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24/05/2011

Fashion! Petite robe noire, escarpins...

Je me suis acheté une bête de T-shirt, avec les Aristochats qui jouent dans un orchestre. Le problème, c'est que j'ai 37 ans.

Mais la faute en incombe à ce petit magasin du Marais qui ne propose que Walt Disney ou les Beatles. J'ai également acquis un top  à leur effigie. 

Heureusement, il n'y avait pas un troisième présentoire dédié à Nicolas Ceaucescu.

Il fait beau. Nous renonçons à notre libre arbitre. Résultat ce soir, il est 23H30, et j'ai le T-shirt sur moi, il sert de pyjama, et tous les matins, je mets le réveil à 6H10 et l'enlève avant que ma copine ne se réveille.

Il y a quelques minutes, alors que je lui ai annoncé que j'allais écrire un texte sur le dit textile, et qu'il était devenu ma muse, elle m'a dit "pense à écrire VILAIN".

D'un coup mon inspiration s'est tarie.

Sur un fond bleu clair, très sobre, se dessine un piano-armoire (sorte de deux-en-un fushia). Un chat vert pianote assis sur un tabouret au pied blanc  et qui ressemble vaguement à un modèle destiné à la traite des vaches. Visiblement il joue du jazz, parce qu'à côté de lui une sorte de Sydney "Bechat " bleu lapis lazuli souffle dans une trompette jaune.

Un chat de gouttière d'un orange plus classique, et tout récemment échappé de la roulotte de Django Reinhardt, espèce de vagabond, manie avec bonhommie le bandonéon.

Et là, l'oeil de la voisine, qui tous les soirs m'épie avec sa lunette astronomique, pétille, voire s'embrase lorsqu'elle découvre, d'un mouvement involontaire et descendant de son télescope, la contrebasse kaki du chat dégingandé. Le chat dégingandé semble être atteint de cessité derrière ses lunettes roses, ce qui lui confère un vrai talent mélodique, eu égard à son ouïe exacerbée.

Lorsque la voisine remonte sa longue-vue, dans une contre-plongée, qu'elle espère fructueuse, elle tombe sur des poils jaunes. Allez savoir pourquoi, le chat dégingandé a une tignasse caca d'oie.

J'en ai sué pour écrire ce texte.

Demain quand je le mettrai au lavage, il ne faut pas que j'oublie la lingette Décolor stop.

10/05/2011

Ode au gorgonzola

 

 

Non ce n’est pas pour vous les filles !

C’est pas pour les gonzesses !

C’est bon, c’est gore,

On le mange avec les doigts.

Et toi ?

C’est quoi ?

 

Non ce n’est pas à la vanille.

Ta pâte persille.

Allez persistes !

T’en as plein les papilles

 

Gustatives.

Et même

Crois-moi si tu m’aimes,

Sur la rotative !

 

Oh !

Ce n’est pas malin,

Je n’ai pas de Sopalin…

Palin !

 

Dans ma gondole,

Sous le pont des soupirs,

Ne fais pas l’âne,

Allez mets-en,

Je t’en prie

Sur mon pain Poilâne.

 

J’vais lui demander à

Peppone,

De retirer de ma pizza,

Tout le peperonne

Et d’ajouter tout le gratin

Des fromages italiens.

 

Même servi,

Par un pizzaiollo acrobate

Par un italien d’opérette

 

Dans une gargote

Freestyle

De la rue des Martyrs.

Ou pire.

 

Je t’étale.

Tu m’emportes,

 

 

 

75 pour cent

C’est grave ?

mais grâce au gras

Au vrai

Un vrai délice.

Oh quel coup de sang !

Le supplice

 

De Tantale.

 

Non ce n’est pas pour vous les filles !

On le mange avec les doigts.

 

C’est le Gorgonzola.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

07/05/2011

La cigarette

Le trentième étage, il y a un avantage à habiter au trentième étage : le bruit des voitures se dissipe dans l'air. On dispose de cinq ascenseurs. Et leurs hauts-parleurs diffusent une musique rassurante. Si l'on ne les aime pas, utiliser la montée d'escalier équivaut à une heure de fitness. L'altitude dégage une vraie poésie urbaine. On ne doit pas laisser tomber une bouteille par la fenêtre, car cela ressemble à une tentative d'assassinat. Les travaux de copropriété sont collectifs. Vraiment collectifs. Il y a des avantages à habiter au trentième étage : on n'oublie pas le pain quand on fait les courses, le parking souterrain de l'immeuble est grand, et le bâtiment n'a pas été dessiné par votre cousin architecte, qui débute.

Il y a un art de vivre qui va avec l'altitude : on boit du Sauterne, le sol est recouvert de moquette, sinon on ne s'entend plus. Le Home cinéma pallie à l'absence de sortie générée par la réticence à quitter l'appartement. La salle de bain est en marbre, comme l'ascenseur, et l'on cuisine des assortiments de légumes. Il y a des vrais bonheurs à habiter au trentième étage : regarder les entrelacs de voies rapides, les tunnels, les pancartes, les travaux, qui ressemblent à des pistes de ski. On est seul au monde quand on fume une cigarette au trentième étage, en observant les embouteillages.

Souvent Vincent s'allonge sur le sol et regarde les traînées de lumière laissées au plafond par les phares des voitures, peinture abstraite de circulation. Il s'abandonne aux reflets pailletés qui vont et viennent. Il n'y a rien à voir que la multiplicité de réverbérations du monde urbain. Chaque soir vers 22h15, une trace plus claire s'inscrit. Il est persuadé idiotement que c'est une fille qui l'attend au carrefour. Il essaie de distinguer sa chevelure dans les dessins du plafond. Elle est blonde comme des feux de brouillard. Elle n'aime pas les tunnels de la Défense car elle les trouve anonymes. Il connaît ses goûts : elle boit du jus de pamplemousse et s'entraîne sur des Power Plates. Vincent pense à tout cela en prenant son café à la fenêtre. Les invités n'osent pas vous dire qu'ils ont le vertige. Elle porte souvent des robes noires et un décolleté rebondi et affolant.


On se fait des idées quand on habite au trentième étage.

28/04/2011

Rosetta

 

Une jeune femme court. Une jeune femme a un entretien d'embauche. Une jeune femme vit dans un camping. Une jeune femme a des bottes crottées. Une jeune femme n'a rien sur son cv. Une jeune femme cherche du travail. C'est bourré de fautes d'orthographe. Y a de la détermination dans le regard. Pas de larmes. Une jeune femme est en guerre. Elle est un personnage de fiction. Elle n'est plus un  personnage de fiction. Une métaphore. Un être de chair et c'est la guerre.

La misère c'est la guerre. Pas de pitié à avoir. Y 'a des mains à mordre. Elle n'est pas belle. Elle est remontée comme une pendule. Elle sortira de la rivière. Elle est en guerre contre le reste de l'humanité. Pas de pitié. On peut mentir. On peut tricher. Tous les coups sont permis. Elle vit dans une caravane. Un terrain vague. C'est du cinéma. Ce n'est plus du cinéma. Un emploi à trouver. Il faut sortir de la misère. Elle s'écorche les jambes. Elle fait partie du spectateur. On ne l'oubliera pas. On peut lui mettre une tarte à Rosetta, ça ne sert à rien. Dégueulasses ses bottes. Elle nous a remué les tripes. Et on n'est pas prêt de l'oublier. Une guerre.

Rosetta, c'est l'hiver 54 à elle toute seule.

On sait qu'elle s'en sortira. Elle fracasse le cinéma contre le mur du réel. On ne brise pas une telle volonté comme une fenêtre de camping car.

31/03/2011

Contre les brasseurs de courants d'air (les dames n'en brassent pas)

                          

Monsieur,

 

Je vous vois vous agiter et faire mouvement sur mouvement. Vous êtes  pin parasol courbé, tordu par le vent comme pour ramasser les pignons dispersés. Plus bas le ressac de la mer vous ramène à son éternité.

Choisissez mieux vos distractions, Monsieur, car il se pourrait qu’elles cessent plus vite que vous ne le supposez. Soyez saule pleureur qui profite de la brise légère,  pour tremper ses rameaux dans l’eau. Votre temps sera mieux utilisé les pieds dans l’eau, que la tête baissée à courtiser un banquier.

 

Aussi longtemps que vous ne suivrez ces conseils, je ne saurais être, M. L’entortilleur,

 

Votre très obéissant

Cyranas de Bergeroc

 

27/03/2011

Course d'orientation

La pluie des signes, l’île des cygnes, le désert des tartares, la forêt de symboles, la nuit des temps, la cabale. Déchiffre-moi ! Aie ! Pif ! Le fond de ma pensée, les valses hésitations, les je ne sais quoi, les je ne sais qui, les bègues, les Mystères de Paris.

Je rêve du mur séché au soleil de tes silences.

 

La muette, les portes, l’île de Ré, les sourires, les yeux, le regard, le Pont des amours, les stalactites, les peintures rupestres, les grains de beauté, les traveling arrière, les trous de souris, les poignées de portes, les correspondances, les mortaises têtières, le bricolage. J’ai glissé sous une peau de mandarine le secret des amours mortes, et sous un rosier fané le songe de tes pommettes. Saurais-je un jour pourquoi les filles sont patientes et font plusieurs choses à la fois ?

 

Une clef à mollette ouvrira le tiroir de ta commode. Et je n’aurai pas avancé d’un iota. Tu sais la vie, j’y comprends rien, j’y comprends rien.

 

11/03/2011

Ode à l'olivier

j'aimerais

tailler une rame

de papier

pour dire tout le charme

des rameaux de l'olivier

 

à Jerusalem ou en Toscane ?

s'interroge-t-elle en pressant l'huile

 

des olives

 

à la provençale

mais n'étiez-vous pas plutôt dans le quartier latin

comme il est de bien entendu

vu ou lu

pour un arbre italien

 

si d'aventure

l'olive plaît

que ce ne soit pas

s'il vous plaît

un calvaire

pour me mettre

 

sous presse

 

sur un mont

ou dans une maison

 

dis moi ma blonde

où pourrais-je trouver

mes feuilles oblongues

 

dans un bureau de tabac?

 

mais brisons-là

je vous laisse

le temps presse

 

Carapelli se carapate

26/02/2011

Demande à la poussière.

"Je descends à reculons."

Imaginez-les errant, chemise hawaïenne au vent et lunettes à verres fumés. Des vagabonds en tenue de baigneur. On ne sait pas trop ce qui se passe dans les fonds de pension.

Les agences immobilières s'effondrent comme des châteaux de carte. Papy dort dans une cahute de bain. Yasmine Bleth fait du porte à porte pour vendre des crèmes de jour. "Je touche le fond de la piscine dans mon pull bleu marine, tout élimé". Marguerita, 72 ans saute de joie, elle vient de décrocher un emploi dans un tex-mex. Elle branche le juke-box et choisit un disque de Louis Prima, avant que le patron ne l'oriente poliment vers le dernier Amy Winehouse.

No country for old man.

La résidence Sunshine de Palm Springs s'est vidée depuis la crise des subprimes. Au bord de la piscine la femme du banquier est seule à faire des clapotis et des clapotas. En France, il y a plein de futurs retraités qui veulent racheter les appartements en faillitte. Arturo Bandini promène son détecteur de métaux et balaie les plages de Pacific Palissades. Il reste fier. Pacific Palissades, c'est le nom d'un film français, paraît-il, avec Sophie Marceau et Jean Hugues Anglade. Avec les gourmettes qu'il retrouvera, Arturo pourra offrir un tea-punch à une pépée claudicante. Il sait y faire Arturo Bandini. Zeus et Apollon aboient à la mort ils ont de l'arthrose.

Petite mise au point

En 2026, l'âge à partir duquel l'américain moyen pourra profiter de 100% de sa pension sera de 67 ans. Le système semble préservé mais tout n'est que poussière et retournera à la poussière. Le fonds de Social Security censé les financer n'est qu'une fiction comptable, et le gouvernement américain s'en sert pour payer ses dépenses courantes. Si ta maman te donne 5 francs -ça ne nous rajeunit pas- pour acheter des bonbons, et que tu achètes le journal, elle n'aura pas de bonbons. Ta maman aura faim, mais tu liras le journal, et dans le journal on te conseillera de travailler plus longtemps pour acheter des bonbons.

 Pulveris

Les pensions sont pulvérisées,  les arrière-petits-enfants devront rembourser les maisons de vacances. Samuel est chargé de l'entretien d'une résidence. "C'est plein de chlore au fond de la piscine, j'ai bu la tasse tchin-tchin.'

 

15/02/2011

Le Malabaratha ou la formidable Histoire de la gomme à mâcher


Verset 1, à l'aube des temps anciens :

à la préhistoire les hommes désoeuvrés mâchaient de la sève de conifère. "C'est con mais y a rien à faire". Aussi pour chasser l'ennui dessinaient-ils des cochons d'Inde sur les grottes de Lascaux et à Malabar, puis vinrent les "itistes" qui chiquent. Un "itiste" tient le mur. C'est plus chic que le chewing-gum.

Verset 2, les mayas et les sacrifices humains :

il y a 5000 ans, les indiens mâchaient de la sève de sapotier, le "chiclé" sorte de latex. Cela faisait mal aux dents d'où l'expression : "c'est pas du chiclé". Puis ils recouvraient le soleil avec des chewing-gum usagés pour pouvoir sacrifier Tintin et Milou tranquilles, à la cool.


Verset 3, le sapotier et le sabotier :

le "chiclé" est utilisé dans des chaussures chinoises bas de gamme, qui nous piègent les pieds dans la colle, et c'est pas Rabbi Jacob qui nous dira le contraire.

Verset 4, le moyen âge :

l'âge obscur du "chiclé", on ne sait que peu de choses sur son utilisation à l'époque. Aucune trace de la résine en question exceptée dans la bosse en silicone de Quasimodo. Il la changeait souvent, d'où la fameuse danse d'Esmeralda, la "Bossa Nova".

Verset 5, le chiclé se marie à la gélatine, ou au sirop :
 
de cette union naît le Chewing-gum, inventé par un certain Thomas Adams, de la famille du même nom et dont les dents vertes pleines de chicos avaient mauvaise réputation. Fort de son succès personnel, dans le village et auprès des filles, il le commercialise en 1872.

Une version non comestible est proposée sous le nom de Patafix.

Verset 6, 1872, une avalanche de succès :

la reine Victoria est mise dans la confidence de son secret de fabrication, on tente de l'assassiner en février. Fort de cette tentative d'espionnage industriel, le succès est au rendez-vous. Les gens se pressent devant les bureaux de tabac, en collent sous les bureaux, et s'affrontent pour des paquets. Le 9 novembre, c'est l'incendie de Boston.

Verset 7, la controverse :

souvent aromatisé à la menthe, le chewing-gum est l'accessoire indispensable des rendez-vous amoureux et des discours fins et pleins de délicatesse de Nicolas Sarkozy.  "Il ne mâche pas ses mots" s'étonne une malheureuse habitante réveillée en pleine nuit par les cris du Président.  

Verset 8, le débarquement du Chewing gum :

en France, en 1944, les Gi's en lancent aux françaises dans les bals populaires, puis les embrassent.

Verset 9, le grand mixe et le petit ne se mélange pas :

les ingrédients sont malaxés pendant deux heures dans un pétrin, à 95 degrés; il faut veiller à ce qu'il soit propre.  Après utilisation, devenu insipide, l'accessoire sera collé sous une table où il durcira comme un stalactite.

Verset 10, Chewing gum et art de vivre :

Souvent vulgaire dans la bouche de Madonna ou Britney spears, il n'est jamais synonyme d'élégance. Il vaut mieux manger une pomme avec sa main.

04/02/2011

Whisky à gogo à Chicago

 

Chicago est surtout connue pour ses usines et ses gogos danseuses, mais bien peu de gens savent que ce fut la patrie d’Al Capone. Ainsi avant d’aller faire des claquettes au Cotton Club, l’auteur compte conter la modeste saga de cette ville sobre, loin des images d’opinel. Et y’aura des girls.

 

La morale bourgeoise contre la bavaroise.

 

En janvier 1920, la prohibition est établie par le vote du 18ème amendement de la constitution américaine. Comme toutes les mauvaises idées, cette décision est soutenue par les pasteurs protestants qui souhaitent moraliser la vie des plus pauvres et qui, sans doute imbibés des lectures naturalistes de Zola et du philosophe Botul, sont persuadés qu’il faut ôter  aux pauvres leur ultime source de joie, afin que tous les mélancoliques anonymes se tournent vers la méditation Luthérienne.

 

Du jour au lendemain, Margot n’a plus que sa Tourtel pour pleurer.

 

Il faut savoir que nombre de brasseries sont alors tenues par des allemands et la Première guerre mondiale n’a pas mis la mousse à la bouche des Américains. L’image de marque de Maître Kanther est ternie, et la bière évoque surtout les tranchées, où l’on mange des topinambours dans les casques à pointe.

 

 Pour les Américains, l’Europe, c’est loin et il y a des communistes.

 

La musique, ha la musique !

 

L’alcool est interdit sauf pour le vin de messe.

Des jeunes, pauvres et en manque ont les mains qui tremblent. Ils tapotent sur leurs saxos et piétinent nerveusement du pied. Le jazz est né.  Les Andrews Sisters leur font les yeux doux en décroisant les jambes et en sirotant leur diabolo.

 

La médecine, seule pinte de salut.

 

Le nombre de visites non conventionnées explose, car l’on peut se procurer chez le médecin des ordonnances d’alcool médical.  Les apothicaires prévoient des Tuc. Tous les pharmaciens sont de gardes et il n’est pas rare d’y faire un saut entre deux bars clandestins. Pour que vous ayez une idée du goût de ces obscures boissons médicales, songez à la prune que vous offre votre voisin palier à Noël et qui tourne, pardon, qui vieillit au fond de votre meuble apéritif.

 

Mangez en Pologne, buvez en Hongrie, dormez en Allemagne et faites l'amour en Italie.

(proverbe maggyar à deux sous)

 

Pendant ce temps-là à Naples, les alambics fument, et les Guggino, Laudato, Terranova, Caposselo, Matsa, Catania, Saccarino, Capone s’apprêtent à arroser le marché canadien ; des produits maisons sont conservés dans des barriques, par de vieilles siciliennes en deuil. Elles les surveillent sur le pas de la porte. Toute la famille met en bouteilles du whisky écossais, même les récalcitrantes. « Oh Lazarella de mon cœur, tu voudrais faire du cinéma, tu ferais mieux d’aider tes sœurs et faire la soupe à ta mama ! ». À la veillée funèbre, tandis que le produit est distillé, des voisins, les I Muvrini, la main sur l’oreille, braillent le chant des bateliers. Le Limoncello ne traversera jamais l’Atlantique, pour ne pas salir la réputation des contrebandiers. Mais coffre trop bourré brise sa serrure. Les navires sont remplis de faux Irlandais qui finiront une balle dans le ventre à Little Italy.

 

La prime à la caisse.

 

Au petit matin, la brume du Lac Michigan et la fumée d’éthanol masquent à peine le ballet des Ford T. Alphonse Gabriel Capone, une petite frappe issue « des Brooklyn Rippers », les éventreurs de Brooklyn, bourre les coffres de bouteilles un Béretta à la main. L’homme a dix-huit ans et s’exerce comme videur, « Qui vous invite ? », lorsqu’un client mécontent lui fait malencontreusement une balafre au rasoir, qui lui vaudra son surnom de Scarface, immortalisé par Howard Hawks dans le film susnommé. Al Capone assiste à l’avant première de Scarface, le réalisateur blêmit lorsque le mafieux tousse. Finalement sain et sauf, Hawks pourra réaliser Le Grand Sommeil. Pendant ce temps, dénoncé par un trader de HSBC, Capone se fait épingler pour fraude fiscale. On l’envoie à Alcatraz où il aura tout le temps d’écouter Louis Prima. Entre deux plats de pâtes.

 

En entrant au Cotton Club, les saxophonistes vous donnent des fourmis dans les jambes.

 

La « Prohibition » est morte, vive « Les Années folles ».

28/01/2011

Ode au café

 

 

Je ne sais pas si tu peux lire

Je l’ai renversé sur mon poème

Je secoue les feuilles et la crème

Glisse sur les mots

Au matin

Quand bruisse la musique envoûtante

De la machine à expresso

 

 

Les allongés les Americains les crèmes les ristretti les capuccini les Viennois

S’écoulent sur le vers de mon poème

Goutte à goutte comme le brouillard sournois de la

Conjonctivite

 

Vite vite il déborde

Et je n’ai pas de carré pour essuyer l’écume

Sur tes lèvres

En forme de cœur

Acre

 

Dans la mer noire on m’a dit

Sais-tu qu’il y a du café turc

Peut-être suis-je un peu candide

De penser que des liquides

Il n’y a que la lagune

 

Promets moi de ne pas oublier

D’en racheter mon amour

Dans les sacs en toile

Dont on fait les chansons

15/01/2011

Les Quatre cents Coups de fil

 

 

    J'ai vu ta jolie nuque au téléphone, penchée tout contre le combiné. Il y a des téléphones rouges, des téléphones bleus, des numéros verts,  et des téléphones roses. Mais toi c'était un téléphone gris, car tu n'es pas multicolore.

 

    Il pleut, réfugie toi dans la cabine, de baignade, de pilotage, de douche, spatiale et écris-moi. Tes pas s'effacent sur le sable. Arrête de me chanter ta chanson, je n'entends-rien, j'ai pas de réseau, pas d'ami, pas d'amour que des funambules. Sur ta ligne, tu n'as rien calligraphié, rien dessiné, rien n'esquissé, rien chanté, rien dit, rien rédigé. Elles sont noires tes lignes, je les couvre au blanco comme ça tu peux la dessiner cette cabine anglaise que tu regrettes tant. Il pleut toujours à Londres? Surtout ne prends pas froid. Ecris-moi de temps en temps. Pense à son anniversaire.

 

Tu sais j'ai des prospectus et des astuces. Passe-la moi. Loto à qui le tour ?  Extrait de concentré.  Attends je te rends le combiné. Comment, j'ai pas de conversation? Tu as les yeux baissés quand tu parles, dans le clair-obscur. Des moineaux se posent sur ta ligne, confie-leur tes secrets. Ils babillent comme toi. Les langues se confondent -des interférences. N'oublie pas le pain. Tu as des enveloppes et des postcards ? Je préfère. Et tes amours ? Raconte-moi leur histoire. Repasses-tu quand j'appelle ? Où est la valise ma fille ? Des rochers et des cris.  Votre correspondant est déjà en ligne. Envie de décrocher. Non ce n'est pas le dixième appel, on ne compte pas les mots d'amour. Il est parti vivre sa vie à Angoulême, sa mère est inquiète. Je vendrai des bijoux, il tiendra une station essence. Nous aurons de beaux enfants. Oui, celui en argent avec une perle. Tes pupilles et l'air de jazz. Adieu Clémentine. Ciao. Bye-bye. See you soon. Au revoir. Hasta luego. Até amanhia. Tu es toujours au bout du fil ? Non ça bat de l'aile. Ils s'envolent, et tourbillonnent. Je te bâtirai un gîte avec des poteaux téléphoniques. Tu leur confieras tes messages. Désolé Monsieur, écrivez-nous. Nous ne prenons pas les réclamations au téléphone. 

 

Elle joue la fille de l'air.

 

Ils n'ont que des dresseurs de fauves, des trapézistes, des acrobates, des contorsionnistes, des éléphants du Bengale, des cracheurs de feu et des lanceurs de couteaux. Le numéro que vous avez demandé n'est plus en service actuellement.

 

 

N'est-ce pas un de ses cheveux sur la dune ?

 

05/01/2011

Où est le Tarama?

  

Sur la plage blanche (oui, l'histoire se passe en Mer Baltique), il y a des Suédoises qui pique-niquent. 

 

 
La neige recouvre le rivage et Romain Gary les observe, les doigts de pieds en éventail, en mangeant du concombre salé. Mais qui voit-il ?

 

Elle a les cheveux courts, un tee-shirt à l'effigie d'un journal. Elle se promène sur la plage, en criant " New York Herald Tribune ! New York Herald Tribune !" Ne serait-ce pas... non ce n'est pas elle !

 

Déçu.

  

D'un coup, il apprécie beaucoup moins son concombre salé. Elle est passée si vite. 

 

 Il a appris des rudiments de suédois, avec sa mère, à Nice, alors il perçoit quelques mots de la conversation. On parle du Lac Vanern, de la légende de Gosta Berling, de pasteurs et de messes de minuit.

 

 

À Stockholm, des patineurs se dandinent -les Suédois étaient déjà très sportifs à l'époque. Romain a toujours du mal avec le patin. Ce n'est pas un sport de résistant, ni d'ambassadeur. Alors il mange encore du concombre salé. Et s'imagine sur une plage à Ramatuelle, avec sa mère qui l'entraîne dans ses pérégrinations, pour distribuer des bijoux. Si, si, elle a été bijoutière ! Ramatuelle à l'époque n'accueillait que quelques Russes, qui délaissaient le Négresco. (Si, si, sa mère a travaillé au Négresco !)

 

Il ouvre les yeux et revient à lui devant un étale de gâteau à la carotte.

 

 

 

Non, ce n'est pas elle.  Elle est passée si vite.

03/01/2011

Des Hommes et des Dieux

C'est plus cher que la messe.

21/12/2010

Diamond is a girl, and girls are boy's best friends.

L’auteur a déjà évoqué la Prohibition, l’histoire du chewing-gum,  et d’autres américaneries mais n’oublions pas la robe légère qui flotte dans le sillage du rêve américain.

 

 

Une goutte de Chanel n°5

 

 

La publicité que même dans ses grands moments d’optimisme Coco n’eût pu espérer. Le seul habit de Marilyn sur son lit de soie rouge. Depuis il faut supporter Vanessa Paradis dans une cage, Audrey Tautou dans un train et Nicole Kidman dans des images de synthèse.

 


Truman Capote

 

 

écrit mal et démolit en trois pages le mythe de la belle blonde incendiaire, ha s’il avait pu prendre du Tranxen lui aussi, mais il a un joli nom de bagnole.

 


Une bouche de métro

 

 

De trop et hop des photos, des photos des photos. L’autre image mythique c’est deux travestis au bras de Poupoupidou Pou ! Ciel! Si j’étais Tony Curtis pour me glisser dans ce train entier de violonistes ivres mortes. Allez Marilyn, présente-nous tes copines.

 

 

L’Amérique de Kennedy

 

 

C’est :

 

 

- la « Baie des cochons : Fidel Castro aimerait fumer ses cigares tranquille ;  

- la lutte pour les droits civiques : Martin Luther King et Kennedy se serrent la main :

- l’envoi d’un homme sur la lune et l’envoi de la lune sur un homme :

 

 

« Happy Birthday Mister Président ! »

 

 

Mon poulet a brûlé !

 

 

« Elle n’aura jamais su à quel point, je ne l’ai pas détestée » déclara l’épouse d’Yves Montant après la mort de Marilyn.

Le jour où une photographe de l’Agence Magnum se glisse chez Simone Signoret pour assister à un repas qui réunit son mari, Marilyn, et la maitresse de maison,  elle ne se doute pas qu’elle invente la presse people. Simone Signoret est au fourneau et plus Marilyn est exubérante, plus  l’actrice se ferme et devient ulcérée par la jalousie. Au fil des clichés la tension dramatique ne cesse de monter. Un huit-clos  transparent. La photographe est une petite souris qui assiste à la Guerre de Troie.

 

 

Even cowgirls get the blues.

 


Marilyn  diablement mélancolique, sous l’œil d’Eve Arnold durant le tournage des Misfits  Elle est triste mais  mais nul ne sait percer le secret des collines d’Hollywood.

« Toi qui connais la fin du film, dis Marilyn, est-ce un baiser ? »

Pas toujours le beau rôle.

Sinon Marilyn a été l"assistance idiote d'un savant fou, et a tenté d'épouser un milliardaire avec des grosses lunettes à double foyer.

20/12/2010

Peur de l'autre et cérémonie foldingue

Où l’auteur abandonne les sujets souriants pour explorer la face sombre de l’Amérique.
 
Intervilles

Le Ku Klux Klan se conforme à un rituel qui ressemble à la burqa, où à la course en sac, mais avec le sac sur la tête, ce qui permet de courir plus vite. Les chevaux ont également une cagoule pointue sur le crâne ce qui prouve que la folie de Caligula qui nomma le sien consul a encore de beaux jours devant elle

Ces accoutrements en tissus, ou en papier crépon -dans les films de Costa Gavras- avaient pour but de faire croire aux noirs du Sud que les membres du Klan étaient les fantômes de soldats confédérés, morts pendant la guerre de Sécession, ce qui est nettement plus inquiétant que le rat de Ratatouille dont on ne voit pas les yeux avec sa toque.

Dans la solitude des champs de colza

Le Ku Klux Klan naît à la fin de la guerre, en 1861 pour exprimer la frustration de devoir récolter le coton tout seuls, avec la paresseuse Mam Scarlet et sans Ya Bon Uncle Benz.
Les atrocités répétées des membres du KKK, abréviation officielle, rappellent la violence impassible des personnages de Faulkner mais pour de vrai. Heureusement qu'ils brûlent des croix, seul trait de caractère sympathique, et qu’ils jouent avec délectation les méchants dans les films.
 
Klan correspond à « Clan » et renvoie aux origines écossaises des premiers membres du mouvement. A trop boire du whisky à la tourbe, c’est bien connu, on met le feu au champ de maïs. A ce propos, le Pompier Sam me parlait récemment des dangers du composte qui n’est pas remué, car le composte peut s’enflammer. Mettant en danger la biodiversité. Toute analogie avec les membres du KKK est fortuite.
 
Les bois-sans-soif préfèreront le Clan Campbell.
 
Soucieux de mise en scène, les racistes mettent le feu aux champs la nuit, permettant de très belles prises de vue avec les appareils numériques équipés d’un stabilisateur d’image. Je rappelle à certains lecteurs qui confondraient avec les Amish que les membres ne construisent pas leur maison tout seuls. Et prendre un bain moussant avec l’un d’entre eux n’a rien d’excitant.
 
La ségrégation raciale s’impose mais le premier Ku Klux Klan disparaît.
 
Un peu plus tard, certains états repassent aux mains des Sudistes, certains états nordistes se mettent à pratiquer la ségrégation, horrifiés par les noirs du Sud qui viennent s’installer en ville. On est loin du « Touche pas à mon melting pot », mais en 1870, le KKK est officiellement dissous. C’est la fin d’un beau rêve blanc, rêve dans lequel Vivian Leigh se promène à dos d’éléphant dans les plantations tandis que les noirs s’occupent dans les champs de coton, à la cueillette, ou deviennent vigiles dans les fabriques de vêtements.
Heureusement que la société a bien évolué depuis.
 
Les irlandais mangent notre pain
 
L’adaptation du livre The Clansman, « l’homme du clan », en 1915 par William Griffith dans le film Naissance d’une nation redonne au mouvement une seconde vie. Le film ne plaît pas qu’aux Cahiers du cinéma. Le nouveau KKK est officiellement créé, il élargit son rejet idéologique de l’immigration aux européens, ce qui lui donne une plus grande assise populaire. Il est parfaitement légal, un peu comme l’UMP.
 
Le président Wilson en fin politique le soutient discrètement. Une voix, c’est une voix.
 
Au milieu des années 20, le KKK compte 20 millions d’adhérents. Mais il ne faut pas s’affoler, aux Etats-Unis tout est gros. Cependant certains états s’inquiètent de pratiques peu orthodoxes, comme le lynchage aux branches des arbres. Par ailleurs, le Klan, avec son sens inné du spectacle, préfère le goudron et les plumes à la lapidation. En 1928, le KKK est définitivement interdit.
 
La caverne d’Ali Baba
 
Depuis, une myriade d’organisations se réclament du KKK, et achètent des croix gammées sur Ebay. Ha ! Nostalgie quand tu nous tiens…
 
Heureusement Tom Sawyer et Huckleberry Finn n’ont jamais brûlé Joe l’Indien, ni démantelé son campement. Ils chassent l’ours et mangent des grillades à la belle étoile. On n’a pas besoin de les surveiller.