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19/12/2024

Nicole Villan, les Merles et les Sapins

Elle distinguait à peine, ce matin-là, l’Hôtel du Mont d’Arbois dans l’épaisse fumée blanche. Il neigeait et la « StAtion » comme la nommait Noémie de Rothschild, avec un grand A, languissant comme lorsqu’on boit un grog, la « StAtion » se noyait sous des monceaux de flocons.   Nicole avait froid et même si son pantalon en fuseau émerveillait le petit-fils de Léopold II, il semblait givré. Sa matinée d’entraînement serait difficile. Elle harnacha la paire de skis sur son dos. La toile de Bonneval gainait ses muscles. Elle se dirigeait avec ses airs d’actrice américaine, vers le téléphérique de Rochebrune, avec la détermination d’un buffle. Mais dans les congères sa tête peinait à émerger de l’embêtement blanc. Megève s’en foutait ce matin des sportifs, et les noceuses, qui s’étaient endormies à cinq heures du matin sur des peaux de tigre, sommeillaient encore dans des chalets aux faux-airs de ferme de montagne, dessinés par Le Même. Nicole faisait abstraction de son statut de favorite dans l’équipe de France de ski, pour se concentrer sur ses objectifs : le Championnat du monde et le slalom de la coupe Valisère. Le grésil scarifiait ses joues. Ses cils se sclérosaient en stalactites. Son écharpe  semblait renoncer à freiner l’offensive du froid. Du blanc, partout, tout le temps. Comme une sorte de nuit à l’envers. Elle marchait énergiquement et vit enfin la silhouette du téléphérique.

 

En pénétrant dans la gare de départ, le silence était seulement troublé par le bourdonnement d’un poste à galène, d’où une voix annonçait les nouvelles du jour. « Ce 7 décembre 1938, les deux nations se déclarent prêtes à établir des relations de bon voisinage. Elles expriment la conviction qu’ils n’existent entre elles aucune opposition d’ordre vital. »

Elle crut voir dans le brouillard le tremblement des silhouettes de Georges Bonnet et du Général Von Ribbentrop apposer leurs signatures sur l’accord franco-allemand.

 

Pas de présence humaine. La régie était vide et Nicole eut un peu d’appréhension en montant seule dans la cabine. À peine entamée, l’ascension s’interrompit, laissant la cabine soumise aux rafales de vent qui rendaient intenable la perception du froid. Elle ne distinguait pas les cables tant le téléphérique flotta quelques minutes dans une nuit de coton. Elle n’avait aucune raison de s’inquiéter : aux dires de ses amis la remontée n’avait pas connu d’incident depuis sa mise en service cinq ans auparavant. L’ascension reprit. Elle distingua quelques têtes roulant au dessus-de la piste comme des accessoires de prestidigitateurs. Les skieurs nageaient davantage qu’ils ne glissaient. Chaque fois qu’elle se pencha pour regarder, elle eut l’impression trompeuse d’impulser un mouvement à la cabine.

 

 

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En haut, elle fut aussi accueillie par un poste à galène, comme si le personnel veillait à masquer son absence. Elle sortit de la gare et dut se protéger le visage dès que les murs ne l’abritèrent plus. Elle s’élança sur la « Super Megève », déterminée à ne pas s’entraîner pour rien. Elle commença par une chute dans une congère. Le vent accumulait la neige dans les dévers et malgré sa connaissance du domaine, la visibilité infime provoquait des maladresses. Même le Mont-Blanc se défilait, c’est pour vous dire. Elle dut s’arrêter. Le quelques faux-plats du début  lui posaient problème car ils survenaient alors qu’elle croyait descendre. Elle perçut le danger qu’il y avait à ne pas essayer d’imaginer son parcours au préalable et décida de faire une brève pause

 

Quand elle se lança à nouveau, la descente devint plus franche et elle se laissa porter avec moins d’inquiétude, même si la poudreuse dépassait parfois sa taille, marquée par une ceinture de cuir. Elle goûtait une liberté réelle dans un mètre de neige fraîche et sur une piste étrennée par les seuls pisteurs. Une pionnière. La première trace sur une mer de neige. Cela lui rappela les descentes chinoises de son enfance, dans la forêt avec son moniteur de ski. Elle songeait à ces après-midi, comme à une virée en Arcadie. Elle s’était forgée un moral de championne dans ces territoires vierges où, entre deux sapins, les merles, les mésanges et les geais bleus s’envolaient sur son passage. Elle sut alors que la vie n’était qu’une glissade insolente et qu’elle ne renoncerait jamais à ses deux planches de hêtre.  Elle effectua un virage approximatif en se repérant à l’aide des rares poteaux visibles. Par pallier, la visibilité s’améliorait légèrement sans que le Mont d’Arbois devînt visible ce qui donne une idée assez précise de la purée de poix dans laquelle elle évoluait. Elle ralentissait dans les courbes profondes car ces spatules disparaissaient sans qu’elle n’ait aucune idée des aspérités qu’elles absorbaient.

 

La descente de 700 mètres de dénivelé progressait à peine. Elle distingua une sorte de mur de soutènement et décida de s’arrêter. Il y avait un porche d’entrée et un escalier que seule la rampe permettait de distinguer. Sur les deux murs latéraux deux bancs étaient fixés à même la pierre par des chaînes d’acier. Elle avança, saisit la rampe et sortit une clémentine de sa poche. Il y avait des traces de sang dans la montée d’escalier et devant l’entrée. Elles formaient des figures ovales, un peu comme des anneaux olympiques, mais leur densité n’était pas uniforme. La neige ne les avait ni figées, ni noircies. Elle déchaussa ses skis qu’elle planta, droits contre le mur, et se hissa  à l’aveugle pour ouvrit la porte. Quand elle regarda à l’intérieur, elle vit un toit béant. Et une pièce principale immaculée. L’animal ou l’homme blessé n’avait pas franchi le seuil. Un songe de son enfance lui revint en mémoire. Une entrée de couvent au bord d’un  lac, du sang sous le porche. Le rouge avivé par le soleil et la certitude d’un établissement religieux. Des reflets dorés à la surface de l’eau, les chaînes de montagne autour du lac. Mais la carte postale était définitivement salie. La peur la réveillait. Les traces disparaissaient après le seuil. Elle jeta les peaux de clémentines au milieu des gouttes rouges. Le goût acidulé la rafraîchit. Elle avait blêmi comme lorsqu’un matin nous croisons, sur le trottoir, une silhouette blanche dessinée à la craie.

 

Les derniers mètres de la piste furent les plus rapides et les plus agréables. Nicole avait la sensation que la vue se dégageait et elle prit plaisir à virevolter.

 

Quelques mois plus tard, elle remporta la coupe Vallisère, sous les applaudissements de François Parodi et de Noémie de Rotschild. Tous les Mégevans firent une  nouba d’enfer au Mont d’Arbois. La fête dura trois nuits entières. Cette victoire ne fut pas en mesure de faire taire les bruits de bottes. Trois allemandes montèrent sur le podium des championnats du monde et Nicole les ovationna.

 

                                                                            © Stéphan Pardie

 

Photo d'une double page d'Alpes Magazine, décembre 2011.

 

 

27/10/2017

L'entretien électrique, Dimitri Bortnikov

Face au Styx, éditions Rivages.

 

Face au Styx, paru en janvier, le nouveau roman de Dimitri Bortnikov, charrie des torrents d'émotions et remise la rentrée littéraire dans des cartons à chapeaux; cascade de rire et de larmes. À quoi bon la rentrée quand on a Shakespeare, Tolstoi et Bortnikov?  qui se paie le luxe de rédiger son deuxième roman en Français, après trois en Russe. Dans une langue frigorifiante. Un peu comme si, non content d'écrire dans celle de Molière, il la balançait dans la Volga.

Un jeune homme déambule dans Paris, fait face au quotidien, d'aide-ménager à traducteur, multiplie les rencontres foldingues, convoque les vivants et les morts et nous entraîne dans un voyage mystique et grotesque. Au terme des 750 pages, le lecteur exsangue, n'a qu' une envie,  l'interviewer au Café Odessa. Dimitri l'attend un expresso à la main.

 

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                                                                  Crédit photo, Igor Kov

 

Je ne crois pas une minute à l’appellation « roman » de votre texte et j’aimerais que vous défendiez cette appellation. Pour moi, vous avez écrit une autobiographie tellement folle que vous avez sans doute eu peur que personne ne vous croie.

Je ne suis pas Dieu pour qu’on me croit ,moi ! ni un voleur, moi ! je pense qu’il faut jamais croire…c’est un roman, point barre. de toutes façons, si je dis que tout a été inventé ou que tout est vrai, ce sera faux ! je crois simplement, en toute dimitritude –d’ avoir écrit un livre…  un gros livre, ah ça – oui ! pour le donner au monde… pour que le monde le lise et que, si ça lui tombe des mains - ça lui fasse très mal aux pieds !

Au début, si vous souhaitez que l’on parle de ma façon d’écrire, elle est aussi incroyable que le résultat. pour chaque pain, il faut avoir un four ! pour chaque saucisse… parce que les écrivains français font souvent des saucisses -  ils utilisent des moules, et moi je ne fais pas de saucisses, moi ! je fais des gros taureaux et il a fallu 8 ans, mon dieu… c’est un taureau de 8 ans, bon dieu ! un taureau tout à fait combatif, lui ! un taureau de Phalaris, lui ! Il m’a fallu 8 ans pour faire au début 8000 pages manuscrites ! mais c’est à ébouriffer les chauves, ça ! imaginez ! et puis – il a fallu les réduire à 3000 pages dactylographiées ! et c’est pas tout !  je les ai envoyées à mon éditrice… comment ? eh bah en  trois boîtes à chaussures ! pleines de pages. du coup elle n’a pas pu essayer ses godasses parce c’était trop ! même pour un régiment de Goliath !

Elle a suggéré de réduire à une seule boîte ! puis il m’a fallu tout mettre en ordre parce que j’écris par bribes. et puis – le pire ! j’ai dû imprimer 3000 pages et voir l’ensemble, mais en piles, en rames, je ne vois rien.  du coup, j’ai dû les coller quelque part…  j’ai été contraint de louer une petite chapelle désaffectée. je les ai collées sur les murs, sur le plafond ! partout ! j’ai pris un matelas, je me suis allongé au milieu de la pièce… une longue vue à l’œil ! et alors comme ça je lisais avec une longue vue ce qui était collé aux murs. j’ai fait  des collages, des coupes sur ordinateur jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une seule page sur les murs ni au plafond… un travail gigantesque, quoi ! c’est plus facile pour un ours pouilleux de baptiser chaque pou que de refaire ce que j’ai fait… 

Est-ce que votre éditrice vous a sauté dans les bras quand elle a reçu le manuscrit ?

Non, non, non ! elle ne m’a pas sauté dans les bras parce qu’elle avait les bras occupés ! elle tournait les pages, elle !

Quand vous racontez ça, avec votre longue vue, vous faites passer Flaubert et son « gueuloir » pour un collégien !

Flaubert c’est un grand romancier, qui, dans certaines pages de Mme Bovary, devient un grand écrivain. certaines pages seulement, sinon c’est un grand romancier, lui.  grâce à Flaubert et Proust j’ai compris la différence entre un grand romancier et un grand écrivain. Proust est au-delà des ordres, il n’est pas un écrivain bourgeois, lui ! grand jamais !  tandis que Flaubert le reste.

Un écrivain  russe n’est jamais un écrivain bourgeois : prenez  Dostoievski, Tolstoï, Cholokov…parce qu’un écrivain russe cherche autre chose, il ne cherche pas à gagner sa vie avec sa plume…il cherche à la perdre, sa vie ! à  la perdre le mieux possible! parce que les écrivains russes sont souvent des mystiques. Parfois c’est ennuyeux, ça… franchement, les scribouillards russes sont sérieux, mais oui, pire que les perroquets sourds à un  mariage de rossignols !  mais… mais…comme disent les évangiles « celui qui garde son âme la perdra et celui qui perd son âme la gagnera ». une différence primordiale entre l’écriture à la Russe et l’écriture à la Française.

Du coup, c’est pour ça que vous ne lisez pas d’auteurs modernes. J’ai lu votre livre de manière politique, comme une sorte de refus de l’égoïsme, un livre généreux, un livre sur l’accompagnement, aux antipodes de la production moderne ?

Il y a un engagement politique.. mais dites moi : quelqu’un  qui est bloqué en haut de l’immeuble avec une Kalashnikov et que tout le monde attaque doit se défendre. donc le personnage de ce livre est en quelque sorte au milieu du désert avec une kalashnikov mais c’est une kalaschnikov à eau !

C’est un pistolet à eau qui arrose et les bons, et les méchants. comme une espèce de gargouille, qui pleure sur les bons et les méchants, sur la gauche et sur la droite ! à la Léon Bloy ! mais bien rasé ! parce qu’ici-bas n’est pas le royaume du bien, le bien et le mal sont mêlés, donc pour qu’on  voit les fruits des bons et des méchants - il faut les arroser tous ! mais tous ! comme ça, à la fin des fins -  on reconnaîtra les tomates et les courgettes !

Donc à part offrir ce livre aux lecteurs vous écrivez sans but ?

Je ne suis qu’un œil qui voit au-delà de la pointe de la flèche, parce que pour un tireur français, le but c’est la pointe de sa flèche, pour moi ce n’est ni la pointe, ni la cible, c’est au-delà.

En vous lisant j’ai songé à Rimbaud qui dit : «  Le poète est voleur de feu  chargé de l’humanité, des animaux même ; et qu’ il devra  sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu’il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c’est informe, il donne de l’informe."

J’ai pensé à ce passage, en me disant que votre narrateur, et votre auteur sont chargés de l’humanité tout entière.

Humanité ? je ne sais pas… mais chargé de l’humain – ça – oui ! très oui ! archi-oui ! l’écrivain parfois fait vibrer quelque chose en nous, sinon la terre pour que les mots dans notre tête se décollent et que l’on puisse faire passer une feuille entre les mots et ce que les mots doivent dire… je parle parce que je ne peux pas faire autrement, mais lorsque vous regardez les yeux d’un muet qui soudain a envie de dire quelque chose, vous comprenez à quel point votre désir de parler est nul à côté de son désir de verbe ! tout est là !  seuls le désir, la soif du verbe comptent ! le reste – c’est de l’eau pour arroser les culs-de-jatte en attendant que leurs pieds repoussent !  regardez les drapeaux…quand il n’y a pas de vent, le drapeau n’est pas animé mais dès que le vent se met à souffler - vous voyez le drapeau bouger. or vous ne percevez le vent qu’à travers le drapeau. le langage est le drapeau. le verbe est le vent. un muet est verbe,  mais il ne peut faire bouger le drapeau du langage.  un vent sans  drapeau…  et moi, alors ? ho ! je suis à la fois le drapeau et le vent.

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Dans le livre le  narrateur rend  hommage  à ses personnages, fait revivre des figures, mais semble avoir trop d’humilité pour prendre la parole à leur place.

Ho-ho… et puis quoi encore ! mais bien sûr, si l’on prend la parole, cela devient tout de suite de la littérature ! c’est une malédiction pour un écrivain de faire de la littérature ! imaginez que, vous êtes dans une pièce et vous êtes une mouche, et je ne sais par quel miracle vous avez réussi à mettre en route l’aspirateur ! vous avez écrit quelque chose… d’accord, et puis vous êtes publié ! le premier roman sort ! vous êtes une mouche et si vous continuez, vous serez aspiré par l’aspirateur et fini les raspapouilles !  avec le Syndrome de Fritz, j’ai mis l’aspirateur de la littérature en rut, moi ! même pas en route, en rut ! la littérature est en rut, elle veut être baisée, et que l’on devienne la littérature. moi je m’y refuse ! donc il faut battre de toutes ses ailes devant la bouche de l’aspirateur, pour ne pas être aspiré. pour rendre visible la différence entre la vision et la littérature.

J’ai vu que vous aviez écrit quatre autres romans, un en Français, trois en Russe, j’ai l’impression que le thème du précédent est très proche de celui-ci est-ce le cas des romans  russes ?

Oui, j’ai toujours voulu rendre visible l’invisible. j’aurai aimé être soit prêtre, soit médecin, soit peintre. peintre, je ne peux pas, médecin c’est raté, et prêtre…je suis mi-prêtre, mi-sage femme, moi. les prêtres vivent des morts, des baptêmes, mais il n’y en a plus des masses... moi je suis une sage-femme qui vit des morts, j’accouche les âmes.

J’ai été étonné d’une description d’accouchement, pas une description mais une référence à un accouchement, écrite comme si vous en aviez vécu plusieurs.

Mais oui, ma mère était comme la mère de Socrate, sage-femme, et je faisais des études de médecine pour devenir gynécologue ou obstétricien ! j’en ai vu plusieurs, j’ai vu l’accouchement de la foule des corps et des âmes, des morts-nés… des fausses-couches. des césariennes.

La mort est omniprésente dans le récit, est-ce que vous pouvez nous parler un peu d’elle ? Comment le narrateur fait-il pour résister à cette litanie du malheur qui parcourt le livre ?

Pour moi, c’était la question de pousser le langage jusqu’à l’indicible. la seule chose vraiment indicible - c’est assister à l’agonie d’un être vivant, moi-même, vous, les chiens chats, bêtes sauvages, domestiquées. au bout d’un moment j’ai voulu que le langage entre en agonie, et c’est au moment de l’imminence de la mort, que nous voyons le langage comme un dauphin sortir de l’eau et plonger pour de bon. le langage humain c’est le dauphin… un poisson qu’on ne voit jamais, nous savons qu’il est là mais on ne peut le découvrir que quand il disparaît, il disparaît au moment de la mort.

Le langage trouve-t-il au moment de la mort de quoi se ressourcer ?

Bien sûr, parce que vous sentez une présence surhumaine, autre chose que vous, plus grande, immense et à ce moment-là vous vivez véritablement.  et c’est pour moi le plus important en étant mystique du bout de mes pieds jusqu’à la pointe de mes cheveux ! je suis en chasse de cet état de grâce qui fait que l’on renaît avant de mourir… cette renaissance, la plus grande grâce qu’un être vivant peut éprouver. certains recherchent cette grâce dans l’amour, d’autres dans la drogue, l’écriture, mais pour moi si l’on peut ramasser toute l’activité humaine, c’est avant de mourir, avant de passer du mauvais côté de l’herbe, des pissenlits.

Quelle place vous donnez à l’humour dans cette façon d’accompagner la mort en permanence ?

Ce n’est pas l’humour : l’humour, c’est la joie versée dans un verre. la joie, elle est partout, elle ! mais si vous voulez boire la joie, vous êtes obligé de vous servir dans un réceptacle. ce réceptacle est l’humour ; on a envie de boire un verre de la joie -  on nous la sert dans un verre l’humour, mais si nous pouvions boire à la source ce serait la joie. parfois certain humour est plutôt le post-coïte de la joie.

J’ai lu un peu Gogol après nos discussions je trouve que c’est le roi du grotesque, de l’étrange, de la drôlerie. Vous aussi, mais vous, on a l’impression que c’est la condition humaine qui est drôle plus que le texte.

Oui, elle est hyper drôle, regardez les gens qui marche dans la rue, chacun dans son monde.

Des « Nez qui marchent » ?

C’est l’indifférence qui marche, tout le monde se fout de tout le monde, les gens marchent mais ce qui m’intéresse véritablement c’est la magie qui en découle. Tout le monde fait semblant de se foutre des autres… il suffit d’observer ce qu’il se passe ! ah je suis vicieux… le monde c’est une ruche gorgée du miel… mais moi – je suis un ours allergique à son miel !  faut voir le monde ! un moment donné il y a une telle harmonie de l’indifférence que vous voyez que toutes les voitures défilent à la même vitesse. les gens marchent ensemble à la même vitesse ; leur pas, leur visage, leur façon de parler au téléphone, leur façon de fumer est exactement la même et pourtant ils prétendent tous à être différents ! à être meilleurs ! à mériter quelque chose de plus que l’autre ! mais il suffit que quelqu’un tombe dans la rue… il suffit que quelqu’un dans la foule des marcheurs se mette à courir ! c’est fini ! leur vie est bousillée ! et le monde veut alors éliminer celui qui trouble l’harmonie des égos, bien dans leurs babouches ! il y a une très grande harmonie de la guerre, constante dans le monde d’aujourd’hui.

J’ai l’impression que vous avez une peur panique, de ne pas courir dans la rue, de ne pas gueuler, de ne pas déranger cette harmonie. Le rôle de l’écrivain est-il de déranger cette harmonie ?

Déranger je ne sais pas, car déranger c’est s’engager. moi – pas ! moi – pas comprendre ! toute ma vie je voulais être comme tout le monde, moi ! je voulais être non-présent… je voulais être encore plus anonyme qu’un souriceau de Notre-Dame, moi ! je voulais que les gens ne me voient pas ! surtout pas !  mais je n’ai pas réussi parce que pour devenir invisible, véritablement, il faut arrêter toute votre activité de présence, car votre présence, c’est votre activité. il y a toujours quelqu’un qui vous regarde, qui s’en fout de vous, de lui-même, de tout, mais qui vous regarde... celui qui veut être invisible finit par déranger, parce qu’à force il donne l’impression qu’il a quelque chose à cacher ! qu’est-ce qu’il a de plus pour ne pas vouloir être avec nous ?! merde alors ! pourquoi, il ne veut pas participer !? archi-merde alors ! pourquoi est-il toujours en marge ? pourquoi n’a-t-il pas besoin de nous ? pourquoi a-t-il les poches cousues ? nous on découd nos poches, nous ! on montre le fond de la culotte de notre âme !  et lui ? il n’a rien, lui ! ne demande rien, a les poches cousues, bouche cousue, tout !

Lorsque votre narrateur est hébergé chez une vieille dame ukrainienne, il est dans la disparition de soi, vit dans le sous-sol, a cette forme de tranquillité de disparaître du monde.

Ça c’est mon rêve, ça. c’est pour ça que je suis fasciné par la mort, parce que t’es tranquille après, vraiment tranquille, mais par contre il y a un piège, si jamais il y a quelque chose après la mort, c’est dingue, vous sautez de la soupe qui est la vie dans le cassoulet brûlant qui est la mort, là c’est… c’est l’enfer !

Ce serait emmerdant ?

Oui pour moi ce serait une catastrophe, ça ! cette tranquillité est l’absence totale quand personne ne se rend compte de votre mort, parce que personne ne s’est rendu compte de votre vie ! c’est ça qui est bien, que les gens vous oublient, cet état de paix intérieure, que les moines cherchent ici, mais qu’on ne peut en aucun cas trouver ici.

Mais votre narrateur ne s’efface pas. Il est en permanence présent aux autres, à ceux qui vont mourir, jamais dans l’effacement cynique.

C’est impossible de s’effacer de façon cynique… c’est une connerie, ça.  le cynisme a un arrière-goût d’amertume, une sorte de jalousie de la vérité. quand la vérité n’est pas bien née, n’a pas eu la gestation véritable, quand la vérité est mort-née, elle devient cynique, et moi je ne peux pas être cynique car dans le cynisme, il y a un manque, des regrets, des remords mort-nés. ceux qui meurent, envoient l’appel qui donne envie d’écouter ce silence qui précède la paix éternelle. pour moi la paix n’est jamais emmerdante. Pascal disait que toutes nos emmerdes viennent du fait que nous ne pouvons pas rester tranquilles dans nos chambres ; il avait raison !

J’ai été étonné par une tribune que vous avez écrite dans Le Monde, dans laquelle vous vous énerviez contre les écrivains  qui refusaient l’homophobie en Russie. Je ne l’ai pas comprise immédiatement, puis j’ai réalisé que ce qui vous inquiétait, c’était  l’uniformisation des comportements.

Il faut que tout le monde soit comme les Français. il faut que tout le monde bouffe la baguette par le bon bout ! il faut que tout le monde casse l’œuf sur notre bosse du travail ! il faut qu’on s’engueule, râle comme les Français, c’est ça la mission des nains auprès des Goliath, et si vous voulez péter parmi les nains – vous savez très bien - il faut s’accroupir !

Du coup vous êtes bien content d’avoir un nouveau Tsar qui affirme sa différence envers les Français ?

Bien sûr, je suis content de mes jumelles qui me permettent de voir que Poutine n’est pas seulement un dictateur, c’est un tsar, je suis content de ma lucidité, c’est une petite joie, mais j’en suis content !

Parce que la Russie n’a jamais été démocratique, c’est la continuation des Tsars, c’est Vladimir le Premier, il y avait Pierre Le Grand, Yvan le Terrible, Catherine II, Elisabeth Première, Alexandre I, II, III, Staline, Joseph Ier et demi ! Brejnev, toute une bande de princes, il y a maintenant Vladimir le Ier, ça va c’est la logique ! pourquoi exiger que les Russes deviennent d’un coup les Français ?

Est-ce que les Gaulois ont fait d’un coup la Révolution française ? je suis grand lecteur de Joseph de Maistre,  et lui… il a ouvert le tombeau de la Révolution française – il l’a fait visiter… un génie, quoi. Il a pu entendre dans les matins de la Révolution – son glas.  c’est lui qui a influencé Baudelaire, Flaubert et tous les grands contre-révolutionnaires.

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                                                                                                  Moscou, dans un parc

Dans les personnages du livre, il y a un personnage bouleversant qui est le « petit bossu », que le narrateur connaît dans sa jeunesse qui est le point originel, pour comprendre le désir mystique du narrateur, pour comprendre cette idée de traversée du Styx, de passer de la vie à l’au-delà.

Le Petit Bossu, pour comprendre ce personnage il faut relire les Confessions de Saint-Augustin, car Saint Augustin avait un ami, un grand ami, il a voulu le sauver, il n’a pas réussi, moi j’ai voulu le sauver, mais j’étais petit, je n’ai pas réussi. saint Augustin avait Dieu comme infirmier, moi j’aurais aimé l’avoir à mes côtés, mais à ce moment-là, je ne l’ai pas eu, j’étais seul, et il était condamné par la vie. une âme perdue, pas viable, condamnée à mourir.

N’est-ce pas ça la vie ? Accepter que les gens partent, sans aller contre ce mouvement ? Lui aussi a vu son frère disparaître et ne pouvait rien faire.

Oui, il ne comprenait pas ce qu’il se passait, quand vous êtes enfant, quand vous ne comprenez pas c’est une chose, quand vous comprenez c’en est une autre. le personnage du Bossu est une manifestation de la bonté absolue qui ne sert qu’à refléter la méchanceté et le Mal de l’homme. vous ne pouvez pas accepter que cette lumière disparaisse, parce qu’elle ne doit pas disparaître. vous êtes obligé de vivre avec la mémoire de cette bonté absolue.

De la joie mystique ?

Une joie que vous avez vue. tout le monde peut nier mais vous, vous l’avez vue. la présence d’une seule personne, qui a vu, change le monde et rompt l’unanimité. j’ai horreur de l’unanimité, toutes les lapidations viennent de cela ! et celui qui a jeté la première pierre le sait.

Dans le livre, un autre personnage m’a beaucoup plu, celui de Samourai, pourquoi lui avoir donné un nom de garçon ?

Parce que la folie nous retire notre genre, nous sommes autre chose, lorsque la raison perd ses repères, dépasse les bornes, perd ses garde-fous, la folie vous inonde, et la folie est unisexe, moi ce qui me réconcilie avec la folie, c’est que nous pouvons vivre avec. celui qui a peur de la folie deviendra fou. celui qui l’accepte peut la dépasser. La folie humaine c’est une sorte de voleur qui devient tyrannique, parce que vous avez peur de lui. un jour, à force d’avoir peur, le tyran vous cambriole, la folie change les serrures, mais si votre raison ouvre la porte et lui dit « viens il n’y a rien ici, prends ce que tu veux »  la folie va partir les mains vides et vous laisser plus riche que vous ne l’étiez… Samourai guérit, par amour, parce qu’il s’occupe de ce garçon, Cow Boy, plus fou que lui. Samourai a vu sa propre folie, quand Samourai voit son propre père au Japon il voit sa propre folie, son père qu’il n’a jamais connu, cette folie qu’il jamais regardé.

Qu’est-ce qui pour vous est le plus important, aimer ou manger ?

Aimer évidemment, parce que la seule petite chose qu’un être humain peut accomplir pendant ses 60 ans, c’est aimer. s’il est capable d’aimer, sa mort sera douce et le temps, fils de l’éternité, se penchera sur lui pour lui fermer les yeux. celui qui n’a  jamais aimer restera mort les yeux ouverts en pensant qu’il est vivant. nombre de gens ne savent pas qu’ils sont morts.

Un grand mystique disait que  « Si tu veux être aimé, aime ! »

Vous êtes chrétien ?

Oui je suis chrétien orthodoxe.

Il y a dans le roman,  cette  image de la Volga dont les blocs de neige craquent, la Russie vous manque-t-elle ?

Ce qui me manque le plus, ce n’est pas la Russie c’est la neige, cet état de la neige qui tombe, la neige allongée, la neige tranquille, la neige du dimanche. cet état me manque. et la Russie...vous savez que la surface de la Russie est plus grande que celle de  Pluton, donc c’est une planète, la Russie !  ça ne peut pas manquer, parce qu’elle est là ! il y a toujours la Russie quelque part… à la radio, à la télé, c’est impossible de la manquer. elle est là.

Un personnage est prénommé Ourson dans le texte. N’est-ce pas trop pas trop dur pour lui d’avoir un papa qui écrit aussi bien ?  qui doit avoir des états de transe quand il écrit et cloue des textes sur les murs d’une chapelle ?

Il sait que je l’aime plus que moi-même, il le sait, il le voit, le reste - c’est la vie quotidienne. il est plutôt content d’avoir un père bizarre, qui vient de la Russie, d’une autre planète, père bizarre, mais père-légende. il a quelque chose que les autres n’ont pas, beaucoup de parents veulent cela, mais ils ne peuvent pas, parce qu’il faut gagner sa vie, partir en vacances, moi je ne peux pas ça pour lui, mais je peux lui donner tout mon amour.

Dans le roman, le narrateur qui est aussi fils de son propre père, dont il a assisté à l’agonie,  jure « plus jamais la violence ». mais il s’y abandonne, devant son fils avec un clochard, la mission échoue, la violence est très dure à éliminer. pour l’éliminer, il ne faut pas  en avoir peur, la regarder en face et surtout, très surtout - ne pas agir, mais la voir, car notre peur de la violence produit de la violence.

J’ai été impressionné de voir que vous avez été dans la Légion  étrangère et ça ne correspond pas du tout au stéréotype que l’on peut se faire du narrateur.

Mais pourquoi ?

Pour moi nous lisons dans le roman, le trajet d’un homme qui fait face à la violence du monde et lui résiste. Loin de l’image d’un légionnaire ?

Mais les soldats qui partent en mission en Afrique, ils partent  pour l’éliminer par les armes, nous voulons tuer la violence, nous frappons quelqu’un qui frappe.

Pas d’autre technique pour l’instant ?

Si, il y en a, mais si on a besoin de protection, je vous conseille un gorille et pas une colombe.

Dans votre roman, le narrateur agite un cadavre pour faire peur au camp adverse. Est-ce que vous avez fait la même chose ?

Oh j’ai fait bien pire, ça c’est rien, c’est juste un bout de doigt, c’est rien ! c’est un petit bout de tissu, un petit bout de chair à côté du corps, mais j’avais 18 ans avec tout ce qui va avec, le désir d’aventure…

Vous avez bien rigolé ?

Parfois oui, ou non , mais c’était  ma vie. Et puis, entre nous, - les émotions nous occupent !

Je me suis demandé comment votre éditrice pouvait recevoir un tel texte et justement rester dans  son rôle d’éditrice, garder une certaine distance par rapport à vous.

Si vous êtes un éditeur, mais quel réaction auriez-vous ?

Moi j’adorerais.

Mais adorer, ce n’est pas  un mot, juste un étendard, mais il y a toute une armée d’émotions derrière, ce n’est pas un vers, on peut adorer un vers, juste un vers, un petit bateau, ivre ou sombre… tandis que là c’est une armada, il faut se protéger contre l’armada.

Est-ce que ça n’a pas été trop dur pour elle ?

Tout le monde doit se protéger contre la vérité, pour survivre, moi je ne vais pas continuer à me protéger de la vérité, c’est fini ça, fini pour moi la protection… la vérité artistique, ça vous fascine, ça peut vous entraîner là où vous n’êtes jamais allé, d’où mes découvertes de Bach, de peintures, ça peut changer votre vie, un texte. ce qui est important c’est de changer ma vie, pas celle des autres,  je ne suis pas un délivreur de message, je ne fais pas la livraison de colis, je fais ce pourquoi je suis né, le reste c’est à chacun de voir, mais le colis est là, emballé… ce n’est pas un colis piégé, ça ! ni un colis serpent ! plutôt un colis colombe et mon éditrice se nomme Colombani.

Un livre d’un personnage qui vacille. Un ami m’a dit « n’oublie pas que ce n’est qu’un texte », que cela ne reste qu’un texte.

Une cuillère c’est une cuillère… un livre ça peut devenir une  cuillère, et armée comme ça vous pouvez manger votre vie. il y a des gens qui préfèrent manger avec les mains. il y a des gens qui ont des cuillères qui s’appellent Mme Bovary, moi je m’appelle Face au Styx, c’est tout. et puis il faut être prudent !  la prudence ! l’accouchement d’un cactus ! et puis la discrétion ! on en a jamais trop !

Vous avez un livre en préparation.

Je suis épuisé comme un raton laveur qui vient d’inventer un lave-linge ! mais je ramasse des choses, pour mon prochain voyage de huit ans, pour inventer un nouveau lave-linge.

En vous lisant, j’ai l’impression que votre langue, une langue française devenue frappadingue, est une sorte de langue à mi-chemin entre Russe et Français. Est-ce que vous êtes d’accord si je dis que la structure du langage semble affectée par la structure du Russe. Une économie de moyens, disparition d’articles, de déterminants,  que l’on n’a pas en Français.

Ce n’est pas une économie de moyens. d’abord Proust disait que les grands textes sont écrits en langue étrangère. parfois j’ai éliminé les articles là où je sentais qu’ils pouvaient gêner la vitesse de la vision, parce qu’avant que la vision ne s’habille en phrase, elle disparaît. vous ne voyez plus que le vêtement ! vous ne voyez que le drapeau agité par le vent. je veux que la vision soit nue…  parfois les articles me gênent, comme d’ailleurs les majuscules qui sont les hauts-de-formes de la phrase. ce chapeau est la première chose que vous voyez, son absence permet de se concentrer sur la phrase, d’entrer dans le texte. nous ne sommes plus au XIXème siècle, la langue ne nécessite plus que l’on mette de couvre-chef ! et mes points d’exclamations sont des hauts-de-formes jetés par terre ! enlevés par le vent de l’émotion. la langue ne se déshabille pas toute seule… faut l’aider. gentiment.

Est-ce que cela correspond à la volonté que le texte soit un flux de conscience ininterrompu, et dans lequel apparaissent et disparaissent des personnages dans la conscience même.

Je ne dirais pas que c’est Joyce, Joyce, c’est hyper rationnel, tellement que ça devient presque mystique. pour moi c’est le contraire, il fallait s’arrêter chaque fois que la vision avait ses boutons de chemise ! quand vous nagez dans la Volga, vous faites corps avec elle et au bout d’un moment vous devenez la Volga. le poisson n’est-il pas l’eau vivante dans laquelle il vit !? parfois il saute hors de l’eau, mais l’eau sans poisson, c’est une mer morte… mer sans âme. Mon texte – c’est celui qui nage et l’eau. deux à la fois.

 

 

 

 

 

 

 

 

19/07/2015

Action Vérité

 

Amandine n'avait pu réprimer une grimace de dégoût. Elliot avait un bec de lièvre qui entravait son élocution. Une partie de son visage était tâché comme s'il avait été brûlé vif. Cette rencontre l'avait d'autant plus surprise que sa silhouette bondissante ne laissait pas présager une telle monstruosité. Au fil des jours elle avait appris à l'aimer, sa drôlerie, sa façon de danser époustouflante. Ses cheveux longs cachaient des yeux gris. Elle les avait oubliés et ce fut après la disparition qu'elle s'en rappela. Elliot se volatilisa comme une ombre quand le soleil apparaît. Elle ne lui avait auparavant jamais posé de questions. Elle  préférait lui tenir la main. Il disparut un jour de neige, sans emporter de bagage. Au beau milieu des sapins et des guirlandes en aluminium.

Chaque matin, au réveil, elle imaginait son retour. C'était devenu un rituel matinal au même titre que le café ou l'eau froide sur le visage. Elle se le représentait avec une barbe de plusieurs jours, il la prenait dans ses bras, ne lui donnait aucune explication et finissait sa vie avec elle, sur un tapis en duvet, au pied d'une cheminée, avec des enfants qui courent derrière les canapés. Mais chaque jour la maison était vide, la journée s'écoulait sans lui. Il avait bel et bien disparu, sans l'embrasser. La gendarmerie n'attacha aucune importance à ce qui ressemblait à une fugue ou à un départ volontaire.


Aucune dispute n'avait précédé son départ.
Aucune mésentente.
Aucun conflit.

Amandine était certaine que l'affection d'Elliot  le dévorerait  comme au premier jour et qu'il n'oublierait jamais les yeux ronds, les boucles, le visage d'angelot de sa compagne et le poids des ans sur leur amour.

Trois mois s'écoulèrent. La pelouse verdissait.

Il revint et lui offrit une marguerite. Elle le reçut comme dans ses songeries matinales sans lui poser de questions. Il ne lui donna aucune explication, jusqu'au jour où, un croissant à la main, il lui raconta tout. Elle avait toujours cru qu'il était fils unique. Or son frère vivait en Suisse, dans un chalet, atteint également d'une malformation génétique et avait décidé de passer sa vie à l'abri des regards. Il l'avait découvert blême, allongé sur son lit, sans médicament. En le voyant, Elliot s’était lancé : "J'ai voyagé pour te dire que l'amour existe, que je l'ai rencontré, il y a dix ans, et que tu peux sortir de ta cachette." Son frère était blanc comme un linge, mais Elliot sentit qu'à ces mots ses yeux pétillaient.

Amandine vola dans les bras d'Elliot et la tasse de café se renversa sur les cuisses du malheureux.

 

07/06/2014

Le Quizz estival ! Munissez-vous d'un bon vieux papier et d'un stylo...

QUIZZ

 

Quelle héroïne êtes-vous  ?

 

1)      Votre libraire idéal c’est :

*  Un jeune irlandais alcoolique.

@ Une bombe brune qui mange sur sa planche de surf.

£ L’arrière-petite-fille de Georges Sand.

 

2)      Vous emmenez sur une île déserte :

*Une cloche.

@Votre ipad.

£Un groupe électrogène.

 

3)      La vie ne serait pas la même :

*Sans toit.

@Sans toi.

£Sans moi.

 

4)      Tu vas danser en boîte :

*Au Balajo.

@Aux Bains-Douches.

£ Chez Castel.

 

 

5)      Tu bois :

*Un TGV.

@Un bombardino.

£ La prune de ton copain Alex.

 

6)  Devant l’ouvreuse c’est :

* « Une place pour Chacun cherche son chat ch’il-vous-plaît. »

@ « Le Temps des gitans, please ! »

£ « Quelle salle pour Nymphomaniac ? »

 

7) Tu te réveilles :

* Dans un champ.

@Dans un enclos.

 £ Dans un musée.

 

8) Ton rêve favori :

*Rome.

@ Stockholm.

£ Goa.

 

9)      Ta citation préférée :

* « Entre ici, ami de mon cœur. »

@ « J’aime ces hommes qui font ce qu’ils peuvent, assis sur le bord des fleuves »

£ « Le temps est un vieillard qui a la malice des enfants. »

 

10) Tu veux l’emballer :

*Tu prends du papier-cadeaux.

@Tu mets une cravate.

£ Tu l’invites à un effeuillage burlesque.

 

11) T'es qui toi?

*

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 @

 

£

 

 

Retrouve ton profil ci-dessous dans les commentaires...

 

 

 

 

 

14/09/2013

Cadeau de rentrée

S.Bundita nous fait l'amitié d'un court extrait en langue originale. Merci à lui.


This is a brief extract of my first novel, wich should be translated in french, maybe in the upcoming months.

"I remember men who discussed in the kitchen with my mother, when we were supposed to sleep, my sister and I, in our room covered with pictures of Brezhnev.

Today in the English pub in north London, I have liberty to consider how our childhood was happy. Every morning, our grandfather passed kissing and drop pretzels, cheese, and sausages for our return from school. He asked us, after removing his glasses if we had slept well. We oftenly did not answer. "The night was good, guy?" Then he was waiting for us outside on a wall, feet soaking in the Dniester, to accompany us to the place dedicated to education of young pioneers.

We took the road, surrounded by vineyards, smiling at him. And his gracious presence dissipated contingencies."

Spiridon Bundita Touloupe, 2004


 


Je m'attelle à la traduction de cet écrivain. Des sueurs froides, un vrai plaisir à débuter comme traducteur.

Deux liens d'articles passionnants sur le blog Malaxi.net


my-entry.html

histoires-damour-sans-queue-ni-tête-aux-editions-lilo.html

12/04/2013

Stone et Rolling

La trotinette filait à la vitesse de l'éclair, tournoyait entre les passants, frôlait les panneaux signalétique. Tous deux nous chorégraphiions nos déplacements aux millimètres comme des danseurs étoiles, des virtuoses de la glisse urbaine, car à l'air libre, notre entente atteignait son apogée, tandis que nous profitions de l'espace confiné de l'appartement pour nous mettre sur la gueule. Des héros de la voltige. La réalité des trottoirs s'évanouissait sous nos planches. Le grand attendait le petit, le petit attendait le grand et nous n'attendions personne. Papa courait derrière nous dans l'espoir que nous le guettassions dans un sursaut étonnant de reconnaissance filiale. Mais tel était le prix de notre complicité, et lorsque pris d' un désir héroïque, je soulevais la jambe droite en arc de cercle, mon cadet faisait de même, râpait les murs, ouvrait haut la bouche, roulait des yeux, poussait un cri, et se ramassait, pour remonter dans la seconde tel un cowboy, sur son destrier, afin qu'il ne soit pas dit que l'enthousiasme fût éteint, la flamme retombée.

J'ai toujours eu l'oreille musicale. Les chansons que je fredonnais avaient pour mérite une mélomanie que les passants qui se décalaient se retrouvaient contraints d'apprécier, tandis que mon cadet beuglait comme un veau des refrains méconnaissables. Nous aimions nous frôler tels deux pilotes de meeting aérien, conscients des risques, maîtres des technique, au fait de leurs effets. Dans la dernière descente, Papa au comble du ridicule, nous prenait en photo, l'espace d'un cliché, nous devenions la septième merveille de la rue, les Paul et Pierre qui roulent.

Nous tenions à prouver que la sécurité nous importait. Néanmoins maîtrisant mal notre distance de freinage, nous nous arrêtions au milieu de la voie, plutôt qu'en amont, croyant prendre garde aux dangers, espérant lire dans les yeux de notre père de la fierté, malgré ses dénégations et sa promptitude à nous reposer sur le trottoir.

Puis je filais et tu refilais, non sans me lancer au vol des insultes fraternelles avant de piler net dans devant le cabinet d'ophtalmologie, but ultime de notre voyage. Je sonnais à la porte. Nous retirions nos casques. Papa pliait les trotinettes. Et nous prenions place sagement dans la file d'attente, soudain rendus à nous-mêmes et privés de nos tapis volants.

 

 

28/03/2013

Les grands Entretiens du mardi de Pardie - Victoria Olloqui et Sandy Besse

Toutes deux sont réunies sur les planches, dans Une Nuit au Poste, où deux jeunes femmes que tout oppose sont contraintes de cohabiter en garde à vue. La pièce d’une vraie sobriété évite les écueils du café-théâtre et emporte l’adhésion par la justesse de l’interprétation.

Après avoir tourné pour Jean-Pierre Mocky et joué dans des pièces d’Harold Pinter, Sandy Besse s’apprête à faire chavirer Le Cœur des hommes en Octobre 2013.

Victoria est au casting de Turf, de Fabien Onteniente, avec une distribution de purs-sangs, Edouard Baer, Alain Chabat, le comédien russe Gérard Depardieu.

Vous la croiserez dans les spots de l’Opel Corsa où, sous l'oeil de Klapisch, elle oeuvre au rapprochement franco-allemand. À moins que vous ne préfèreriez la radio où elle tire à vue sur le Père-Noël à grands coups de pastilles rock.

Interview deux en une, et pétillante.

 

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Mise en scène de Jérémy Azencott,  Création lumière David Négroni.


Vous êtes à l’affiche d' Une nuit au poste. La pièce a été représentée à Avignon, avez-vous un souvenir marquant, à deux ou individuellement ?

Sandy - Ah ! Il y en a beaucoup !

Victoria- C’est la première fois qu’on prenait part à Avignon, donc on débarquait…Le souvenir marquant, c’est la première  journée d’affichage…Elle était assez folle si tu ne l’as jamais vécue…On vous donne un « GO ! », tout le monde s’élance. La mairie impose un horaire une semaine avant. Les gens le respectent assez. Ils attendent 13 heures sur le bord des rues avec des affiches et des échelles, et en une heure il n’y a plus d’espace dans Avignon.

C’est la conquête de l’Ouest ?

-Oui, c’est tout à fait ça. C’est fou à voir…Et la ville du coup ne ressemble plus du tout à ce qu’elle était.

 Sinon la première !!!... On ne connaissait pas beaucoup de gens à Avignon.

Sandy-  Nous n’avions pas la possibilité de faire venir les amis, la famille : mais comment les gens vont-ils venir nous voir ? Qui va prendre la peine ? Et la première était complète, nous étions derrière dans les coulisses, nous voyions à travers  un tout petit trou qui nous permettait d’observer l’assistance, et nous nous disions : « Mais qui sont ces gens qui sont venus pour nous ?

 Nous étions choquées ! C’est un bon souvenir…

Comment envisagez-vous chacune votre personnage ?

Mon personnage s’appelle Isabelle, c’est un  rôle de composition, je n’ai jamais fait de garde à vue, ce qui me touche dans ce personnage ce sont ses blessures, son parcours, finalement son côté humain, ce huit-clos fait qu’elles sont ramenées à l’essence de ce qu’elles sont, aux valeurs humaines, chacune a l’impression que ce qu’elle vit est unique et chacune se rend compte que non, qu’il est possible d’avoir une souffrance peu importe le rang social ou la situation familiale qui est la nôtre.

Est-ce que Victoria fait la gueule comme ça dans la vraie vie ?

Non ! Non ! Non ! Elle ne se renferme pas…

Et toi Sandy, ton personnage ?

Cette fille gâtée, pourrie, est en vérité une fille en mal d’amour, d’affection, dont les parents ont compensé l’amour par de l’argent…et qui essaie d’exister comme elle peut. Elle va donc voler un bijou pour attirer l’attention. Finalement elle se retrouve dans une cellule de garde à vue pour la première fois de sa vie…C’est une aventure pour elle, elle est heureuse, elle vibre enfin…Elle se retrouve avec Isabelle et va se raccrocher à elle pour être aimée,  pour lui donner de l’amour.

Sandy es-tu exubérante comme ça dans la vie ? Comme Audrey Hepburn quand elle vole chez Tiffany’s ?

Non ! Même si la référence me plaît bien…

Le metteur en scène vous a-t-il aiguillées ?

Oui, il voulait que nous soyons réalistes sans être caricaturales. Son but était qu’en tant qu’actrices nous puissions nous les approprier.

Victoria, vous êtes plutôt connue pour votre goût du second degré. Y a-t-il de l’humour dans la pièce ?

Oui ! Vous n’avez pas ri ? Il y a des moments improbables…Le personnage de Diane est dans les extrêmes, « je veux me suicider… » Leurs deux univers s’entrechoquent.

Avez-vous eu des retours de gens qui ont déjà été en garde à vue ?

Nous nous sommes renseignés en amont pour avoir des témoignages, pour nous nourrir des choses vraies.

Le metteur en scène et l’assistant désiraient savoir comment se comporte une fille qui en est à sa quatrième garde-à-vue…qui veut trouver le sommeil... L’angoisse de ne pas savoir l’heure qu’il est…

L’angoisse de la claustration semble en effet monter très facilement, est-ce une projection ?

Non, ne pas avoir la notion du temps rend les gens très claustrophobes...Ils sont confrontés à eux-mêmes, l’absence d’échéance finale les inquiète.

Le moment d’excitation passe assez rapidement…

Diane, interprétée par Sandy, réalise qu’on ne va pas lui rendre son portable, qu’elle ne va pas pouvoir appeler sa mère…L’inquiétude commence à monter…Le côté rebelle « super, j’suis en garde à vue » s’évanouit.


Sous l'objectif de © Romina Shama


Quelques éléments frappants de la mise en scène de Jérémy Azencott pour donner envie d’aller voir la pièce ?

Le côté graphique de la scène, des lumières, la musique. Elle est primordiale, il a effectué beaucoup de recherches pour qu’elle corresponde exactement à ce qu’il souhaitait transmettre…Chaque scène est présentée comme un tableau.

J’ai été effectivement frappé par des ruptures.

Comme s’il avait fait un montage de film, du temps qui passe, avec des ellipses…

Vous êtes avec Régine, Jacques Chazot, une figure emblématique des nuits parisiennes! Quels en sont les avantages?

Ah! Ah! Ah! Sandy a droit à Audrey Hepburn, moi  Régine… !

Nous adorons nous amuser, on est jeunes.

Les avantages  ?

C’est oublier son cerveau de temps en temps, pour quelques heures, le laisser au vestiaire…

Un truc qui fait le nightclubber ou la nightclubbeuse ?

Le plus drôle chez le nightclubber ou la clubbeuse, c’est l’angoisse de louper la soirée de l’année, ce qui fait que nous nous retrouvons dehors alors que nous n'avons pas du tout envie de sortir.

« Ce soir je ne sors pas, je ne sortirai pas ! » mais la crainte de louper la soirée du siècle…

Alors que les soirées se ressemblent…mais on ne sait jamais car si le lendemain on nous dit « t’as loupé la soirée du siècle ! » là on le vit mal…  Quelque chose de très ancré, depuis petite j’ai toujours aimé la nuit, quand j’étais à l’école, j’avais toujours de la peine à me coucher et du mal à me lever, il y a une énergie la nuit qu’il n’y a pas le jour…

Si tu devais emporter, Sandy, une pièce de théâtre sur une île déserte ?

Une Nuit au poste !

Et si vous êtes toutes les deux sur une île déserte et que vous avez déjà lu Une Nuit au poste  !

La chatte sur un toit brûlant ! Je la prendrais bien, juste pour le kiffe, fabuleuse, je pense qu’on peut bien s’amuser, toutes les deux sur une île, rire, se fighter !

Sandy? Une actrice que tu imiterais dans le bus ou dans le taxi, avant d’aller en boîte ?

Valérie Lemercier ! « Je vais voir Hubbb ! »

Victoria, si ce n’est imiter, à qui voudrais-tu ressembler ?

Dans un idéal une actrice comme Naomi Watts ou Romy Schneider. Un modèle pour moi, elle m’a donné envie de faire ce métier, depuis Sissi…

C’est parce que Sissi vit en Suisse ? (L'auteur de l'interview confond Sissi et Heidi .)


Romy Schneider avait ce côté très naturel, elle incarnait ses personnages, cette élégance, elle bouffait l'écran.

Dans une interview tu as dit, ce qui me parait  incongru, que tu voudrais ressembler à Grace Jones ?

Non, on me demandait mes idoles. Son exubérance, elle est « au-delà !» comme David Bowie, emblématique, au-delà de l’humain, de l’art pur. Ses albums sont dingues, sur les photos d’Helmut Newton...


Sandy ?

Moi c’est Marilyn Monroe ! Elle était sublime, depuis mon plus jeune âge. Ma chambre était couverte de posters de Marilyn, ses films, ses chansons, ses livres. Sa vie me bouleverse. On se demande comment lorsqu’on est une icône comme elle, lorsqu’on est idôlatrée, comment il est possible d’être si seule et malheureuse. Le livre le plus bouleversant sur Marilyn est celui narré par son psychanalyste, où il raconte l’évolution de Marilyn et la place qu’elle prenait dans sa vie.

As-tu aimé le tournage de Turf ?

Oui, un casting de fou ! Me retrouver là avec Alain Chabat, Edouard Baer, Lucien Jean-Baptiste, Philippe Dequesne et Helena Noguerra le premier jour...tous ont été charmants! Fabien Onteniente et son équipe également. J’étais un peu la fille qui débarquait, ils m’ont rassurée.

As-tu rencontré des repris de justice sur les hippodromes ?

Alors peut-être sans le savoir…

Es-tu restée pour y assister à des courses ?

Hé bien oui! Je montais à cheval mais je ne regardais pas les courses au Pmu, j’ai découvert ça à Paris, à l’hippodrome de Longchamp. J’ai regardé pas mal de films dont Secrétariat, tiré d'une histoire vraie, avec Malkovitch comme coach hippique et qui n’est pas sorti en France…

Je me suis prise au jeu, à parier, je ne comprenais pas toutes ces côtes, tous ces trucs…j’ai aimé ! Il y a une ambiance très rigolote, tout le monde hurle pour son champion. J’adore les noms des chevaux :  tous si improbables !

Ce n’a pas été trop dur de subir les avances d’Edouard Baer ?

Non, non, il ne m’a pas du tout fait d’avances. Il est adorable, très drôle, ce qui est dur, c’est de ne pas rire à ses vannes, surtout lorsqu’il fait des blagues en contre-champ. Difficile d’éviter le petit fou-rire qui arrive…S’il te plaît, s’il te plaît !

Sandy : des projets de cinéma en vue ?

Oui, je joue dans Le Coeur des hommes 3 qui sort en Octobre 2013, au côté de Marc Lavoine …

Et Gérard Darmon ?

Non, ile ne fait pas partie du troisième volet. Eric Elmosisno, joue le 4ème copain.

Tu as le droit de le dire ?

Oui, oui, c’est officiel !

Ton film préféré ?

Autant en emporte le vent !

Pour moi c’est intemporel, je l’ai vu un million de fois, quatre heures, nous ne voyons pas le temps passer, le jeu des acteurs, l’histoire d’amour, dans une interview un réalisateur raconte qu’il a fait un film cette année-là, quelle erreur !

Lorsqu’ils ont casté le personnage de Scarlet O’Hara, Vivian Leigh n’était pas encore actrice mais elle l’incarnait tant...

J’ai vu un film dernièrement de Roger Avary, Les Lois de l’attraction, Avary est le réalisateur qui travaillait dans un vidéo-club, au côté de Tarentino, c’est là qu’ils ont décidé d’écrire True Romance. Après Pulp Fiction leurs chemins se sont séparés. Et Avary a réalisé Les Lois de l’attraction, adapté de Bret Easton Ellis, ce film m’a bouleversée.  Avec  des scènes de génie. Au fur et à mesure nous rions jaune, parce que les situations deviennent violentes. Je pense qu’il en a inspiré plus d’un avec ce film.



© Romina Shama

J’ai lu des déclarations fracassantes sur le Roi Arthur. Tu as affirmé qu'il était méchant : pourquoi le Roi Arthur est-il méchant ?

C’est le premier personnage que j’ai incarné quand j’étais petite. J’avais huit ans, je faisais partie d’une troupe scout, et pour le Roi Arthur, le rôle était destiné à un garçon. Il se trouvait qu'il  n’apprenait pas son texte. Et le metteur en scène a décidé de le virer. Il fallait quelqu’un qui ait du caractère, le Roi Arthur dans Merlin l’Enchanteur. Je n’avais pas un tempérament de leader, je ne m’imposais pas. Pour la première fois j’ai levé la main et me suis proposée pour le rôle. J’étais passionnée et connaissais le texte sur le bout des ongles. J’ai pu montrer une facette de moi que je ne découvrais pas dans la vie. La magie du théâtre. Nous pouvons être un Roi, un garçon, jouer des personnages odieux, méchants, sans scrupule puis redevenir enfin qui nous sommes vraiment.

Sandy, un premier rôle ?

Quand j’étais petite, je prenais des cours à la Salle Pleyel, il y avait des spectacles dans des salles énormes et je jouais toujours des hommes. Toujours des jeunes premiers de Molière, Marivaux... Et cela me rendait triste, c’était l’incompréhension. Et un jour lors d’une reprise de Grease on m’a proposé le rôle principal, je pensais qu’on me proposait le rôle de John Travolta !

Non, Olivia Newton-John !

Si vous deviez persuader Mickael Gorbatchev d’accepter une interview sur le blog ?

D’abord nous lui demanderions de passer  voir Une Nuit au poste…

 

Rock and roll and girls

 

"It's true, I'm kind of retarded. But I'm also kind of amazing", Hank Moody


Valentine remonta son tee-shirt.

- J’ai mangé comme une truie ! Et voilà ! Trois jours sans baise !        

Elle montra son ventre.

-En même temps, je n’ai rien à me mettre sous la dent.

Elle remarqua son petit neveu.

- Oh ! Un enfant !...

 

Elle avait les cheveux en vrac et sautillait.

- Je suis une roller-girl, je suis une roller-girl.

- En tout cas t’as pas oublié ta planche à conneries, remarqua le bassiste.

Avec sa moustache, il se prenait pour Stanley Clarke. Il avait des visions et était persuadé que sa veste ouverte aérait ses poils. « Ils sentent les bonnes vibrations, tu sais il ne faut pas les brusquer, ils entendent tout. » Ce soir, le groupe devrait éviter l’amateurisme. La répétition était sur le point de commencer et Serge, torse nu, se pencha sur sa gratte, mais une bourrasque ouvrit la porte. Une grande brune. Il leva les yeux vers le trench-coat à boutons noirs.

- Je suis ta fille ! vociféra-t- elle.

Un ange passa. Les membres du groupe posèrent leurs bières.

 Valentine se tourna vers sa batteuse et lui souffla : «Tu crois que c’est vrai ? 

- Impossible, avec son nez, elle ressemble à Sollers, c’est pas une musicos.

Serge était rouge comme du Tabasco.

- Suivez-moi Mademoiselle, nous allons discuter de cela dehors.

Il devenait subitement courtois.

Valentine tenta de détendre l’atmosphère.

- Mademoiselle ? Connard ! C’est un mot sexiste !

Il prit la longue brune par la main.

- Regarde-le, il va nous laisser en plan, tu le crois ça ?

- Plus rien ne m’étonne, déjà que c’est pas du premier choix…

- T’as raison, je préférais encore l’autre con qu’est parti se recueillir à Menphis.

- Menphis ? Tu parles, il est allé voir sa pute, oui !

Elle aperçut son petit neveu.

- Oh ! Un enfant !...

Sophie alla chercher du miel pour s’adoucir la voix. Ce soir, le groupe se produisait à l’Elysée Montmartre, du sérieux. Il fallait espérer que le père caché revienne. Elles n’attendirent pas longtemps. Un coup de vent ouvrit la porte, il était de retour.

- C’est une amie qui voulait me faire une blague…

Ses joues n’étaient plus empourprées par la honte.

Il était pâlichon.

- Alors, t’es prêt Oliver Twist ? clama Valentine.

Sa batteuse pouffa.

- Ne te moque pas, ce n’est pas lui l’orphelin.

Il quitta la pièce précipitamment. Son estomac se nouait comme un nid de serpents.

Il vomit dans les toilettes sous le poster à moustache de Janis Joplin. Il releva la tête en se demandant qui avait bien pu graffiter le cliché. Puis il replongea la tête dans la cuvette pour cracher de la bile. Il se redressa en tentant de se souvenir du prénom de la copine de Janis, c’est vrai que Janis était bisexuelle. Puis il s’inclina définitivement. Il régurgitait de l’eau.

Pendant la répétition, Valentine avait l’impression d’être la Reine des abeilles. Tout le monde s’affairait autour d’elle. Elle était allongée sur son vieux canapé orange. Short noirs, bas clairs, talons azur, Sophie moquait sa sexitude. Elle tournait autour avec son mobile, pour prendre des photos accablantes. Toute la ruche bourdonnait sous les yeux émerveillés du petit neveu qui sentait confusément qu’il était au bon moment au bon endroit.

Serge, revint tout blanc avec un air d’apiculteur allergique. Il ne daigna participer que pour faire des références inaudibles à Stanley Clarke. Et se pencher sur les partoches  fut une tannée.

Valentine travaillait une version féminine de « Whisky bar » qui présentait des risques d’implosion.

Sous la fenêtre l’eau de la fontaine jaillissait à gros bouillons.  Les voitures longeaient les immeubles. Dans l’une des vitrines brillait un costume de Samourai.

Tout à coup, elle bondit hors du canapé, fiévreuse,  excédée par le retard de sa podologue, car avant le concert, il n’eût pas fallu déroger au rituel superstitieux du massage orthopédique. Serge misait également sur la podologue pour résorber le début de panari dans ses santiags offertes, il y a des lustres, par Les Chaussettes noires.

Sonia, la choriste, une grande black aux cheveux dressés comme des canisses, rappela la pédicure.

Elle arrivait. Elle frappait à la porte. Elle était là.

 

Valentine ne lui dit pas bonjour.

- Tu as pensé à ce que je t’ai demandé ?...

La podologue sortit une seringue.

- Je te pique dans le mollet comme d’habitude ?

- Oui, avec mes cuissardes on ne verra rien.

 

Après l’intervention, la podologue demanda à Valentine comment elle se sentait.

Pour toute réponse, elle lui roula une pelle.

- Wonderwoman.

19 heures.

Tout ce petit monde prit son matériel sous le bras pour le déposer dans le 4x4 Vitara de Serge, près d’un bar. Un voiturier regardait Sonia bizarrement. Elle s’interrogea.

Serge lui suggéra de ne pas s’inquiéter. Serge était au jus.

- Il a cru que tu lui faisais des avances, c’est un club échangiste.

Les yeux de Sonia s’arrondirent.

- Y a pas de honte, Madonna y fête son anniversaire.

La fumée du 4x4 ne laissait aucune chance aux cyclistes. Lorsqu’ils arrivèrent à l’Elysée Montmartre, ils découvrirent une sorte de hangar lugubre, plein de poussière.

- C’est pour le retrait de marchandises ? demanda Sophie.

- Non, c’est là qu’on chante.

Le premier titre fut un succès, des filles aux cheveux bouclés, tatouées et à demi-nues se déhanchaient mais une spectatrice ne regardait pas Serge comme les autres. Il recula de deux pas. Sa tête heurta un stroboscope. Une heure plus tard, quand il passa un scanner, il songea à sa lâcheté. Valentine, Sophie, Sonia l’accompagnèrent. Elles terminèrent leur nuit aux urgences et firent les yeux doux aux internes. Mais ils n’avaient pas le temps.

Avec Serge dans le coma, nous sommes vraiment un Girls band. 

 

 

 

 

03/02/2013

La Bretagne, ça vous gagne.

Saint-malo est un hors-d'oeuvre, une fondue de poireaux sous les noix de Saint-Jacques, rien de plus. Un office du tourisme pour les usagers du Tgv. Mais il faut s'enfoncer dans les terres, ramasser des bruyères en silence, boire à la fontaine de Barenton, marcher sur les pas de Tess dans les chemins boueux de Locronan,  discuter avec des suicide girls dans les rues du Bono, pour que la Bretagne vous laisse entrer, pour goûter aux lèvres de Mélusine.

Il y a dans le granit de Saint Malo, comme un goût des départs et de la résistance à l'oppression. On ne fait pas de quartier à Saint Malo. Si la ville est détruite, on reconstruit. Le Breton est persévérant. C'est une cité moderne avec un charme fou. Se balader à marée haute sur la muraille, retrouver Margot derrière les flots bleus, la piscine au plongeoir rouillé, les hôtels qui puent le poisson. Il y a des originaux qui lisent Chateaubriand sur sa tombe. Filez manger des pommes de terre salées au Chalut, vous m'en direz des nouvelles. Les omelettes de qui vous savez où savez, c’est rien. Sur la longue plage, le bar rasta promène sa silhouette burlesque, je ne vois pas pourquoi Bob Marley s’y serait arrêté, excepté pour jouer au ballon rond, à moins que ce ne fût une parenté pirate avec la Jamaïque et que Surcouf vînt y danser le reggae.

 

La muraille joue le rôle d’écran acoustique, nous cessons nos conversations.

 

Un chapeau, une cité corsaire, une manière d'huître.

06/12/2012

La troisième partie de la première séance

La blondeur de Bérénice était radicale, elle m'a pris la main, j'étais aux anges. Nous sommes rentrés dans la salle. Elle était organisée en gradins étroits, sans siège. recouverts de coussins. En fait, nous participions à une pyjama partie. Seuls. Voilà ma Bérénice sur des courtepointes, j'ai fait de grands yeux, elle s'est mise à me lancer des poufs,  j'ai refait de grands yeux et j'ai saisi un édredon, me suis levé et l'ai lancé en poussant des cris comme un ours. Bérénice, c'était mon pot de miel et elle s'est cachée derrière un boîtier d'extincteur, je ne voyais plus que ses jambes. Les gambettes du pot de miel. 

Puis j'ai reçu des plumes sur la tête. Sur l'écran passait une pub d'assurances. Moi on  ne dirait pas mais je suis calé en Kusturica, chez lui les ours, ils mangent les bretzels et ouvrent les portes en les arrachant. Et je crois qu'ils prennent des bains de pommes.  Je sais que le rêve secret de Bérénice c'est de prendre des bains de pommes avec moi, ou de se métamorphoser en pot de miel, mais elle ne le sait pas encore. C'est le problème avec les filles, à force de ne rien leur dire elle ne nous disent rien, mais pour nous lancer des polochons, y a du monde.

 Je me suis livré à corps perdu dans cette pyjama partie, car j'avais l'intuition qu'au regard de mon histoire elle se transformait en moment magique. Et que le temps figeait les plumes en poussières de bonheur, notre bataille en éternelle dispute adolescente. Le moment serait gravé dans notre petite tête de moineau.

Le cinéma ne serait jamais au delà de ça, du plaisir d'une salle exclusive et de l'amitié débordante. Elle m'a tendu son paquet de mini carambars que j'ai accepté. Puis d'autres spectateurs ont eu l' idée incongrue de s'installer dans la salle.

Le nom du film "La Nuit juste avant les tisanes" s'est reflèté sur le décolleté de Bérénice.

26/11/2012

Extrait futuriste

 

"Elle avait surnommé son Tamagoshi J’y peux rien, car ce n’était vraiment pas de sa faute si les gens ne se parlaient plus. Dès qu’elle voulait discuter avec lui de l’amour ou de ce qu’elle lisait dans les livres les réponses du robot frisaient le grotesque. Lorsqu’elle se laissait aller à des confidences amoureuses, il lui répondait invariablement « 72 pour cent des filles préfèrent les préliminaires » ou encore le très mystérieux « Les actions les plus simples sont parfois les plus difficiles à réaliser ». Tout portait à croire que le toqué était paramétré par des analphabètes. L’époque aimait compter, moins on avait de choses à se dire, plus on donnait des chiffres. J’y peux rien faisait appel aux sondages pour répondre aux questions."

 

                                                                              ...à paraître

 

 

21/11/2012

La deuxième partie de la première séance (suite)

Bérénice préférait voir "La nuit juste avant les tisanes", l'histoire d'une cultivatrice kirghize qui accouche seule, dans son champ.Bérénice des idées baroques. Elle aime se balader à Bruxelles et lit Cioran. Cioran, ça a l'air tellement triste, que quand je vois Bérénice qui le lit, je pleure, rien qu'a l'idée qu'elle le lise, je ne veux pas que Cioran fasse du mal à Bérénice, je lui aurais bien dit mes quatre vérités, mais il est mort..le crétin.

Nous sommes donc entrés dans le cinéma si-indépendant-qu'il-est- marginal, moi, je me laissais guider je regardais Bérénice, mon écran noir à moi, Bérénice a un bonnet de laine, des cheveux blonds, qui descendent en torsades, sous le couvre-chef et juste ça  c'est le générique de début de Bérénice parce que après, sa taille ravissante ressemble à une liane , et son short, indicible, un short indicible. Berenice s'est retournée et m'a souri.

Elle n'est pas très bavarde, elle s'est fixé une règle, jamais plus de trois mots! Je la connais parce que je suis malin. La règle du mystère. Trois mots. Miss, terre, rieuse. Même si on lui chatouille les pieds avec des chamallows, elle ne parlera pas, car il y va de sa capacité de séduction, et la capacité de séduction chez une fille, c'est sacré, comme le soleil chez les Mayas ou la planche de surf au Pays Basque. Les campeurs mangent dessus. 

À maline, malin et demi. Du coup ce jour-là je ne parlais plus, je la suivais, j'étais muet, j'étais mutique, j'étais mythique, et pour couronner le tout,cerise sur le générique, elle avait des talons hauts qui claquaient sur le parquet du café, au milieu des photos d'exploitation. Vous vous dites que je me fais des idées, que je fanfaronne, je ne vous mens pas mais je vais être honnête, Bérénice n'est pas ma petite amie, c'est une copine, mais je la verrais bien comme ma petite amie qui parlerait italien couramment et qui serait hyper cultivée en cinéma, tellement cultivée, genre silence ça pousse. 

J'étais décidé à passer à la vitesse supérieure, mais avec ce film Kirghize sur les tisanes, et ma stratégie du mutisme cela  ne facilitait pas le contact!  Ha oui, j'ai oublié de vous le dire mais je suis brun. Ainsi nous avions à nous deux trois mots de vocabulaire pour nourrir la conversation. Silence ça pousse. 

16/11/2012

La première séance

J’ai eu de la chance. Je n’ai même pas eu à l’inviter, Bérénice m’a trainé voir un film d’art et d’essai, (soupirs trois fois) c’est sûr qu’avec un nom comme ça elle allait pas me proposer de voler des bagnoles. Ni une, ni deux, je mets ma plus belle chemise, avec des surpiqures qui brillent, façon Brodeback montain, sans le cheval, mais avec Bérénice et nous voilà dans une ruelle étroite, ringarde à côté d’un magasin de pelotes de laine. En face du cinéma indépendant, mais je dois vous faire une confidence, il était pas indépendant, il était pire. Il était tellement indépendant qu’il était marginal. Il était tellement noir qu’au début j’ai cru que c’était un magasin de téléphonie pour appeler en Syrie avec des cartes prépayées, mais j’ai levé les yeux et avec Béré on a vu les affiches.


Deux films. Deux chefs d’œuvre.

Un film grec « La laitière ne passera pas trois fois »
Dessous y avait des extraits de journaux pour nous donner envie de le voir.
Télérama, « On rit, on pleure, on boit du petit lait »

Oui je sais, j’ai trouvé que c’était un peu limite comme jeu de mots, c’est pas mon genre. Moi j’aime l’humour fin, l’humour qui fait réfléchir.

Technikart, vous savez, c’est un gros magazine avec que des mots nouveaux dedans comme "métrosexuelle", "drum and bass", "cougar"
Donc Technikart ils avaient mis « Un film grec tellement intelligent qu’il fait tourner le yaourt » Et ils concluaient Vous allez être brassé »

Bérénice de toute façon, elle avait choisi avant de venir.

04/11/2012

Missive hivernale

Ma Chère Solange, ma toute bonne, ma chère soeur,

Je m'aperçois que je vous écris l'hiver lorsque les champs sont en jachère, quand les tâches quotidiennes se raréfient, et que le soleil se retire du monde comme pour faire écho à notre voeu. Nous avons reçu cette semaine cinq séminaristes. Je leur ai fait du coq au vin. Nous avons longuement disserté sur le rôle que Saint-Jean attribue à cet animal dans le Nouveau Testament, puis nous l'avons mangé et nous nous sommes régalés, les jeunes aussi. Ils sont pleins de fougue et ont le souci de leur voeu. J'ai vu à son regard que le Père supérieur ne restait pas insensible à leur piété.

Nous sommes coupés du monde, oh ma Solange et vous le savez mieux que moi, mais un autre petit évènement a eu lieu : un cinéaste, Xavier Beauvois est venu projeter dans la chapelle un long-métrage sur les moines de Tibérine, nous avons tous chanté durant les scènes de messe, les scènes de messe sont mes préférées. Le cinéaste pleurait et le Père supérieur ne restait pas insensible à son talent. Ma toute bonne, je continue à lutter contre mes mauvaises pensées. "C'est une bien étrange chose que de se retirer du monde pour adorer quelqu'un qui n'existe pas", m'a dit la boulangère. Combien de temps devront nous subir les réflexions des mécréants? Cependant ses miches sont délicieuses et elles nous ont permis de saucer le coq au vin. Nous nous résignons à ne pas tancer son opinion quand elle passe dans l'Abbaye avec sa fourgonnette, ou nous apporte ses baguettes en robe légère, se penche pour nous donner ses cagettes. La méditation m'aide.

Je préfère la voie escarpée que nous avons suivie. Nos plaisirs sont simples  : l'adoration du Seigneur, l'adoration du Seigneur et l'adoration du Seigneur. Et je serais de bien mauvaise foi ma Solange, si je vous soutenais que nous nous ennuyons.

Je vous remercie encore pour vos lettres et vous recommande à LUI.

                                                                        Votre dévoué Père François

 

17/10/2012

Cultissime

Victoria Lit Bordel made In China, et Stéphan Pardie sur Direct 8, pour les couche-tard.

Où l'auteur croit savoir pourquoi le Musée des Arts asiatiques est plein de nénettes


http://www.d8.tv/video/Q2t2aDNC/12-10-victoria-lit-bordel-made-in-china-part-10/

15/10/2012

Ma conception de la littérature?

 


 


"Pourquoi devrait-on se prendre le réel en pleine gueule? Vivre ça consiste quand même à essayer de le contourner. Parce que le réel c'est qu'on est un morceau de viande qui va mourir et pourrir. Donc vivre c'est quand même refuser une forme de réalité par la réflexion et l'imaginaire."


                                                              Édouard Baer dans "à nous Paris"




http://www.anous.fr/