31/05/2011
Que deviens-tu Gabriella Sabatini?
La Silvana Mangano de Roland Garros,
La ligne Maginot,
Oui,
Cat Stevens est bien revenu lui.
21:59 Publié dans Inclassable | Commentaires (0) | Tags : tennis, gabriella sabatini, steffi graff, ilie nastase | | Digg | Facebook |
24/05/2011
Fashion! Petite robe noire, escarpins...
Je me suis acheté une bête de T-shirt, avec les Aristochats qui jouent dans un orchestre. Le problème, c'est que j'ai 37 ans.
Mais la faute en incombe à ce petit magasin du Marais qui ne propose que Walt Disney ou les Beatles. J'ai également acquis un top à leur effigie.
Heureusement, il n'y avait pas un troisième présentoire dédié à Nicolas Ceaucescu.
Il fait beau. Nous renonçons à notre libre arbitre. Résultat ce soir, il est 23H30, et j'ai le T-shirt sur moi, il sert de pyjama, et tous les matins, je mets le réveil à 6H10 et l'enlève avant que ma copine ne se réveille.
Il y a quelques minutes, alors que je lui ai annoncé que j'allais écrire un texte sur le dit textile, et qu'il était devenu ma muse, elle m'a dit "pense à écrire VILAIN".
D'un coup mon inspiration s'est tarie.
Sur un fond bleu clair, très sobre, se dessine un piano-armoire (sorte de deux-en-un fushia). Un chat vert pianote assis sur un tabouret au pied blanc et qui ressemble vaguement à un modèle destiné à la traite des vaches. Visiblement il joue du jazz, parce qu'à côté de lui une sorte de Sydney "Bechat " bleu lapis lazuli souffle dans une trompette jaune.
Un chat de gouttière d'un orange plus classique, et tout récemment échappé de la roulotte de Django Reinhardt, espèce de vagabond, manie avec bonhommie le bandonéon.
Et là, l'oeil de la voisine, qui tous les soirs m'épie avec sa lunette astronomique, pétille, voire s'embrase lorsqu'elle découvre, d'un mouvement involontaire et descendant de son télescope, la contrebasse kaki du chat dégingandé. Le chat dégingandé semble être atteint de cessité derrière ses lunettes roses, ce qui lui confère un vrai talent mélodique, eu égard à son ouïe exacerbée.
Lorsque la voisine remonte sa longue-vue, dans une contre-plongée, qu'elle espère fructueuse, elle tombe sur des poils jaunes. Allez savoir pourquoi, le chat dégingandé a une tignasse caca d'oie.
J'en ai sué pour écrire ce texte.
Demain quand je le mettrai au lavage, il ne faut pas que j'oublie la lingette Décolor stop.
00:28 Publié dans Inclassable | Commentaires (0) | Tags : ceaucescu, roms, filles, aristochats, t-shirt, fashion, mode, tendance, trends, longue-vue, télescope, textile, tabouret, piano, jazz, django reinhardt, sidney bechet, décolor stop | | Digg | Facebook |
10/05/2011
Ode au gorgonzola
Non ce n’est pas pour vous les filles !
C’est pas pour les gonzesses !
C’est bon, c’est gore,
On le mange avec les doigts.
Et toi ?
C’est quoi ?
Non ce n’est pas à la vanille.
Ta pâte persille.
Allez persistes !
T’en as plein les papilles
Gustatives.
Et même
Crois-moi si tu m’aimes,
Sur la rotative !
Oh !
Ce n’est pas malin,
Je n’ai pas de Sopalin…
Palin !
Dans ma gondole,
Sous le pont des soupirs,
Ne fais pas l’âne,
Allez mets-en,
Je t’en prie
Sur mon pain Poilâne.
J’vais lui demander à
Peppone,
De retirer de ma pizza,
Tout le peperonne
Et d’ajouter tout le gratin
Des fromages italiens.
Même servi,
Par un pizzaiollo acrobate
Par un italien d’opérette
Dans une gargote
Freestyle
De la rue des Martyrs.
Ou pire.
Je t’étale.
Tu m’emportes,
75 pour cent
C’est grave ?
mais grâce au gras
Au vrai
Un vrai délice.
Oh quel coup de sang !
Le supplice
De Tantale.
Non ce n’est pas pour vous les filles !
On le mange avec les doigts.
C’est le Gorgonzola.
22:19 Publié dans Inclassable, Poèmes | Commentaires (1) | Tags : gorgonzola, mascarpone, pizza, parmeggiano | | Digg | Facebook |
07/05/2011
La cigarette
Le trentième étage, il y a un avantage à habiter au trentième étage : le bruit des voitures se dissipe dans l'air. On dispose de cinq ascenseurs. Et leurs hauts-parleurs diffusent une musique rassurante. Si l'on ne les aime pas, utiliser la montée d'escalier équivaut à une heure de fitness. L'altitude dégage une vraie poésie urbaine. On ne doit pas laisser tomber une bouteille par la fenêtre, car cela ressemble à une tentative d'assassinat. Les travaux de copropriété sont collectifs. Vraiment collectifs. Il y a des avantages à habiter au trentième étage : on n'oublie pas le pain quand on fait les courses, le parking souterrain de l'immeuble est grand, et le bâtiment n'a pas été dessiné par votre cousin architecte, qui débute.
Il y a un art de vivre qui va avec l'altitude : on boit du Sauterne, le sol est recouvert de moquette, sinon on ne s'entend plus. Le Home cinéma pallie à l'absence de sortie générée par la réticence à quitter l'appartement. La salle de bain est en marbre, comme l'ascenseur, et l'on cuisine des assortiments de légumes. Il y a des vrais bonheurs à habiter au trentième étage : regarder les entrelacs de voies rapides, les tunnels, les pancartes, les travaux, qui ressemblent à des pistes de ski. On est seul au monde quand on fume une cigarette au trentième étage, en observant les embouteillages.
Souvent Vincent s'allonge sur le sol et regarde les traînées de lumière laissées au plafond par les phares des voitures, peinture abstraite de circulation. Il s'abandonne aux reflets pailletés qui vont et viennent. Il n'y a rien à voir que la multiplicité de réverbérations du monde urbain. Chaque soir vers 22h15, une trace plus claire s'inscrit. Il est persuadé idiotement que c'est une fille qui l'attend au carrefour. Il essaie de distinguer sa chevelure dans les dessins du plafond. Elle est blonde comme des feux de brouillard. Elle n'aime pas les tunnels de la Défense car elle les trouve anonymes. Il connaît ses goûts : elle boit du jus de pamplemousse et s'entraîne sur des Power Plates. Vincent pense à tout cela en prenant son café à la fenêtre. Les invités n'osent pas vous dire qu'ils ont le vertige. Elle porte souvent des robes noires et un décolleté rebondi et affolant.
On se fait des idées quand on habite au trentième étage.
17:44 Publié dans Nouvelles, récits | Commentaires (0) | Tags : périphérique, nuit, urbain, urbaine, voies rapides, boulevard, sauterne, fitness | | Digg | Facebook |
28/04/2011
Rosetta
Une jeune femme court. Une jeune femme a un entretien d'embauche. Une jeune femme vit dans un camping. Une jeune femme a des bottes crottées. Une jeune femme n'a rien sur son cv. Une jeune femme cherche du travail. C'est bourré de fautes d'orthographe. Y a de la détermination dans le regard. Pas de larmes. Une jeune femme est en guerre. Elle est un personnage de fiction. Elle n'est plus un personnage de fiction. Une métaphore. Un être de chair et c'est la guerre.
La misère c'est la guerre. Pas de pitié à avoir. Y 'a des mains à mordre. Elle n'est pas belle. Elle est remontée comme une pendule. Elle sortira de la rivière. Elle est en guerre contre le reste de l'humanité. Pas de pitié. On peut mentir. On peut tricher. Tous les coups sont permis. Elle vit dans une caravane. Un terrain vague. C'est du cinéma. Ce n'est plus du cinéma. Un emploi à trouver. Il faut sortir de la misère. Elle s'écorche les jambes. Elle fait partie du spectateur. On ne l'oubliera pas. On peut lui mettre une tarte à Rosetta, ça ne sert à rien. Dégueulasses ses bottes. Elle nous a remué les tripes. Et on n'est pas prêt de l'oublier. Une guerre.
Rosetta, c'est l'hiver 54 à elle toute seule.
On sait qu'elle s'en sortira. Elle fracasse le cinéma contre le mur du réel. On ne brise pas une telle volonté comme une fenêtre de camping car.
23:10 Publié dans Cinéma, télévision | Commentaires (0) | Tags : rosetta, les frères dardenne, cinéma, réel, cannes, emilie dequenne | | Digg | Facebook |
31/03/2011
Contre les brasseurs de courants d'air (les dames n'en brassent pas)
Monsieur,
Je vous vois vous agiter et faire mouvement sur mouvement. Vous êtes pin parasol courbé, tordu par le vent comme pour ramasser les pignons dispersés. Plus bas le ressac de la mer vous ramène à son éternité.
Choisissez mieux vos distractions, Monsieur, car il se pourrait qu’elles cessent plus vite que vous ne le supposez. Soyez saule pleureur qui profite de la brise légère, pour tremper ses rameaux dans l’eau. Votre temps sera mieux utilisé les pieds dans l’eau, que la tête baissée à courtiser un banquier.
Aussi longtemps que vous ne suivrez ces conseils, je ne saurais être, M. L’entortilleur,
Votre très obéissant
Cyranas de Bergeroc
16:36 Publié dans Lettres | Commentaires (1) | Tags : cyrano, air, vent, embrasser, pieds dans l'eau, saule pleureur, pin parasol, méditerranée | | Digg | Facebook |
27/03/2011
Course d'orientation
La pluie des signes, l’île des cygnes, le désert des tartares, la forêt de symboles, la nuit des temps, la cabale. Déchiffre-moi ! Aie ! Pif ! Le fond de ma pensée, les valses hésitations, les je ne sais quoi, les je ne sais qui, les bègues, les Mystères de Paris.
Je rêve du mur séché au soleil de tes silences.
La muette, les portes, l’île de Ré, les sourires, les yeux, le regard, le Pont des amours, les stalactites, les peintures rupestres, les grains de beauté, les traveling arrière, les trous de souris, les poignées de portes, les correspondances, les mortaises têtières, le bricolage. J’ai glissé sous une peau de mandarine le secret des amours mortes, et sous un rosier fané le songe de tes pommettes. Saurais-je un jour pourquoi les filles sont patientes et font plusieurs choses à la fois ?
Une clef à mollette ouvrira le tiroir de ta commode. Et je n’aurai pas avancé d’un iota. Tu sais la vie, j’y comprends rien, j’y comprends rien.
12:36 Publié dans Inclassable, Poèmes | Commentaires (0) | Tags : mystères de paris, annecy, pont des amours, buzatti, commode, bricolage, mortaises têtiaires, bricorama, serrurerie | | Digg | Facebook |
11/03/2011
Ode à l'olivier
j'aimerais
tailler une rame
de papier
pour dire tout le charme
des rameaux de l'olivier
à Jerusalem ou en Toscane ?
s'interroge-t-elle en pressant l'huile
des olives
à la provençale
mais n'étiez-vous pas plutôt dans le quartier latin
comme il est de bien entendu
vu ou lu
pour un arbre italien
si d'aventure
l'olive plaît
que ce ne soit pas
s'il vous plaît
un calvaire
pour me mettre
sous presse
sur un mont
ou dans une maison
dis moi ma blonde
où pourrais-je trouver
mes feuilles oblongues
dans un bureau de tabac?
mais brisons-là
je vous laisse
le temps presse
Carapelli se carapate
22:58 Publié dans Poèmes | Commentaires (0) | Tags : olivier, édition de l'olivier, carapelli, toscane, mont des oliviers, jérusalem, maison de la presse, presse, feuilles oblongues, quartier latin | | Digg | Facebook |
26/02/2011
Demande à la poussière.
"Je descends à reculons."
Imaginez-les errant, chemise hawaïenne au vent et lunettes à verres fumés. Des vagabonds en tenue de baigneur. On ne sait pas trop ce qui se passe dans les fonds de pension.
Les agences immobilières s'effondrent comme des châteaux de carte. Papy dort dans une cahute de bain. Yasmine Bleth fait du porte à porte pour vendre des crèmes de jour. "Je touche le fond de la piscine dans mon pull bleu marine, tout élimé". Marguerita, 72 ans saute de joie, elle vient de décrocher un emploi dans un tex-mex. Elle branche le juke-box et choisit un disque de Louis Prima, avant que le patron ne l'oriente poliment vers le dernier Amy Winehouse.
No country for old man.
La résidence Sunshine de Palm Springs s'est vidée depuis la crise des subprimes. Au bord de la piscine la femme du banquier est seule à faire des clapotis et des clapotas. En France, il y a plein de futurs retraités qui veulent racheter les appartements en faillitte. Arturo Bandini promène son détecteur de métaux et balaie les plages de Pacific Palissades. Il reste fier. Pacific Palissades, c'est le nom d'un film français, paraît-il, avec Sophie Marceau et Jean Hugues Anglade. Avec les gourmettes qu'il retrouvera, Arturo pourra offrir un tea-punch à une pépée claudicante. Il sait y faire Arturo Bandini. Zeus et Apollon aboient à la mort ils ont de l'arthrose.
Petite mise au point
En 2026, l'âge à partir duquel l'américain moyen pourra profiter de 100% de sa pension sera de 67 ans. Le système semble préservé mais tout n'est que poussière et retournera à la poussière. Le fonds de Social Security censé les financer n'est qu'une fiction comptable, et le gouvernement américain s'en sert pour payer ses dépenses courantes. Si ta maman te donne 5 francs -ça ne nous rajeunit pas- pour acheter des bonbons, et que tu achètes le journal, elle n'aura pas de bonbons. Ta maman aura faim, mais tu liras le journal, et dans le journal on te conseillera de travailler plus longtemps pour acheter des bonbons.
Pulveris
Les pensions sont pulvérisées, les arrière-petits-enfants devront rembourser les maisons de vacances. Samuel est chargé de l'entretien d'une résidence. "C'est plein de chlore au fond de la piscine, j'ai bu la tasse tchin-tchin.'
00:09 Publié dans Rêveries américaines | Commentaires (0) | Tags : retraite, etats-unis, isabelle adjani, arturo bandini, john fante, palm spring, alerte à malibu, pull marine, soleil, pacifique | | Digg | Facebook |
15/02/2011
Le Malabaratha ou la formidable Histoire de la gomme à mâcher
Verset 1, à l'aube des temps anciens :
à la préhistoire les hommes désoeuvrés mâchaient de la sève de conifère. "C'est con mais y a rien à faire". Aussi pour chasser l'ennui dessinaient-ils des cochons d'Inde sur les grottes de Lascaux et à Malabar, puis vinrent les "itistes" qui chiquent. Un "itiste" tient le mur. C'est plus chic que le chewing-gum.
Verset 2, les mayas et les sacrifices humains :
il y a 5000 ans, les indiens mâchaient de la sève de sapotier, le "chiclé" sorte de latex. Cela faisait mal aux dents d'où l'expression : "c'est pas du chiclé". Puis ils recouvraient le soleil avec des chewing-gum usagés pour pouvoir sacrifier Tintin et Milou tranquilles, à la cool.
Verset 3, le sapotier et le sabotier :
le "chiclé" est utilisé dans des chaussures chinoises bas de gamme, qui nous piègent les pieds dans la colle, et c'est pas Rabbi Jacob qui nous dira le contraire.
Verset 4, le moyen âge :
l'âge obscur du "chiclé", on ne sait que peu de choses sur son utilisation à l'époque. Aucune trace de la résine en question exceptée dans la bosse en silicone de Quasimodo. Il la changeait souvent, d'où la fameuse danse d'Esmeralda, la "Bossa Nova".
Verset 5, le chiclé se marie à la gélatine, ou au sirop :
de cette union naît le Chewing-gum, inventé par un certain Thomas Adams, de la famille du même nom et dont les dents vertes pleines de chicos avaient mauvaise réputation. Fort de son succès personnel, dans le village et auprès des filles, il le commercialise en 1872.
Une version non comestible est proposée sous le nom de Patafix.
Verset 6, 1872, une avalanche de succès :
la reine Victoria est mise dans la confidence de son secret de fabrication, on tente de l'assassiner en février. Fort de cette tentative d'espionnage industriel, le succès est au rendez-vous. Les gens se pressent devant les bureaux de tabac, en collent sous les bureaux, et s'affrontent pour des paquets. Le 9 novembre, c'est l'incendie de Boston.
Verset 7, la controverse :
souvent aromatisé à la menthe, le chewing-gum est l'accessoire indispensable des rendez-vous amoureux et des discours fins et pleins de délicatesse de Nicolas Sarkozy. "Il ne mâche pas ses mots" s'étonne une malheureuse habitante réveillée en pleine nuit par les cris du Président.
Verset 8, le débarquement du Chewing gum :
en France, en 1944, les Gi's en lancent aux françaises dans les bals populaires, puis les embrassent.
Verset 9, le grand mixe et le petit ne se mélange pas :
les ingrédients sont malaxés pendant deux heures dans un pétrin, à 95 degrés; il faut veiller à ce qu'il soit propre. Après utilisation, devenu insipide, l'accessoire sera collé sous une table où il durcira comme un stalactite.
Verset 10, Chewing gum et art de vivre :
Souvent vulgaire dans la bouche de Madonna ou Britney spears, il n'est jamais synonyme d'élégance. Il vaut mieux manger une pomme avec sa main.
00:50 Publié dans Rêveries américaines | Commentaires (1) | Tags : chewing-gum, madonna, britney spears, reine victoria, famille adams, maya, mâcher, chiclé, tintin, milou, amérique, lascaux, malabar, sarkosy, campagne de publicité la pomme, victoria olloqui, itiste, latex, colle, rabbi jacob | | Digg | Facebook |
04/02/2011
Whisky à gogo à Chicago
Chicago est surtout connue pour ses usines et ses gogos danseuses, mais bien peu de gens savent que ce fut la patrie d’Al Capone. Ainsi avant d’aller faire des claquettes au Cotton Club, l’auteur compte conter la modeste saga de cette ville sobre, loin des images d’opinel. Et y’aura des girls.
La morale bourgeoise contre la bavaroise.
En janvier 1920, la prohibition est établie par le vote du 18ème amendement de la constitution américaine. Comme toutes les mauvaises idées, cette décision est soutenue par les pasteurs protestants qui souhaitent moraliser la vie des plus pauvres et qui, sans doute imbibés des lectures naturalistes de Zola et du philosophe Botul, sont persuadés qu’il faut ôter aux pauvres leur ultime source de joie, afin que tous les mélancoliques anonymes se tournent vers la méditation Luthérienne.
Du jour au lendemain, Margot n’a plus que sa Tourtel pour pleurer.
Il faut savoir que nombre de brasseries sont alors tenues par des allemands et la Première guerre mondiale n’a pas mis la mousse à la bouche des Américains. L’image de marque de Maître Kanther est ternie, et la bière évoque surtout les tranchées, où l’on mange des topinambours dans les casques à pointe.
Pour les Américains, l’Europe, c’est loin et il y a des communistes.
La musique, ha la musique !
L’alcool est interdit sauf pour le vin de messe.
Des jeunes, pauvres et en manque ont les mains qui tremblent. Ils tapotent sur leurs saxos et piétinent nerveusement du pied. Le jazz est né. Les Andrews Sisters leur font les yeux doux en décroisant les jambes et en sirotant leur diabolo.
La médecine, seule pinte de salut.
Le nombre de visites non conventionnées explose, car l’on peut se procurer chez le médecin des ordonnances d’alcool médical. Les apothicaires prévoient des Tuc. Tous les pharmaciens sont de gardes et il n’est pas rare d’y faire un saut entre deux bars clandestins. Pour que vous ayez une idée du goût de ces obscures boissons médicales, songez à la prune que vous offre votre voisin palier à Noël et qui tourne, pardon, qui vieillit au fond de votre meuble apéritif.
Mangez en Pologne, buvez en Hongrie, dormez en Allemagne et faites l'amour en Italie.
(proverbe maggyar à deux sous)
Pendant ce temps-là à Naples, les alambics fument, et les Guggino, Laudato, Terranova, Caposselo, Matsa, Catania, Saccarino, Capone s’apprêtent à arroser le marché canadien ; des produits maisons sont conservés dans des barriques, par de vieilles siciliennes en deuil. Elles les surveillent sur le pas de la porte. Toute la famille met en bouteilles du whisky écossais, même les récalcitrantes. « Oh Lazarella de mon cœur, tu voudrais faire du cinéma, tu ferais mieux d’aider tes sœurs et faire la soupe à ta mama ! ». À la veillée funèbre, tandis que le produit est distillé, des voisins, les I Muvrini, la main sur l’oreille, braillent le chant des bateliers. Le Limoncello ne traversera jamais l’Atlantique, pour ne pas salir la réputation des contrebandiers. Mais coffre trop bourré brise sa serrure. Les navires sont remplis de faux Irlandais qui finiront une balle dans le ventre à Little Italy.
La prime à la caisse.
Au petit matin, la brume du Lac Michigan et la fumée d’éthanol masquent à peine le ballet des Ford T. Alphonse Gabriel Capone, une petite frappe issue « des Brooklyn Rippers », les éventreurs de Brooklyn, bourre les coffres de bouteilles un Béretta à la main. L’homme a dix-huit ans et s’exerce comme videur, « Qui vous invite ? », lorsqu’un client mécontent lui fait malencontreusement une balafre au rasoir, qui lui vaudra son surnom de Scarface, immortalisé par Howard Hawks dans le film susnommé. Al Capone assiste à l’avant première de Scarface, le réalisateur blêmit lorsque le mafieux tousse. Finalement sain et sauf, Hawks pourra réaliser Le Grand Sommeil. Pendant ce temps, dénoncé par un trader de HSBC, Capone se fait épingler pour fraude fiscale. On l’envoie à Alcatraz où il aura tout le temps d’écouter Louis Prima. Entre deux plats de pâtes.
En entrant au Cotton Club, les saxophonistes vous donnent des fourmis dans les jambes.
La « Prohibition » est morte, vive « Les Années folles ».
23:42 Publié dans Rêveries américaines | Commentaires (1) | Tags : maître kanther, casques, mousse, whisky, gogo; andrews sisters, prohibition, scarface, capone; sicile, dalida, little italy; barriques, contrebande, ford t, lazarella | | Digg | Facebook |
28/01/2011
Ode au café
Je ne sais pas si tu peux lire
Je l’ai renversé sur mon poème
Je secoue les feuilles et la crème
Glisse sur les mots
Au matin
Quand bruisse la musique envoûtante
De la machine à expresso
Les allongés les Americains les crèmes les ristretti les capuccini les Viennois
S’écoulent sur le vers de mon poème
Goutte à goutte comme le brouillard sournois de la
Conjonctivite
Vite vite il déborde
Et je n’ai pas de carré pour essuyer l’écume
Sur tes lèvres
En forme de cœur
Acre
Dans la mer noire on m’a dit
Sais-tu qu’il y a du café turc
Peut-être suis-je un peu candide
De penser que des liquides
Il n’y a que la lagune
Promets moi de ne pas oublier
D’en racheter mon amour
Dans les sacs en toile
Dont on fait les chansons
00:32 Publié dans Poèmes | Commentaires (1) | Tags : expresso, cafe con pana, café, georges clooney, crème, coeur, addiction, viennois, américain, capuccino, café turc, mer noire, sacs, chanson, chanson de toile | | Digg | Facebook |
15/01/2011
Les Quatre cents Coups de fil
J'ai vu ta jolie nuque au téléphone, penchée tout contre le combiné. Il y a des téléphones rouges, des téléphones bleus, des numéros verts, et des téléphones roses. Mais toi c'était un téléphone gris, car tu n'es pas multicolore.
Il pleut, réfugie toi dans la cabine, de baignade, de pilotage, de douche, spatiale et écris-moi. Tes pas s'effacent sur le sable. Arrête de me chanter ta chanson, je n'entends-rien, j'ai pas de réseau, pas d'ami, pas d'amour que des funambules. Sur ta ligne, tu n'as rien calligraphié, rien dessiné, rien n'esquissé, rien chanté, rien dit, rien rédigé. Elles sont noires tes lignes, je les couvre au blanco comme ça tu peux la dessiner cette cabine anglaise que tu regrettes tant. Il pleut toujours à Londres? Surtout ne prends pas froid. Ecris-moi de temps en temps. Pense à son anniversaire.
Tu sais j'ai des prospectus et des astuces. Passe-la moi. Loto à qui le tour ? Extrait de concentré. Attends je te rends le combiné. Comment, j'ai pas de conversation? Tu as les yeux baissés quand tu parles, dans le clair-obscur. Des moineaux se posent sur ta ligne, confie-leur tes secrets. Ils babillent comme toi. Les langues se confondent -des interférences. N'oublie pas le pain. Tu as des enveloppes et des postcards ? Je préfère. Et tes amours ? Raconte-moi leur histoire. Repasses-tu quand j'appelle ? Où est la valise ma fille ? Des rochers et des cris. Votre correspondant est déjà en ligne. Envie de décrocher. Non ce n'est pas le dixième appel, on ne compte pas les mots d'amour. Il est parti vivre sa vie à Angoulême, sa mère est inquiète. Je vendrai des bijoux, il tiendra une station essence. Nous aurons de beaux enfants. Oui, celui en argent avec une perle. Tes pupilles et l'air de jazz. Adieu Clémentine. Ciao. Bye-bye. See you soon. Au revoir. Hasta luego. Até amanhia. Tu es toujours au bout du fil ? Non ça bat de l'aile. Ils s'envolent, et tourbillonnent. Je te bâtirai un gîte avec des poteaux téléphoniques. Tu leur confieras tes messages. Désolé Monsieur, écrivez-nous. Nous ne prenons pas les réclamations au téléphone.
Elle joue la fille de l'air.
Ils n'ont que des dresseurs de fauves, des trapézistes, des acrobates, des contorsionnistes, des éléphants du Bengale, des cracheurs de feu et des lanceurs de couteaux. Le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement.
N'est-ce pas un de ses cheveux sur la dune ?
05/01/2011
Où est le Tarama?
Sur la plage blanche (oui, l'histoire se passe en Mer Baltique), il y a des Suédoises qui pique-niquent.
La neige recouvre le rivage et Romain Gary les observe, les doigts de pieds en éventail, en mangeant du concombre salé. Mais qui voit-il ?
Elle a les cheveux courts, un tee-shirt à l'effigie d'un journal. Elle se promène sur la plage, en criant " New York Herald Tribune ! New York Herald Tribune !" Ne serait-ce pas... non ce n'est pas elle !
Déçu.
D'un coup, il apprécie beaucoup moins son concombre salé. Elle est passée si vite.
Il a appris des rudiments de suédois, avec sa mère, à Nice, alors il perçoit quelques mots de la conversation. On parle du Lac Vanern, de la légende de Gosta Berling, de pasteurs et de messes de minuit.
À Stockholm, des patineurs se dandinent -les Suédois étaient déjà très sportifs à l'époque. Romain a toujours du mal avec le patin. Ce n'est pas un sport de résistant, ni d'ambassadeur. Alors il mange encore du concombre salé. Et s'imagine sur une plage à Ramatuelle, avec sa mère qui l'entraîne dans ses pérégrinations, pour distribuer des bijoux. Si, si, elle a été bijoutière ! Ramatuelle à l'époque n'accueillait que quelques Russes, qui délaissaient le Négresco. (Si, si, sa mère a travaillé au Négresco !)
Il ouvre les yeux et revient à lui devant un étale de gâteau à la carotte.
Non, ce n'est pas elle. Elle est passée si vite.
13:04 Publié dans Nouvelles, récits | Commentaires (0) | Tags : suède, suédoises, stockholm, negresco, concombre salé, lac vanern, russes, ramatuelle, tarama, baltique, gosta berling, jean seberg, nice, romain gary | | Digg | Facebook |
03/01/2011
Des Hommes et des Dieux
C'est plus cher que la messe.
21:34 Publié dans Actualité, Cinéma, télévision | Commentaires (0) | Tags : des hommes, des dieux, messe | | Digg | Facebook |
21/12/2010
Diamond is a girl, and girls are boy's best friends.
L’auteur a déjà évoqué la Prohibition, l’histoire du chewing-gum, et d’autres américaneries mais n’oublions pas la robe légère qui flotte dans le sillage du rêve américain.
Une goutte de Chanel n°5
La publicité que même dans ses grands moments d’optimisme Coco n’eût pu espérer. Le seul habit de Marilyn sur son lit de soie rouge. Depuis il faut supporter Vanessa Paradis dans une cage, Audrey Tautou dans un train et Nicole Kidman dans des images de synthèse.
Truman Capote
écrit mal et démolit en trois pages le mythe de la belle blonde incendiaire, ha s’il avait pu prendre du Tranxen lui aussi, mais il a un joli nom de bagnole.
Une bouche de métro
De trop et hop des photos, des photos des photos. L’autre image mythique c’est deux travestis au bras de Poupoupidou Pou ! Ciel! Si j’étais Tony Curtis pour me glisser dans ce train entier de violonistes ivres mortes. Allez Marilyn, présente-nous tes copines.
L’Amérique de Kennedy
C’est :
- la « Baie des cochons : Fidel Castro aimerait fumer ses cigares tranquille ;
- la lutte pour les droits civiques : Martin Luther King et Kennedy se serrent la main :
- l’envoi d’un homme sur la lune et l’envoi de la lune sur un homme :
« Happy Birthday Mister Président ! »
Mon poulet a brûlé !
« Elle n’aura jamais su à quel point, je ne l’ai pas détestée » déclara l’épouse d’Yves Montant après la mort de Marilyn.
Le jour où une photographe de l’Agence Magnum se glisse chez Simone Signoret pour assister à un repas qui réunit son mari, Marilyn, et la maitresse de maison, elle ne se doute pas qu’elle invente la presse people. Simone Signoret est au fourneau et plus Marilyn est exubérante, plus l’actrice se ferme et devient ulcérée par la jalousie. Au fil des clichés la tension dramatique ne cesse de monter. Un huit-clos transparent. La photographe est une petite souris qui assiste à la Guerre de Troie.
Even cowgirls get the blues.
Marilyn diablement mélancolique, sous l’œil d’Eve Arnold durant le tournage des Misfits Elle est triste mais mais nul ne sait percer le secret des collines d’Hollywood.
« Toi qui connais la fin du film, dis Marilyn, est-ce un baiser ? »
Pas toujours le beau rôle.
Sinon Marilyn a été l"assistance idiote d'un savant fou, et a tenté d'épouser un milliardaire avec des grosses lunettes à double foyer.
00:00 Publié dans Rêveries américaines | Commentaires (0) | Tags : marilyn monroe, eve arnold, editions du seuil, chanel, coco, truman capote, misfits, tony curtis, certains l'aiment chaud, blonde, bagnole, vanessa paradis, audrey tautou, kennedy, tranxen, agence magnum, simone signoret, yves montant, henry miller, kidman | | Digg | Facebook |