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26/07/2014

Rêveries américaines, ne dites pas que je vous l'ai dit...

La CIA est née en 1947 pendant l'été, juillet, fidèle en cela dès la naissance à sa réputation de Discrétion qui lui vaut de ne communiquer ni sur son budget, ni sur son nombre d'employés, ni sur ses intentions profondes, c'est une sorte de François Mitterrand. Centrale Intelligence Agency se traduit en Français par "Agence Centrale de Renseignement", faisant fi de la notion d'intelligence trop souvent galvaudée et un brin condescendante à l'égard des Agences concurrentes comme le MI6 cher aux James Bond Girls, et la DGSE chère aux Rainbow warriors. Son siège discret se trouve en Virginie. Le bâtiment anglais du Mi6 surplombe lui la Tamise plus attaquable, c'est Jack Sparrow qui le dit.Mais je m'égare loin des plaines du Sud et des champs de coton, où l'ombre de Scarlett O Hara semble attendre son petit déjeuner.

La théorie du complot

C'est croire que tout ce qui arrive est de la faute de la Cia : la découverte d'armes de destruction massive en Irak, votre huitième ratage du permis de conduire, l'assassinat de Kennedy, la gastro de ta grand-mère, l'arrivée au pouvoir de Pinochet, la venue à Noël de ta tante qui pique. La faim dans le monde, Guantanamo, ta rupture avec Charlotte.

Comment être recrutée par la CIA?

La NCS est le département responsable des enrôlements à l'étranger. Ainsi, vous venez d'assister à une entrevue secrète entre Angela Merkel et Kim Jong Un dans une centrale nucléaire de Tel Aviv, pourquoi ne pas utiliser vos compétences à bon escient en travaillant pour la grosse pomme, sachant que vos informations dûment vérifiées serviront de prétexte à des interventions approximatives dans des pays que le Président à parfois du mal à localiser. La NCS pilote aussi la conduite de ces interventions clandestines.

Avec des amis comme ça on n'a plus besoin d'ennemis

Une foultitude de pratiques sympathiques lui sont attribuées dont certaines non prouvées. L'Italie a même engagé des poursuites en justice car on soupçonne la CIA de pratiquer depuis 1990 l'extraordinary rendition, pratique consistant à enlever une personne et à l'envoyer en secret dans un pays où la torture est pratiquée pour qu'elle y soit interrogée.

Elle a même créé un réseau mondial de centres de rétention, un peu partout, des poutous, des poutous, des poutous.


La neige tombe

Edward Snowden parle Mandarin, Japonais, Anglais, un informaticien de haute volée, et s'engage dans l'armée. Dans sa grande clairvoyance, la CIA l'embauche dans la sécurité informatique. Plus tard, en piratant des données confidentielles il révèle l'ensemble titanesque des systèmes de surveillances mis en place par la NSA (Agence nationale de sécurité américaine). Et se sauve à Hong-Kong puis en Russie comme Gérard Depardieu. La Russie et le FSB de Poutine étant traditionnellement portée à collaborer avec la CIA, à l'heure qu'il est, il joue à Candy Crush dans une Datcha.


07/06/2014

Le Quizz estival ! Munissez-vous d'un bon vieux papier et d'un stylo...

QUIZZ

 

Quelle héroïne êtes-vous  ?

 

1)      Votre libraire idéal c’est :

*  Un jeune irlandais alcoolique.

@ Une bombe brune qui mange sur sa planche de surf.

£ L’arrière-petite-fille de Georges Sand.

 

2)      Vous emmenez sur une île déserte :

*Une cloche.

@Votre ipad.

£Un groupe électrogène.

 

3)      La vie ne serait pas la même :

*Sans toit.

@Sans toi.

£Sans moi.

 

4)      Tu vas danser en boîte :

*Au Balajo.

@Aux Bains-Douches.

£ Chez Castel.

 

 

5)      Tu bois :

*Un TGV.

@Un bombardino.

£ La prune de ton copain Alex.

 

6)  Devant l’ouvreuse c’est :

* « Une place pour Chacun cherche son chat ch’il-vous-plaît. »

@ « Le Temps des gitans, please ! »

£ « Quelle salle pour Nymphomaniac ? »

 

7) Tu te réveilles :

* Dans un champ.

@Dans un enclos.

 £ Dans un musée.

 

8) Ton rêve favori :

*Rome.

@ Stockholm.

£ Goa.

 

9)      Ta citation préférée :

* « Entre ici, ami de mon cœur. »

@ « J’aime ces hommes qui font ce qu’ils peuvent, assis sur le bord des fleuves »

£ « Le temps est un vieillard qui a la malice des enfants. »

 

10) Tu veux l’emballer :

*Tu prends du papier-cadeaux.

@Tu mets une cravate.

£ Tu l’invites à un effeuillage burlesque.

 

11) T'es qui toi?

*

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 @

 

£

 

 

Retrouve ton profil ci-dessous dans les commentaires...

 

 

 

 

 

13/04/2014

Les grands Entretiens du mardi de Pardie - Angie David

Des yeux bleus d'une clarté matinale. Lucides. Lorsque je me rendis au rendez-vous, j'avais en tête une image sulfureuse d'Angie, drapée dans une forme de parisianisme et de goûts des micros. Angie est Responsable éditoriale chez Léo Scheer, mais aussi Prix Goncourt de la Biographie pour un livre de référence sur Dominique Aury, l'auteure d'Histoire d'O. Elle récidive avec un autre récit de vie, celui de Sylvia Bataille, femme de Georges et actrice mythique de Partie de Campagne. La lecture aiguise notre curiosité : la biographie nous mène dans les alcôves du Surréalisme et de la bohème littéraire des années 1930, dont Angie David se révèle une évocatrice peu superficielle, directe et réfléchie. Je lirai ses prochains ouvrages.

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Bonjour Angie, vous avez obtenu le Prix Goncourt de la biographie pour celle de Dominique Aury, l'auteur d'Histoire d'O, et désormais vous publiez un roman biographique sur Sylvia Bataille. Qu'est-ce qui vous plait particulièrement dans ce genre ?

Je n'ai pas d'imagination, et j'aime parler de la réalité. Il y a plus de matière. Ce sont également des rencontres. Avec Dominique Aury, l'idée du livre s'est imposée rapidement. Je n'avais pas l'impression d'avoir en moi une œuvre, donc c'était une bonne porte d'entrée. Elle m'a permis de me mettre à l'écriture, de faire un travail de recherche – j'aime cela.

J'ai lu Sylvia Bataille comme une plongée passionnante dans la vie artistique et littéraire de l'entre-deux guerres. Parmi les écrivains que l'on croise dans le livre, quel est celui qui vous attire le plus ?

Ce serait difficile de n'en choisir qu'un seul, car il y en a beaucoup et ils sont quand même formidables, ce serait injuste ; mais ce n'est pas Bataille qui m'attire le plus : davantage Sylvia que Georges, les copains de Georges plus que lui-même, l'époque, la place des femmes auprès de ces hommes illustres. Je n'ai pas fait ça parce que je suis une fan de Bataille. Il y a peut-être, deux personnages que je préfère aux autres : Michel Leiris et Jacques Prévert. Michel Leiris est un écrivain assez peu connu du public, alors qu'il a joué un rôle très important dans l'histoire de la littérature et des sciences humaines, puisqu'il était anthropologue. Et Prévert, que l'on croit connaître, via les films ou les poèmes qu'il a écrits. On ne mesure pas à quel point, c'était un personnage extraordinaire, haut en couleurs. Nous en avons une image plus commune que ce qu'il était.

Il est effectivement présenté dans le livre de manière indépendante des groupes qui tournent autour de lui : il participe à tout, tout en gardant une forme de liberté. C'est le portrait en creux que vous suggérez. Il y a également une rivalité qui sous-tend le récit entre Bataille et Breton.

Oui, c'est le cœur, l'histoire du Surréalisme. Dès le début, il y a une dissidence dont Bataille va devenir comme le chef de file. En réalité, Breton énervait beaucoup de monde, mais avant Bataille, personne n'osait le dire ou former un contre-mouvement. Bataille va apparaître comme un outsider. Ils vont se détester. Breton est horrifié par la figure de Bataille : l'homme, ses écrits, sa vie. Comme Breton associait totalement la vie privée à l'œuvre, pour lui, tout était question de Morale. Évidemment, Bataille était complètement débauché dans sa vie et si extrême et transgressif dans son œuvre que, pour Breton, c'était l'homme à abattre. Bataille va rallier derrière lui un certain nombre de gens ; ça se joue au moment de l'adhésion au Parti communiste, qui va devenir le centre des débats, au sein du mouvement surréaliste. Savoir qui adhère ou pas. Est-ce qu'on a le droit de ne pas adhérer tout en restant membre actif du mouvement ? Ce sont des questions qui vont très nettement diviser le groupe, mais il y a aussi celles qui concernent « l'à côté » de l'œuvre. Par exemple, le rôle des activités dites « alimentaires » : on va accuser Desnos d'être publicitaire et journaliste pour vivre, et d'autres encore d'écrire des romans, ou de faire du théâtre comme Artaud. Le théâtre est une activité considérée par Breton comme « putassière », honteuse. Il n'y a que la poésie qui trouve grâce aux yeux de l'orthodoxie surréaliste, et donc Bataille incarne cette opposition. Le clivage est grand et détermine le paysage de l'époque.

Moi qui n'aime pas les textes de Breton, j'ai trouvé qu'il était représenté de manière particulièrement antipathique. Une forme de théoricien politique très moralisateur, c'est une figure que je pressentais et que vous soulignez.

Des artistes comme André Masson le racontent dans des entretiens, ils expliquent que leur « patron » était comme ça. Il y a eu toute une vague d'excommunications du mouvement assez choquante et des procès d'intention avec exclusions votées à la majorité, insultes, et en même temps c'est assez intéressant de voir à quel point ces gens prenaient la littérature au sérieux. Aujourd'hui nous avons du mal à nous représenter ces enjeux passionnels, c'est finalement assez sympathique, des gens capables de se déchirer pour des questions de peinture, de littérature, ou de poésie ; cette dimension-là m'intéresse.

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Et Sylvia est-elle libre ?

Oui, formidablement libre pour son époque, mais j'ai cherché à souligner que, aussi en avance fût-elle, elle ne réussit pas à s'émanciper totalement. Sylvia était une personnalité très forte, indépendante financièrement, c’est même elle qui a aidé Bataille tout au long de sa vie. Elle entretenait sa mère, ses sœurs et son frère, sa fille Laurence, qu’elle a eue avec Bataille. Et, en même temps, elle a souffert d’être délaissée par tous les hommes qu’elle a aimés. La liberté sexuelle profite davantage aux hommes, et les femmes ne sortent jamais complètement de leur rôle d’objet de désir. Sa carrière d’actrice révèle la même problématique. Le film de Renoir, Partie de Campagne, est un film inachevé, et ce qui est tragique, c'est qu'il ne sortira que des années plus tard alors que c'est son plus grand rôle. Les ténors de la littérature que Sylvia côtoie, en dépit de leur stature et de leurs déclarations, ne laissent à la femme qu'un choix par défaut : ils rêvent d'une femme au foyer, du repos du guerrier, ou d'une muse. Une vision en définitive très archaïque.

En songeant à ces conflits entre Bataille et Breton, et à votre activité d'éditrice, je me suis posé la question de savoir si Saint-Germain-des-Prés était un milieu violent.

Nous ne sommes pas à Saint-Germain-des-Prés, grâce à Dieu ! Nous sommes un peu des outsiders, en marge, chez Léo Scheer. Nous sommes installés à la Madeleine et nous nous sommes créés en 2000 ; en très peu de temps, nous avons fait parler de nous. En général, c'est un métier où il est long d'imposer sa marque. Les Editions Léo Scheer ont brûlé les étapes, nous sommes en quelque sorte des francs-tireurs, des anars qui ne peuvent pas plaire à tout le monde. Pas politiquement corrects. Nous faisons souvent des choix qui chagrinent l'axe Télérama-France-Culture, mais, en même temps, ils nous soutiennent aussi sur certains livres. Nous aimons éditer des auteurs qui dérangent, comme par exemple les Morceaux choisis de Marc-Édouard Nabe. Nous sommes très indépendants, même économiquement, nous n'appartenons à aucun groupe. C'est un milieu qui est tout de même très dur, les gens ne se font pas de cadeaux, j'ai toujours pensé que c'était proportionnel à l'absence de réussite économique. Comme il n'y a pas beaucoup d'argent, que ce n'est que du prestige, et bien on est encore plus méchant. Il y a des milieux comme le cinéma où il y a tant d'argent en jeu que l'on se tire un peu moins dans les pattes. Nous, ce n'est que de l'image, du prestige, de la réputation, une forme de noblesse de notre activité, ce qui fait qu’on ne permet pas d'accéder facilement à ce sérail. Il faut faire ses preuves, c'est long, assez laborieux, donc que les gens ont l'habitude de vous casser c'est un petit monde qui déblatère un peu ; mais bon ça fait partie du milieu, il existe comme tel, faut le prendre comme un jeu, comme une cour de récréation... Sans y prêter trop attention.

Vous avez une activité d'édition numérique désormais ?

Nous avons commencé en janvier avec le nouveau livre de Nathalie Rheims, Maladie d’amour. Certaines nouveautés sur lesquelles on mise particulièrement vont être numérisées. Par ailleurs, il y a 1200 titres en catalogue, donc nous allons également entreprendre de numériser le fond, composé de titres très variés et tous très intéressants : cela vaut le coup de les revaloriser.

06/04/2014

Bout d'essai

La jeune femme derrière le paravent lui souriait toujours, elle essayait des soutiens-gorge, il l'avait deviné en surprenant sa conversation. Sa meilleure amie ratissait le rayon pour lui proposer de nouveaux modèles. De dentelle ou de coton brodé. Il ne vit que ses yeux et la commissure des lèvres lorsqu'elle leva la tête au dessus du panneau de bois. Mais ses fossettes se plissaient si bien qu'il percevait son sourire. Lui feignit de choisir des cravates mais aurait été bien en peine de devoir les essayer, il ne bénéficiait ni de techniques de nouage, ni de dextérité, ni de sens pratique.Le sourire ne lui était peut-être pas destiné. Un singe facétieux et planqué derrière le paravent se livrait-il à des chatouillis? Les yeux de la jeune femme s'arrondissaient, les sourcils se relevaient, la commissure babillait.

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03/02/2014

Rouge Pimpon

 

Else n’avait jamais  eu l’esprit pratique et son étourderie marqua profondément ses camarades de classe, quand, à sa demande, ils cherchèrent partout les lunettes qui reposaient tranquillement  sur son nez. Un archipel. Ses boucles blondes tombaient en papillotes sur son visage poupin. Elle pouvait rester des heures le nez collé à la vitre dans l’automne délavé par la Baltique. Joues rondes de trompettiste et  grands yeux rêveurs. Elle était  devenue une mère de famille magnifique.

Sa vie bascula le jour où elle poussa la porte du grand magasin norvégien Elvestedt. La spécialité de la Norvège était le design d’intérieur, et seule une Norvégienne sur quatre n’était pas décoratrice. Else, qui n’avait jamais été intéressée par les objets, s’était persuadée que visiter Elvestedt était comme une obligation culturelle. Le musée du Louvre. Jan avait refusé  de l’y mener, mais les bus affrétés par l’enseigne passaient chaque jour devant la maison. Elle prit son fils de trois ans sous le bras et monta.  

Les Fribyter, famille à laquelle elle était fière d’appartenir, avaient toujours refusé les tentations du monde : le grand-père vivait désormais reclus sur une île caillouteuse. Else passait ses journées plongée dans des livres. Dans sa tête, Jean Valjean se promenait main dans la main avec d’Artagnan, Raskolnikov dormait sous des ponts avec Esmeralda. Son esprit virevoltait comme une lanterne magique.

Else ne voulait pas mourir idiote. Même la Reine de Norvège s’intéressait aux cuisines en plaqué bouleau Elvestedt,  ne manquant pas une occasion de citer l’enseigne dans les interviews où elle traitait de sujets graves, le terrorisme, la marche du monde, le Prix Nobel de Chimie, le rayonnement de la Norvège. 

Descente de lit enfant au motif forestier. Prix promotionnel de huit euros.

Le bus était tout rouge aux couleurs du magasin, car la créatrice d’Elvestedt portait une robe vermeille le jour où  elle ouvrit son premier entrepôt de petite maroquinerie. Imaginez une jeune fille de seize ans qui vend des sacs et des portefeuilles, et qui ne sait pas encore qu’elle va révolutionner le monde. Dans le bus, pour que les clients ne s’impatientent pas, des spots publicitaires passaient en boucle pour éclairer leur choix. Ils arrivèrent enfin au milieu de nulle part sur un parking immense, devant un extraordinaire hangar rouge pimpon. Son fils ne savait pas où donner de la tête. Des clients, pour la plupart retraités, patientaient devant l’immense porte en acier trempée du magasin. Il n’était pas tout-à-fait neuf heures. «  Jamais je n’ai vu pareille entrée. » lança-t-elle à Swen. Des airs de coffre-fort. Les clients trépignaient, s’élançant puis reculant brusquement, acceptant aimablement les consignes des vigiles. Les battants s’écartèrent comme un rideau de théâtre. Les clients possesseurs de la carte « les amis d’Elvestedt » s’engouffrèrent dans le magasin. Else était une visiteuse lambda.

Chers clients, chers amis, prenez un petit déjeuner pour faire vos achats les idées claires et le ventre plein. Notre restaurant norvégien  vous propose jusqu’à dix heures un brunch complet au prix de 1 euro.

Sitôt dit, sitôt fait. Swen, des cookies plein la bouche, marmonnait des propos inintelligibles, tandis qu’Else feuilletait le magazine officiel Elvestedt. Les tasses étaient rouge pimpon, le thé était rouge pimpon, les cuillères étaient rouge pimpon, l’emballage du sucre était tout rouge pimpon. Déjà 10 heures du matin. Son acuité visuelle était altérée avec les néons artificiels. Else avait du mal à lire. « Allons faire des achats » s’écria-t-elle gaiement.

La table Goran trépied 49,90 euros. Idéal pour les soirées poker. Complétez-la par le coffret Texas Holdem, jetons en bois, et cartes dessinées par Ingvar Donsen, 15 euros 99.

Notre espace de restauration est ouvert. Boulettes de rennes à 8 euros. Menu exceptionnel, crevettes de la Baltique, sur réservation, le jeudi soir. Tourte de boulettes de pain nordique.

Elle commença par l’espace enfant. Swen ne voulait plus le quitter. Au milieu des jouets en bois, son fils ressemblait à un troll hirsute. La fatigue pointait. La visite fléchée débutait à peine. Elle lui acheta un renne à bascule, qu’elle déposa dans son caddie.  Bjork en fond sonore. Les cds étaient en vente à l’entrée. Else qui était nouvelle suivait consciencieusement les flèches et avait collé une étiquette Swen Frebyter sur le pull de son fils pour ne pas le perdre, sur les conseils de l’hôtesse d’accueil. Swen se roulait par terre et la déambulation ne faisait que commencer. Elle décida de le laisser à la nurserie où les enfants s’occupaient à monter des armoires. Les sociétés scandinaves et la place de choix qu’elles laissent aux plus petits donnaient à Else un sentiment de fierté. Elle ne voyait dans cette halte-garderie d’Elvestedt que le relais des préoccupations sociales de la Norvège. La progéniture hilare poussait des caddies et vissait des portes.

Prenez du temps pour vous. Vos enfants sont entre de bonnes mains à la nurserie Elvestedt. La halte-garderie est ouverte de 8 heures à 22 heures.

Else, revigorée, put enfin se consacrer à ses achats. Elle emprunta un crayon en bois, à disposition des clients pour faire des listes. Sa maison était dotée de tout le confort scandinave. Elle dut donc se chercher des besoins. Ce fut chose facile au rayon cuisine. Elle commanda un plan de travail et trois gigantesques tabourets de bar. Elle envisagea avec la vendeuse l’éventualité de l’achat d’une hotte. Un placard. Des idées rangement.

Le numéro et les références des pièces, qu’elle devait récupérer au terme de la visite, tournoyaient dans sa tête. Des lettres et des chiffres, des rangées et des cases, des points d’interrogation, c’était n’importe quoi. La chaleur l’étreignait. Elle notait tout comme une épileptique, rageusement, comme si elle eût découvert la théorie de la relativité. Au bout d’une heure, la vendeuse, Christina devint sa meilleure amie. Else se heurta cependant à un refus poli lorsqu’elle lui offrit de prendre un café.

Personnalisez votre descente de lit et dites bonjour à vos proches. Graphismes personnalisés, photo de votre petit neveu, mot d’amour. Paillasson multicolore. 22 euros.

Elle s’assit sur un tabouret. Le temps s’écoula tandis qu’elle rêvassait. 16 heures ne sonnèrent pas. Les visiteurs d’Elvestedt évoluaient dans un monde d’objets purs, vidé de tout ancrage temporel, sous une lumière d’entrepôt. C’était peut-être cela le secret propre aux objets, leur résistance au temps et leur mort incertaine. Le talisman du désir consumériste. Christina lui conseilla  de visiter l’espace chambre à coucher.

Promotion 14 mètres de plan de travail au prix  de 10.

Cuisinez dans les grandes largeurs. Offrez la machine à sushis designée par Hans Coburg à votre mère pour les fêtes.

Else découvrit qu’il était possible de dormir sur place, dans la résidence hôtelière Elvestedt. Elle réserva une chambre en tout point identique au mobilier témoin de l’espace chambre à coucher. « Quel bonheur de dormir dans un catalogue pensa-t-elle !»

Après un repas frugal de crevettes de la Baltique dans des assiettes à vendre et l’achat d’une solution anti-migraines, c’est la tête pleine de références de parquets flottants qu’elle monta dans sa chambre, d’une transparence d’hôpital.

Deux Doliprane plus  tard, après le lavage de dents, elle poussa un cri. Elle avait oublié son fils. Elle courut à l’accueil du magasin, près de la nurserie. Il pleurait. Les employés pressés de partir, peut-être lassés de vendre des pieds de tabourets,  l’avait laissé dans la piscine à balles.

21:42 Publié dans Lettres | Commentaires (0) | Tags : magasin, nouvelles, consommation, ikea | | Digg! Digg |  Facebook |

22/12/2013

Ode à la neige

 

Un tableau de Van Gogh sans le jaune.

 

Serait-ce encore « l’enfance retrouvée à volonté » ?

La blancheur du Plateau des Glières, linceul éblouissant où moururent les maquisards.

Un champ à vaches où des luges tentent d’éviter les fils barbelés.

Un champ vert de pommes.

Car elle en fait à sa tête la neige.

Elle ne veut pas tomber.

Elle ne se laisse pas faire, la neige.

Elle fait la pouf la peuf !

 

Les escaliers d’un couvent au bord d’un lac.

La neige, serait-ce Elvire qui prend le voile ?

Le vent des optimistes.

Le froid tangible.

Le temps des clémentines.

Une piste dans la forêt, et freiner inlassablement devant le barrage électrique.

Le lac du Mont-Cenis ressemble à Ushuaïa.

La Terre devient Terre de feu.

La fille aux cheveux blancs des amants Spoutnik.

Tout s’estampe.

 

Blanc, blanc, blanc, et blanc, petite pâte à blanc.

 

Même ton amour.

Des cristaux de pommes.

Des roses.

Et le cœur congelé de mon inspiration.

 

21:29 Publié dans Poèmes | Commentaires (3) | | Digg! Digg |  Facebook |

27/11/2013

Sortie le 14 décembre 2013. Avant le petit Jésus.

recueil de nouvelles,nouvelles,arsinoé,stéphan pardie,lilo,laurent nicolas

18/11/2013

L'Ecume, la Mer et la Confiture de Groseilles

Interview à propos de mon premier recueil de nouvelles , L'Ecume, la Mer et la Confiture de groseilles, à sortir le 14 décembre. Trois heures à savourer.

Nuit off de Laurent Nicolas.

http://www.nuitoff.com/

Aux côtés de Soem (chanteuse), en live !

Jad et Aurélien (émission TV Paris parle, un extrait ci-dessous, Paris parle d'amour.

Si vous aimez leurs interviews, pour en savoir plus ...

http://soem.over-blog.net/
http://www.youtube.com/user/ParisParle?feature=watch  


Enjoy!


04/11/2013

Les grands Entretiens du mardi de Pardie - Fred Bernard

Rose et l'Automate est le vingtième album jeunesse que Fred Bernard écrit avec François Roca. Le tandem ensorcelle les lecteurs avec ses histoires mystérieuses et sa sophistication graphique à couper le souffle. Fred publie également en 2013 des Chroniques de la vigne qui renouent avec ses racines bourguignonnes et qui s'adresse cette fois à un public qui a le droit d'acheter du vin dans les supérettes. Dans ses albums jeunesse, il refuse le simplisme et prend plaisir à réveiller l'adulte qui sommeille en chaque enfant.


Bonjour Fred Bernard, vous sortez votre vingtième album jeunesse avec François Roca, pouvez-nous nous en dire plus sur l'organisation de votre travail, comment vous partagez-vous scénario et graphisme?

Chacun sa partie. Nous procédons de la même manière depuis le premier album La Reine des fourmis a disparu. François et moi nous mettons d'accord sur un thème, une situation historique ou géographique, nous échangeons des idées de personnages pour moi, des envies de dessins pour François.  Nous en parlons aussi avec notre éditrice, Lucette Savier, qui donne son accord. Ensuite à moi de jouer ! Je dois satisfaire tout le monde et me faire plaisir. En général ça marche sinon notre association serait finie depuis longtemps. Mais ce n’est jamais gagné d'avance et nous avons dû abandonner une ou deux fois parce que trop mal engagé, ou parce que nous n'étions pas prêts. J'écris le premier donc, un texte non définitif, que je lirai à François, accompagné parfois de quelques croquis si nécessaire.
On en parle. Parfois, je retravaille un peu et quand tout le monde est d'accord, nous réalisons le découpage ensemble, c'est un moment très important, et je passe alors le relais à François.
François commence avec un plan précis, mais à lui de le modifier si une meilleure idée d'illustration lui vient en cours de route. A chaque doute, nous discutons et ça redémarre jusqu'à la fin où le texte sera encore poli et remodelé,  un peu en fonction de l'ensemble des dessins. Il faut que tout roule, glisse et semble être réalisé par une seule et même personne dans l'idéal. Autant avouer que nous sommes rarement satisfaits à 100% mais si nous ne sommes pas sûrs de nous, nous recommençons… 

Quelle part est réservée à l'infographie ? Dans des albums comme Anouketh ou Rex et Moi, le graphisme semble très "léché", sans scorie. Est-il purement numérique?


La seule part de numérique, ce sont mes textes… Toutes les illustrations de François sont réalisées à la peinture à l'huile. Les originaux sont d'ailleurs toujours vraiment plus impressionnants que le livre ! Il faut se précipiter quand une expo a lieu…

Le lecteur est également happé par l'originalité du récit. Et il me semble déceler dans vos albums un refus de la simplification que pourrait imposer la littérature jeunesse. Est-ce qu'une fois terminés vos albums gardent pour leurs auteurs une part de mystère?

Certains oui, et c'est volontaire, notamment ceux écrits pour les plus "grands",
je pense à Jésus Betz, L'Homme-bonsaï, L’Indien de la tour Eiffel ou La Fille du samouraï… Il y a beaucoup de choses hors-champ dans ces albums, et la plupart pourraient devenir des romans en y passant plus de temps, mais ce n'est pas notre préoccupation. On désire toucher les plus jeunes et leur donner envie d'en lire et d'en connaître plus, après cela. De devenir des lecteurs à vie ! Dès le début, nous avions envie d'histoires ni gentillettes, ni cousues de fil blanc, ni d'albums concept avec une petite pirouette à la fin… Pour ne pas lasser le lecteur d'abord et nous ensuite… Nous faisons de notre mieux pour garder cet axe quelques soient la conjoncture ou les déceptions commerciales liés à certains sujets abordés…

Mes garçons craquent pour Les Pompiers de Liliputia, que je considère comme un chef-d'œuvre de la littérature jeunesse, nous avons eu du mal à accepter que ce fût une fiction.

Quelle est la part de réalité de ce parc d'attraction new-yorkais ?

Merci ! Eh bien voilà, typiquement l'album qui fait "flop" ! Même si le livre à reçu le prix du meilleur album de l'année des Incorruptibles à sa sortie, il s'est très mal vendu, et pourtant nous sommes toujours très bien défendus par les libraires… Ce sont des centaines d'enfants qui avaient voté pour ce prix, mais dans le commerce, les nains ont effrayé les parents. C'est ce que nous pensons car en dédicace, face aux familles, nous avons souvent eu la réaction suivante : " Oh regardez, des enfants pompiers, c'est trop mignon !" Puis, "Ah, non, ce sont des nains en fait, c'est bizarre, pourquoi des nains, ça fait un peu peur les nains, non ?"



En fait nous n'avons pas inventer ces nains, j'ai juste imaginé le héros créant cette troupe de petits pompiers pour le spectacle, mais elle a vraiment existé. Dreamland, l'immense parc d'attraction aussi, le grand incendie de 1911 également, et ce sont les nains qui sont sortis en héros dans la réalité, il existe des photos d'aux dans la presse de l'époque, ils avaient sauvé leur quartier tandis que les vrais pompiers avaient échoué tout autour…
Un fait divers très américain qui a eu lieu à côté de New-York.  J'ai imaginé que le héros était le fils caché du maire de N-Y, mais ça, ça ne pose de problème à personne, le problème, ce sont les personnes de petite taille…

Comme l'Opéra de Paris, dans Rose et l'Automate, les lieux sont-ils tous des personnages à part entière de vos récits?

Merci pour cette question ! Ils ont primordiaux en effet, car j'évite les récits du
quotidien qui m'ennuient souvent personnellement… Donc je situe toujours mes histoires dans des lieux, des pays que j'aime, à des époques qui m'intéressent, mais pour y traiter de sujets qui eux, peuvent être quotidiens. Comme les problèmes de famille, de transmission, de handicap, de différence, de manque de confiance en soi… Et ces décors en général, c'est le pied total à dessiner pour François ! Les deux font la paire !

J'ai l'impression que les dessins somptueux des Pompiers s'inspiraient d'Edward Hopper, me fais-je des idées?

François est dingue de Hopper, et d'illustration et de peinture américaine en général… La plupart de ses maîtres ont vécu de l'autre côté de l'Atlantique. 

La Rose et l'Automate penche vers l'Expressionnisme allemand. Quelle serait votre référence absolue en peinture?

Je n'ai pas de référence absolue en peinture ni en littérature, je suis touché par beaucoup trop de choses et d'artistes. Pour Rose, François est parti de 400 photos prises dans l'opéra, et d'une de ses filles pour Rose, qui a posé pour l'occasion. Après le traitement les clairs-obscurs chers à François ont fait le reste…


Pour en savoir plus l'entretien fruité de Camille Emmanuelle sur les Chroniques de la vigne ...à la vôtre !

http://www.cestcamille.fr/redaction/enivre-moi/

22/10/2013

Ha ! L'inspiration !

Pour prolonger le plaisir de la dédicace, une photo par Benoît Pinaud et le reportage De Paris parle avec une séquence culte, cette jeune femme qui garde ...mais voyez plutôt.

04/10/2013

Sortie le 12 octobre 2013

 

Vous êtes cordialement invités au siège des Editions Lilo pour le lancement.

Lecture, dédicaces, rencontres avec les auteurs,
le  samedi 12 Octobre 
De 15h à 20h30. 

A l'atelier Moreau - 12 rue Moreau -  75012 Paris - Metro bastille ou Ledru Rollin -

14/09/2013

Cadeau de rentrée

S.Bundita nous fait l'amitié d'un court extrait en langue originale. Merci à lui.


This is a brief extract of my first novel, wich should be translated in french, maybe in the upcoming months.

"I remember men who discussed in the kitchen with my mother, when we were supposed to sleep, my sister and I, in our room covered with pictures of Brezhnev.

Today in the English pub in north London, I have liberty to consider how our childhood was happy. Every morning, our grandfather passed kissing and drop pretzels, cheese, and sausages for our return from school. He asked us, after removing his glasses if we had slept well. We oftenly did not answer. "The night was good, guy?" Then he was waiting for us outside on a wall, feet soaking in the Dniester, to accompany us to the place dedicated to education of young pioneers.

We took the road, surrounded by vineyards, smiling at him. And his gracious presence dissipated contingencies."

Spiridon Bundita Touloupe, 2004


 


Je m'attelle à la traduction de cet écrivain. Des sueurs froides, un vrai plaisir à débuter comme traducteur.

Deux liens d'articles passionnants sur le blog Malaxi.net


my-entry.html

histoires-damour-sans-queue-ni-tête-aux-editions-lilo.html

12/07/2013

Les grands entretiens du mardi - Arnauld Champremier-Trigano

Créateur de Médiascop, Arnauld Champremier Trigano fut le Dir com atypique de Jean-Luc Mélenchon durant la dernière élection présidentielle.

Il est présent sur tous les fronts, des commentaires politiques sur les chaînes d’info jusqu'à l'écriture de web-séries. L’Agence, création loufoque, produite par CAPA, met en scène de faux communicants et de vrais membres de Médiascop. Vertiges du désoeuvrement  qui suit la campagne présidentielle, quête de nouveaux clients, propositions, catharsis.

Je suis heureux de vous présenter cet entretien, avec un quarantenaire pour qui la communication ne doit pas mentir et la politique rester l’affaire de tous.

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-Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Médiascop ?

- Médiascop, c’est une agence de com qui a comme cœur de métier le repositionnement d’image…c’est-à-dire qu’on corrige une image, pour certaines personnalités ou organismes qui ont eu des « accidents ».

On la construit, pour des gens qui veulent gagner en visibilité, on la transforme, pour ceux qui veulent se repositionner. Des personnalités, des entreprises, des pays, des administrations, on va de la stratégie jusqu’à la fabrication des outils.

- Vous n’avez donc pas que des clients issus de la politique ?

- La plupart de nos clients n’ont rien à voir avec la politique et par hasard il se trouve que nous avons actuellement pas mal de clients sportifs. La fédération française d’athlétisme…Jean-Marc Mormeck champion du monde de boxe. Nous sommes sur des profils très différents. Et comme nous sommes fidèles politiquement à nos idées,
le front de gauche n'est pas la famille politique où il y a le plus d'argent.


- Vous avez dit au détour d'une intervention qu'il y a une époque où les hommes politiques étaient vendus comme des yaourts ? Vous pourriez nous donner un exemple?

- Oui. ça me fait de la peine mais Mitterrand ! Génération Mitterrand, La campagne de 1988 avec Séguéla. Pas de message politique, donc on vend le produit le packaging,

19 88 c'est une campagne très marketing, la campagne de Chirac aussi, ce sont des campagnes où il n'y a plus de fond, que de la pub, et ceux qui gèrent ces campagnes-là sont des publicitaires... qui vendaient des yaourts avant. Comme Séguéla, qui, par ailleurs, est passé de Mitterrand à Sarkozy, détente...

-Sur la fonction présidentielle, elle a été désacralisée par Sarkozy entre autres, il a utilisé un langage, très direct, assez fracassant, parfois sincère, parfois non, c’était le cas, du moins ai-je trouvé, dans la campagne de J.L.Mélenchon, il y a ce parler vrai, très direct, dans l’immédiateté, n’avez-vous pas l’impression que cette immédiateté peut être un danger, à long terme, au niveau de la crédibilité de l’homme politique ?

- C’est le rapport au temps qui est en jeu ? Comme dit Virilio l’accélération du temps conduit à augmenter la probabilité d’accidents…et la violence des accidents ! ‘C’est vrai en mécanique, c’est vrai socialement, c’est vrai politiquement. Mécaniquement, on a les crash-tests pour voir quel est l’impact de l’accident, socialement, sociologiquement, politiquement, ça n’existe pas. Donc on continue à accélérer tous les jours un peu plus, et l’on s’aperçoit au détour de l’histoire que les accidents sont de plus en plus violents, et qu’aujourd’hui une phrase peut être une déflagration et faire s’effondrer un type, je pense par exemple, à l’interpellation de Bayrou à Cohn Bendit quand il l’avait attaqué sur la pédophilie, interpellation d’une très grande maladresse, cela l’avait beaucoup abîmé et pour longtemps. Cette accélération du temps fait qu’il y a des accidents plus graves et Twitter en est un bon exemple, puisqu’on est en temps réel et l’impact est instantané, il y a des twitcides tous les jours !

-JL Mélenchon utilise-t-il vraiment twitter et se branche-t-il le soir sur Facebook ?

- Non, il n’a pas touché à Twitter durant la campagne, il ne connaissait pas, il n’a demandé qu’un seul tweet ! Avant de démarrer la campagne il disposait d’un compte Facebook qu’il gérait lui-même et donc on lui a « retiré », le mot est fort, mais on l’a « déchargé » de cela…Et je ne crois pas que ce soit lui qui le gère aujourd’hui.

- Est-ce que vous savez si les politiques savent dire non aux agences de communication ? Est-ce qu’ils résistent facilement aux propositions de leurs conseillers ?

-Hé bien, oui, il y a une défiance du politique vis-à-vis du communicant à juste titre, parce qu’il y a chez les communicants une dérive de spin doctors ou de gourous qui pensent que la communication est plus importante que la politique ! Or la communication doit servir le politique, il y’en a certains qui pensent que la communication prend le pas sur le reste. Les hommes politiques s’en méfient plutôt et ils ont raison.

- J’ai entendu, quand vous analysiez avec Jacques Séguéla l’intervention de François Hollande, sur BFM je crois, vous avez proposé que François Hollande assume son identité sociale démocrate, est-ce que le communicant est là pour que le politicien fasse son coming out et soit dans la sincérité ?

- Ce n’est pas très honnête de ma part de donner un conseil à François Hollande ! Un je ne suis pas son conseiller et deux je n’en suis pas tout à fait sûr. Ce n’était pas une offre de service, tout le monde l’a bien compris…

Un des problèmes de Hollande aujourd'hui c'est qu'à vouloir une politique sociale-démocrate qui devient évidente et à continuer à avoir une posture socialiste, il déçoit l'électorat socialiste Front de gauche et de gauche qui se retrouvent dans ses mots et pas dans ses actes. Il se prive d'un soutien du centre qui voudrait s'identifier dans ses actes mais qui ne se reconnaît pas dans son discours.
Moi je disais qu'il a tout à gagner à assumer sa position, parce qu'il récupérerait très vite le centre, qui serait content de le voir assumer la sociale-démocratie et, deux, il aurait une vraie marge de manœuvre pour expliquer à sa gauche pourquoi il agit comme ça. Là, il est dans une quadrature, il est coincé.

Je pense qu'en communication politique le mensonge est intenable.
Il faut être au plus près de ce qu'on est, de ce qu'on pense. Après, tout n'est pas bon à dire, il faut éclairer des aspects plutôt que d'autres et c'est notre travail de voir ce qu'il faut valoriser ou mettre en retrait, mais en aucune façon on ne peut mentir, ça se retourne systématiquement contre nous. C'est notre communication, mais ce n'est pas le cas dans toutes les agences, par exemple, Euro RSCG avec Stéphane Fouks a théorisé la stratégie du mensonge...c'est-à-dire qu'on décide de sa vérité comme si il en existait plusieurs, et on l'assène tous les jours à coups de formules, d' éléments de langage pour que ça rentre bien dans le crâne du public.

-Comme Kinder surprise est bon pour la santé?

- Voilà, ce sont des stratégies de marketing. Nous, nous avons vraiment renoué dans cette campagne avec la tradition du mouvement socialiste, avec les drapeaux, les mythes, les meetings, tout ce qui était la tradition de la communication depuis l'affaire Dreyfus, les grandes marches, etc. On a fait l'impasse des années marketing et Séguéla, des années 1980-1990, jusqu'à aujourd'hui, et on a récupéré dans les années 2000 tout le savoir-faire des mouvements, Indignados, Printemps arabe...Comment ils utilisent le web...On a fait cette jonction entre le web du XXI eme siècle et la tradition du mouvement socialiste du début XXème.

- Je lisais dans Libération que vous avez passé au shaker la communication habituelle de l'extrême-gauche avec les rassemblements 2.0, le mégaphone, les web-séries...Est-ce que vous avez l'impression d'avoir amené à la politique des gens qui ne s'y intéressaient pas?

- Déjà, je relève juste le mot "extrême-gauche"..Je ne me sens pas du tout d' extrême-gauche, c'était une campagne socialiste au sens historique du terme. Oui je pense qu'on a touché des gens nouveaux, c'était l'objet de la web-série, elle touchait un public plutôt habitué aux séries, moins de quarante ans, urbain, Csp + qui ne se serait pas engagé, qui a pu accrocher et rentrer dans une narration qui n'était pas la narration traditionnelle. Avec l'appli mobile on a invité les gens à jouer. Puisque c'était sous forme de gaming, les gens ont répondu présents : c'était plus ludique et puis surtout on a décloisonné. Tout cela c'étaient des signes pour casser le carcan dans lequel on était coincés, c.-à-d un candidat d'extrême-gauche.

Parce que quand on démarre la campagne, c'est cela! Estimé à 2%! Quand on commence à bosser avec Jean-Luc le premier sondage est à 2 et tout le monde en parle comme du candidat d'extrême gauche...il fallait péter ça ! C'était très archaïque, très ringard et pour le casser on a embrassé tous les outils de nouvelles technologies possibles et imaginables, avec une liberté incroyable, même si, parfois, ils n'étaient pas utilisés. Les gens pour qui le discours auparavant était inaudible se sont dit « ce n'est pas tout à fait l'image qu'on avait de ces gens-là, y compris ce dircom barbu avec ses grosses lunettes », tout ça fait que l'on a cassé les stéréotypes.

- Est-ce que vous pensez qu'à long terme on peut réconcilier les deux branches du socialisme, la branche sociale-démocrate incarnée par Hollande et celle plus à gauche incarnée par JL Mélenchon ? Et remédier à la défiance de l'électorat ?

Fondamentalement, il y a une différence plus grande entre Mélenchon et Hollande que celle qu'il y avait entre Miterrand et Marchais! Puisqu'en 1981, dans le débat entre le Ps et le Pc la question était "jusqu'où on va dans le socialisme?" Dans les graduations dans les nationalisations, or aujourd'hui on n'est pas du tout sur ça ! On est sur deux directions différentes et un choix : de la rigueur imposée par l'Europe ou de la relance keynésienne, la réponse de gauche traditionnelle.
Et de ces deux orientations découlent toutes les politiques, donc il ne peut y avoir d'entente tant que cette question-là n'est pas tranchée. Je ne désespère pas qu'un jour Hollande se dise "cette politique de rigueur que nous impose l'Europe est une catastrophe, pour les peuples". On a vu ce que ça donne en Grèce, en Espagne, donc on va choisir une autre orientation qui est de réinjecter de l'argent, de faire de l'emprunt, d'assumer cette différence-là. Et en plus nous ne serions pas isolés, oui dans ce cas-là il y a un champ possible, de gestion, de politique commune. Je serais plus étonné, qu'à l'inverse, le Front de gauche se réveille un beau matin en se disant "Tiens la rigueur ça à du bon, allons-y, égorgeons tous les services publics..!"

- Si l'on considère qu'il y a une crise de confiance qui conduit à la montée de l'extrême- droite, est-ce que vous pensez qu'il y a une véritable façon de gouverner au niveau européen ?Est-ce qu'on a des marges de manœuvre?

Oui, on en a plein, parce que ça s'appelle la politique! On fait ce qu'on veut en politique. On parle de Mandela : quand l'Afrique du Sud a dit "on a un problème avec le sida" et qu'ils ont décidé de faire des médicaments génériques pour la trithérapie, l'organisation mondiale du commerce a répondu "Vous n'avez pas le droit!" Réplique des Sud-Africains : "Hé bien on s'en fout", ils l'ont fait quand même ! Et tous les interdits qu'on nous pose sont surmontables par volonté politique! Et généralement, ce n'est pas le cataclysme annoncé...On a voté non au Traité constitutionnel, on nous affirmait que si le Non l'emportait on allait enjamber les corps dans les rues et que les cadavres allaient joncher le sol, il ne s'est rien passé, d'ailleurs, ils l'ont refait passer, détente, juste après. Donc c'est uniquement une question de volonté politique.

- Pour la recrédibiliser, il faut mettre en œuvre ces marges de manœuvre?

Il faut nettoyer la politique, je ne reviens pas sur Cahuzac, mais ce sont des traumatismes lourds. Je veux bien qu'on soit dans une phase de nettoyage, ce qui est possible, ce qui peut être un des paris de Hollande, mais la période est très discréditante pour l'ensemble de la classe politique. Il faut aussi faire de la politique en conviction et non en carrière. Proposer des choses...et je pense que l'un des problèmes, ce sont les technos, c'est-à-dire que les énarques sont faits pour gérer l'existant, pas pour imaginer le lendemain!
Lui redonner moins de technicité, plus d'inventivité et d'humanité.



-Est-ce que vous pensez que la politique reste un métier noble pour l'ensemble des politiciens?

- Moi j'ai toujours pensé, pour en avoir fait longtemps, qu'il y a deux motivations :
- le goût du pouvoir,
- le sens de l'histoire.

Alors, elles ne sont pas forcément flatteuses, l'une comme l'autre, il y a un côté orgueilleux. On sent chez les hommes ou femmes, l'envie de prendre les postes quoi qu'il arrive, chez d'autres l'envie de s'inscrire dans une histoire! Et de se dire, au final, je serai dans un livre. Moi j'ai toujours été plus sensible à la dimension historique. Je pense qu'ils mixent les deux : qu'à des moments de la vie, le goût du pouvoir prend le pas sur le sens de l'histoire. Le début de l'engagement : souvent par conviction, avec ce rapport à l'histoire et au collectif. Puis après on s'embourgeoise.

- Mais il y en a qui rentrent directement par goût du pouvoir...?

Typiquement à l'Unef, c'était le sens de l'histoire qui nous motivait, or quand je suis arrivé comme jeune assistant parlementaire...j'en ai vu beaucoup débarquer au Sénat ou à l'Assemblée que seul le pouvoir fascinait...

- Dans la web-série l'Agence, vous brouillez les frontières : il y a des comédiens, des membres de Médiascop, une véritable agence de documentaire CAPA. Est-ce facile de faire la différence entre ses idées et celles de ses clients?

C'est le problème qu'on pose dans la série, on se pose tous les cas d'école qui pourraient nous arriver en tant qu'agence de com, moi j'avais une fable qu'on m'a racontée et qu'on racontait et que je racontais aux jeunes militants à l'Unef.
Ce sont trois petits bisons qui paissent dans une prairie et qui se disent : "Mais pourquoi on va toujours vers l'Est et jamais vers l'Ouest? ... alors que les prairies sont plus vertes?
- Il faudrait changer la direction du troupeau ! Pour ça, il faut prendre la tête du troupeau!"

Alors pendant des années, ils vont manger, forcir, grossir, pousser, pousser les autres, et un jour, ils deviennent trois gros bisons. À force de pousser, paf, les voilà en train de courir et ils se retrouvent à la tête du troupeau, et ils courent comme ça à l'est, et il y en a un qui dit aux autres : " Qu'est- ce qu'on fait-là? On est devant, là, les mecs ???
Le deuxième répond : "On tourne vers l'Ouest?
- Oui mais si on tourne, c'est quand même con, ce serait dommage que les autres ne nous suivent pas..."

Tout l'enjeu est là, la fin, les moyens...On aimerait faire des campagnes de JL Mélenchon, tous les ans, mais il n'y en a pas chaque année, et entre-temps il faut bouffer....... La période est compliquée et si le Qatar nous propose une mission, qu'est-ce qu'on fait? On y va, on n'y va pas ? Toutes ces angoisses nous nous les sommes posé, la série a un côté très cathartique !

 

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                                                                                              Dans la prairie


- J'ai bien aimé dans la série un passage où vous essayez de faire payer la directrice de l'agence Capa, la vie d'une agence, est-ce difficile au point qu'il faille emmener les clients jusqu'à une tirette avec un pistolet sur la tempe?

Elle n’est pas forcément de tout repos.

Alors, c'est la vraie directrice de CAPA, qu'on a dans le bureau à ce moment-là, qui avait vraiment acheté la série, qui ne savait pas ce qui l'attendait en venant. Un happening : quand on lui prend son sac et qu'on lui dit « va à une tirette, je crois tu peux tirer jusqu'à 3000, on te rendra le sac quand tu reviendras... »  

- Vous avez dans l'équipe une certaine Sophia Chirikou, elle est petite mais elle peut tout?

-Chikirou (moment de solitude de l'intervieweur) mais oui, mes enfants l'appellent Kirikou.

-Dans la web-série il y a un concours de lancer de Chipsters, « comme dans The Office », selon un communicant de l'agence. Quand vous avez une idée ou une bêtise qui vous vient en tête, vous avez toujours une justification intellectuelle?

- On théorise tout, tout le temps, et parfois, j'avoue, à posteriori! Mais là, c'était plutôt par souci d'honnêteté. On a vraiment piqué l'idée à The Office! Il y a un des épisodes de la Saison 4 qui s'ouvre comme ça ! Et j'avais trouvé la scène tellement drôle et tellement réalisable pour nous, que je me l'étais noté cet été et on la remise dans le scénario. On ne craignait pas de procès mais c'était incorrecte de la piquer sans citer...Finalement la citation montrait bien le côté looser de l'équipe, dont le patron ramène des idées vues dans des sitcoms américaines, pour occuper les troupes qui n'ont pas de boulot la journée!

- Pour terminer, une petite référence à votre patronyme, vous auriez une suggestion de destination pour les lecteurs?

- Moi je vais en Grèce, je pense que c'est pas mal, ils en ont besoin, et ça reste une destination formidable!


 

02/07/2013

Je est une autre

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09/06/2013

Non, pas un policier !


Il se remémora.

Le soleil irise sa peau, elle se love sous la couette comme une liane, dans la douceur du matin. Il pourrait naviguer sur sa chevelure. Il ira acheter du pain frais aveuglé par l'aurore. L'un des avantages de sa rue est d'avoir le soleil pleine face à 7 heures. L'émotion, la nervosité de son café, la crainte de laisser filer la beauté, qui est comme du sable, dont il ne reste qu'un grain au coin de l'œil... Il l'effleure et elle marmonne dans son sommeil. Elle se retourne.

Elle est extrêmement maquillée, mais son sourire s'affranchit du maquillage et ses yeux bleus du fard à paupières. Chassez le naturel, il revient au galop. Elle est un cheval camarguais dont la silhouette toute en courbures émerge des étangs pour surplomber avec indifférence les arabesques des flamands roses. Il est surpris par sa bienveillance, comme on l'est par l'apparition précoce de la lune dans un ciel bleu, ou l'arrivée de la neige par un matin d'octobre. Il l'a apprise par coeur. Il ne devine qu'une partie de son visage mais il peut voir chaque grain de beauté sur sa joue gauche enfouie dans le traversin.

Torrence déboula dans la Marina.

Elle avait de belles dents blanches de carnassière. Il se souvint que c'était elle. Le lissage soyeux de ses cheveux bruns démentait la simplicité de sa mise.Elle avançait avec un calme étonnant sur les pavés du port de plaisance. L'inspecteur Torrence se frotta les yeux.Seule, seule. Des mouettes voletaient. La silhouette filait entre les yachts, le long des voiliers battant pavillon panaméen et devant les agences immobilières de la marina. Son chandail flottait. Il crut qu'elle le toisait : il fit mine de s'allumer une cigarette, comme un acteur de série B. Elle frôlait les portails des pontons fermés par des codes secrets. L'inspecteur Torrence regrettait toujours de ne pas être né à une autre époque, celles des cigarettes et petites pépés, des tripots, de Lemmy Caution. Il en avait la certitude, c'était bien elle, la statue élancée pour laquelle il avait érigé un mémorial et mit un sourire au reliquaire.


Il entendit le train frôler la plage.
Les palmiers vacillaient dans l'air lourd, embarassé d'effluves, que la circulation automobile estivale chargeait de vapeurs d'échappement. Il se remettait à peine de l'apparition ultramarine dans le port de plaisance

27/05/2013

L'odeur des absinthes

Orphée s'est retourné et Eurydice a disparu dans les fumeroles. La lave rougeoyait, les soupirs du volcan redoublaient indifférents à la perte d'un amour. Celui effusif d'Orphée pour sa muse, celui qui justifie qu'on marche calmement dans le monde souterrain pour la rejoindre, lui prendre la main et regagner la lumière écrasante de la Méditerrannée, les dessins blancs des mouettes, les bleuïtés insulaires et l'espoir de ne pas mourir.

Ils avaient tout misé sur la chair, et ils allaient tout perdre. Peu importe si les ruines grecques sont habitées par les Dieux, lorsqu'on se baigne, peu importe si quarante siècles nous contemplent, quand les grains de sel se glissent sur la peau.

Peu importe les livres, quand la mer est terrassée d'écume. Peu importe l'amour, quand il ramasse des coquillages.

Peu importe la mort, si le jour a des couleurs d'éternité.

Je veux mourir dans les bleus, que mes enfants courent un cerf-volant à la main, qu'ils lancent du sable, que leurs rires ne soient pas compromis par la chaîne des renoncements.

Le moment le plus idiot dans la vie d'un homme est celui où il glisse ses rêves sous le tapis. Nous nous enlacerons dans les étoiles de mer, tu glisseras des hippocampes dans la poche de ta tunique. Cet instant ne sera qu'à nous. Eole soufflera sur les braises et tes cheveux boucleront comme la anse des souffleurs de verre.

19:18 Publié dans AutobioGraphie | Commentaires (1) | | Digg! Digg |  Facebook |