mont
ou dans une maison
dis moi ma blonde
où pourrais-je trouver
mes feuilles oblongues
dans un bureau de tabac?
mais brisons-là
je vous laisse
le temps presse
Carapelli se carapate
22:58 Publié dans Poèmes | Commentaires (0) | Tags : olivier, édition de l'olivier, carapelli, toscane, mont des oliviers, jérusalem, maison de la presse, presse, feuilles oblongues, quartier latin | |
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28/01/2011
Ode au café
Je ne sais pas si tu peux lire
Je l’ai renversé sur mon poème
Je secoue les feuilles et la crème
Glisse sur les mots
Au matin
Quand bruisse la musique envoûtante
De la machine à expresso
Les allongés les Americains les crèmes les ristretti les capuccini les Viennois
S’écoulent sur le vers de mon poème
Goutte à goutte comme le brouillard sournois de la
Conjonctivite
Vite vite il déborde
Et je n’ai pas de carré pour essuyer l’écume
Sur tes lèvres
En forme de cœur
Acre
Dans la mer noire on m’a dit
Sais-tu qu’il y a du café turc
Peut-être suis-je un peu candide
De penser que des liquides
Il n’y a que la lagune
Promets moi de ne pas oublier
D’en racheter mon amour
Dans les sacs en toile
Dont on fait les chansons
00:32 Publié dans Poèmes | Commentaires (1) | Tags : expresso, cafe con pana, café, georges clooney, crème, coeur, addiction, viennois, américain, capuccino, café turc, mer noire, sacs, chanson, chanson de toile | |
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15/01/2011
Les Quatre cents Coups de fil
J'ai vu ta jolie nuque au téléphone, penchée tout contre le combiné. Il y a des téléphones rouges, des téléphones bleus, des numéros verts, et des téléphones roses. Mais toi c'était un téléphone gris, car tu n'es pas multicolore.
Il pleut, réfugie toi dans la cabine, de baignade, de pilotage, de douche, spatiale et écris-moi. Tes pas s'effacent sur le sable. Arrête de me chanter ta chanson, je n'entends-rien, j'ai pas de réseau, pas d'ami, pas d'amour que des funambules. Sur ta ligne, tu n'as rien calligraphié, rien dessiné, rien n'esquissé, rien chanté, rien dit, rien rédigé. Elles sont noires tes lignes, je les couvre au blanco comme ça tu peux la dessiner cette cabine anglaise que tu regrettes tant. Il pleut toujours à Londres? Surtout ne prends pas froid. Ecris-moi de temps en temps. Pense à son anniversaire.
Tu sais j'ai des prospectus et des astuces. Passe-la moi. Loto à qui le tour ? Extrait de concentré. Attends je te rends le combiné. Comment, j'ai pas de conversation? Tu as les yeux baissés quand tu parles, dans le clair-obscur. Des moineaux se posent sur ta ligne, confie-leur tes secrets. Ils babillent comme toi. Les langues se confondent -des interférences. N'oublie pas le pain. Tu as des enveloppes et des postcards ? Je préfère. Et tes amours ? Raconte-moi leur histoire. Repasses-tu quand j'appelle ? Où est la valise ma fille ? Des rochers et des cris. Votre correspondant est déjà en ligne. Envie de décrocher. Non ce n'est pas le dixième appel, on ne compte pas les mots d'amour. Il est parti vivre sa vie à Angoulême, sa mère est inquiète. Je vendrai des bijoux, il tiendra une station essence. Nous aurons de beaux enfants. Oui, celui en argent avec une perle. Tes pupilles et l'air de jazz. Adieu Clémentine. Ciao. Bye-bye. See you soon. Au revoir. Hasta luego. Até amanhia. Tu es toujours au bout du fil ? Non ça bat de l'aile. Ils s'envolent, et tourbillonnent. Je te bâtirai un gîte avec des poteaux téléphoniques. Tu leur confieras tes messages. Désolé Monsieur, écrivez-nous. Nous ne prenons pas les réclamations au téléphone.
Elle joue la fille de l'air.
Ils n'ont que des dresseurs de fauves, des trapézistes, des acrobates, des contorsionnistes, des éléphants du Bengale, des cracheurs de feu et des lanceurs de couteaux. Le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement.
N'est-ce pas un de ses cheveux sur la dune ?
13/12/2010
Les manèges de l'aube
Un tour de manège le matin a le goût des vacances, des filles qui dansent. Rien de mieux que de prendre l’avion après le petit déjeuner, d’y perdre sa chaussure, et de refaire un tour pour la chercher, avec le goût du jus d’orange dans la bouche. Une tête d’homme chante « salade de fruits », le nez raidi par le froid. Une vraie tête d’homme, les joues rouges, entre deux rideaux de théâtre de marionnettes : j’ai peur qu’elle ne me fasse la bise. Les chevaux de bois mal réveillés tremblent. La fusée en inox est inquiétante. On dirait un grille-pain. Les mousses carènent le bateau entreposé et rangent les cartes au trésor. Le marin de manège ne sera toujours qu’un intermittent du nettoyage, un astiqueur de souvenirs d’enfance, un tourneur-briqueur de gouvernails en plastique, bref un sédentaire sur sa foire du Trône. Jamais il ne pêchera dans les Mers du Sud ou n’étreindra Anne Bonny. Un mirage ovoïde. La machine à gaufres sous sa toile demeure hors-tension. Le forain sert la main de son petit-fils, qui passe un pied au-dessus de la moto pour lui dire bonjour. Nul n’est blafard sur l’escarpolette. Et la tasse à café nous réveille. Elle tourne comme une toupie, et je suis l’homme expresso qui vire et revire, sous les yeux d’une petite cuillère qui s’esclaffe.
22:44 Publié dans Poèmes | Commentaires (0) | Tags : manèges, souvenirs d'enfance, café, expresso, escarpolette, pirates, anne bonny, gaufres, mers du sud, filles, chevaux de bois, cuillère, sottise | |
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